Les Kings de Los Angeles n'ont pas été très patients envers leur entraîneur John Stevens.

Déjà, la visite impromptue du président Luc Robitaille lors d'un match au Minnesota, il y a une dizaine de jours, laissait entrevoir de mauvaises nouvelles pour Stevens. 

Les Kings avaient pourtant remporté deux de leurs trois derniers matchs malgré la perte de leur gardien numéro un Jonathan Quick pour le reste de la saison, ou presque, mais la décision était déjà prise, de toute évidence.

L'an dernier, pourtant, aucun entraîneur n'a perdu son emploi en cours de saison. Ça ne s'était pas vu dans l'ère moderne du hockey, depuis, en fait, le premier élargissement des cadres en 1967.

Cette fois, un premier coach est congédié à seulement cinq semaines du début de saison. Les Kings occupent le dernier rang au classement général avec une fiche de 4-8-1.

Pour plusieurs, ce début de saison catastrophique des Kings n'a rien de surprenant. En séries éliminatoires, le printemps dernier, Los Angeles a été déclassé par les Golden Knights de Vegas.

Ils ont perdu en quatre matchs et marqué trois buts au total. Vegas a remporté toutes ses rencontres par un seul but, mais les prouesses du gardien Jonathan Quick ont faussé la donne.

La défense des Kings, privée de Jake Muzzin, n'a pas été capable de suivre le rythme endiablé de Vegas. Les Golden Knights ont obtenu 62% des chances de marquer dans cette série, contre seulement 38% pour Los Angeles.

À chaque minute passée en territoire adverse, Vegas forçait Quick à effectuer en moyenne 2,8 arrêts difficiles, contre 1,9 pour Marc-André Fleury en pareilles circonstances.

Malgré tout, la direction n'a pas jugé nécessaire d'effectuer des changements importants cet été. La même défense composée de Drew Doughty, Derek Forbort, Alec Martinez, Jake Muzzin, Dion Phaneuf, Oscar Fatenberg et Paul LaDue a été réinvitée à entamer la saison.

Le DG Rob Blake a préféré croire que la contre-performance de son équipe en séries éliminatoires avait constitué une anomalie. Les Kings, après tout, ont terminé au premier rang de la LNH l'an dernier pour les buts accordés (2,46). 

Blake s'est contenté d'embaucher Ilya Kovalchuk pour revamper son attaque. La chimie ne s'est jamais établie avec Anze Kopitar, dont le début de saison inquiète (6 points en 12 matchs).

Or, depuis le début de la saison, Los Angeles a accordé 3,46 buts par rencontre, soit un de plus en moyenne par match. Les Kings en ont marqué seulement 2,15. En 13 matchs, ils ont accordé 17 buts de plus qu'ils en ont comptés, le pire écart dans la Ligue.

Le nouvel entraîneur de l'équipe, du moins sur une base intérimaire, rejette la notion selon laquelle les Kings sont trop lents pour la Ligue nationale d'aujourd'hui.

«Tu n'as pas nécessairement besoin d'être un patineur rapide, a-t-il déclaré dans une entrevue à The Athletic. La vitesse à laquelle ton cerveau procède est aussi importante que la vitesse de tes pieds. Nous comptons plusieurs joueurs qui réagissent rapidement. Et qui savent comment gagner. Ils se sont peut-être un peu trop fiés sur leur talent, ils s'en tiraient toujours par le passé, mais ils sont à court de solutions actuellement.» 

Les résultats des prochaines semaines nous confirmeront si l'évaluation de Willie Desjardins tient la route. Contre le Canadien, le 11 octobre au Centre Bell, les Kings ont remporté une victoire convaincante de 3-0 en disputant un match impeccable au plan de l'exécution et du positionnement. Tout s'est écroulé lors de la rencontre suivante contre les Sénateurs d'Ottawa, dans une défaite de 5-1.

Willie Desjardins, l'entraîneur de l'équipe canadienne aux Jeux olympiques de PyeongChang, a bonne réputation dans le milieu. Il a connu beaucoup de succès au niveau junior avec les Tigers de Medecine Hat au début des années 2000, et aussi avec les Stars du Texas, dans la Ligue américaine, où il a remporté la Coupe Calder en 2014. Il a aussi atteint la finale au Championnat mondial junior de 2010, perdue 6-5 en prolongation aux mains des États-Unis.   

Le nouveau coach des Kings a cependant pris une mauvaise décision au plan professionnel en 2014. Il a fait faux bond aux Penguins de Pittsburgh au dernier moment pour accepter une offre des Canucks de Vancouver. Pris au dépourvu, le DG Jim Rutherford s'est rabattu sur Mike Johnson. Celui-ci n'a pas duré deux ans, remplacé par Mike Sullivan.

Quand Sullivan a soulevé sa deuxième Coupe Stanley consécutive, en 2017, Desjardins venait d'être congédié, quelques semaines plus tôt, après avoir raté les séries deux printemps de suite avec un club en reconstruction.

Il a un joli défi devant lui, avec quelques joueurs de premier plan, certes, mais une équipe vieillissante.

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À lire: Noah Juulsen et Mathew Barzal, qui s'affrontent ce soir avec leurs clubs respectifs, se connaissent depuis longtemps. Ils ont même joué pour la même équipe à l'âge de dix ans au fameux tournoi Brick à Edmonton. Guillaume Lefrançois nous rappelle leur parcours dans l'un des textes les plus intéressants qu'il m'a été donné de lire dans les dernières semaines!