Réglons une chose sur le champ: Tomas Tatar n'amassera pas 115 points ni ne marquera 49 buts cette saison.

Son sommet en carrière se situe à 56 points, dont 29 buts, en 2014-2015 alors qu'il jouait avec Pavel Datsyuk à Detroit.

Mais personne ne s'attendait à ce qu'il obtienne sept points, dont trois buts, à ses cinq premiers matchs avec le Canadien.

D'autant plus qu'il n'a pas l'habitude de commencer ses saisons en force. Lors de sa saison de 29 buts, il avait obtenu seulement deux points en dix matchs en octobre. Deux ans plus tard, à sa deuxième saison de 25 buts ou plus en carrière, il affichait aussi deux points seulement en dix matchs en octobre.

Chaque but marqué par Tatar, chaque point amassé, constitue un boni. Marc Bergevin l'a annoncé lui-même lors de l'échange, les pièces maîtresses de la transaction de Max Pacioretty demeuraient le jeune Nick Suzuki, 19 ans, et le choix de deuxième ronde.    

Le CH n'a sûrement pas eu à insister pour obtenir Tatar. Cet attaquant de 27 ans a constitué une amère déception après avoir été obtenu pour des choix de première (2018), deuxième (2019) et troisième (2021) rondes en février. Après avoir obtenu seulement six points en vingt matchs en fin de saison, Tatar a été rayé de la formation lors de 12 des 20 rencontres de séries. Et quand il a joué, c'était à peine plus de dix minutes.

Normalement, une organisation fait tout en son pouvoir pour larguer un joueur improductif au salaire annuel de 5,3 millions dont l'entraîneur ne veut plus.

Si l'on se fie à la logique, les Golden Knights ont probablement consenti à se départir de Suzuki à condition que le Canadien accepte Tatar dans la transaction. D'ailleurs Vegas a accepté de verser 500 000 $ par saison pour trois ans afin de diminuer le fardeau salarial du CH, tandis que Marc Bergevin a bien voulu verser 450 000 $ pour un an seulement au contrat de Pacioretty.

Selon les premiers indices, Tatar s'est retrouvé dans un environnement favorable pour lui. Il semble galvanisé par le marché fébrile de Montréal. La chimie s'est vite installée au sein de son trio. Le jeu méthodique de Philip Danault et le travail acharné de Brendan Gallagher lui permettent d'obtenir une stabilité et une structure et l'aident à s'exprimer davantage.

Tatar n'est pas un joueur parfait. Comme tout buteur, il vivra des disettes de sept, huit matchs sans marquer. Il faudra vivre aussi avec ses erreurs en défense. Hier, par exemple, les Red Wings ont failli ouvrir la marque dès les premiers instants du match contre son trio. Deux fois, Tatar a quitté son territoire trop tôt alors que l'équipe peinait à quitter sa zone avec la rondelle.

Mais Detroit n'a pas marqué et le vent a tourné. Tatar a connu sa deuxième soirée consécutive de trois points.

Pendant ce temps, à Vegas, Max Pacioretty cherche encore ses repères. Il a un but en six matchs et une fiche de -3. Il vient de perdre son nouveau joueur de centre Paul Stastny, blessé au genou, pour quelques mois.

Pacioretty doit apprivoiser un nouvel environnement, de nouveaux coéquipiers, et aussi faire fi de la pression. Son contrat en fera le joueur le mieux payé de l'organisation dès l'an prochain à sept millions (sur un pied d'égalité avec Marc-André Fleury).  On peut se demander comment réagissent ses coéquipiers, ceux-là même qui se sont battus pour permettre au club d'atteindre la finale sans lui l'an dernier.

Comme le rappelait hier le collègue Brian Wilde sur Twitter, si l'on tient compte des choix dépensés pour Tomas Tatar, envoyé à Montréal dans la transaction, Max Pacioretty aura coûté au DG George McPhee le choix de première ronde Nick Suzuki, un choix de deuxième ronde, des choix de première, deuxième et troisième ronde. C'est beaucoup pour un joueur de bientôt 30 ans limité à 17 buts l'an dernier.

Les succès rapides des Golden Knights ont changé la donne. Ils sont vite devenus gourmands. Offrir autant de choix au repêchage pour Tatar avait déjà de quoi surprendre, avant même la déconfiture de cet attaquant slovaque dans la ville du péché.

Accorder cet été un contrat de trois ans pour 19,5 millions à Paul Stastny, un attaquant de 32 ans souvent blessé, comportait aussi un certain risque. Et ensuite Pacioretty pour l'un de ses meilleurs espoirs et un autre choix de deuxième ronde.

Vegas a maintenant le club le plus vieux de la LNH après le Wild du Minnesota. Il était 11e parmi les plus jeunes l'an passé.

Il reste encore beaucoup de matchs. Les choses pourraient changer dans les prochains mois. À suivre.