Jesperi Kotkaniemi deviendra-t-il le prochain gros joueur de centre du Canadien?

Le jeune finlandais a confié aux journalistes ce weekend avoir eu un souper avec les dirigeants de trois équipes, dont le Canadien, détenteur du troisième rang de sélection au repêchage (Les Red Wings et les Oilers constituent les deux autres clubs).

Quelques jours plus tôt, le DG Marc Bergevin dévoilait en partie ses couleurs: il n'allait pas repêcher un joueur pour combler des besoins l'an prochain, mais le joueur au meilleur potentiel à long terme.

Or, Kotkaniemi répond à ce critère. Il est l'un des plus jeunes joueurs de sa cuvée. À titre comparatif, Filip Zadina, l'un des espoirs les mieux cotés, a huit mois et demi de plus que lui. Le défenseur Quinn Hughes a presque dix mois de plus.

Le responsable du recrutement amateur chez le Canadien, Trevor Timmins, accorde beaucoup d'importance à la date de naissance. Il l'a souvent répété lors de conversations à bâtons rompues au fil des années. Ryan McDonagh et Mikhail Sergachev, par exemple, sont nés lors de mois d'été. Ils étaient en conséquence parmi les plus jeunes joueurs disponibles de leur groupe.

Max Pacioretty, par contre, est né en novembre. Il aurait été éligible pour le repêchage de 2006 s'il était né trois mois plus tôt. Le CH l'a néanmoins repêché et n'a pas regretté sa décision.

Il faut aussi éviter d'en faire une maladie. À ce compte, les Maple Leafs de Toronto n'auraient jamais repêché Auston Matthews au premier rang en 2016. Matthews était l'un, sinon le plus vieux joueur de sa cuvée, puisqu'il était à deux jours d'être éligible pour le repêchage de 2015. En 2014, Leon Draisaitl était également l'un des plus vieux de sa cuvée.

Le Canadien a toujours affirmé qu'il allait repêcher le meilleur joueur disponible, peu importe sa position. Il ferait d'une pierre deux coups s'il tient Kotkaniemi en haute estime.

Même s'il a joué à l'aile au sein de son équipe de la Ligue d'élite de Finlande l'hiver dernier, Kotkaniemi joue au centre depuis sa tendre enfance. À 6 pieds 2 pouces, il possède le physique de l'emploi. Le jeune homme n'était pas aussi bien coté en début de saison, il n'a même pas été choisi pour participer au Championnat mondial junior malgré une formation finlandaise dégarnie, mais il a impressionné au Championnat mondial des moins de 18 ans ce printemps avec neuf points en sept matchs. Il a aussi obtenu 29 points en 57 matchs avec Assat dans la Ligue d'élite finlandaise. Une production impressionnante pour un garçon de 17 ans. 

En 2013, Aleksander Barkov avait 17 ans seulement lorsque les Panthers de la Floride l'ont repêché au deuxième rang derrière Nathan MacKinnon. Les Panthers avaient surpris bien des observateurs puisque Seth Jones, ou même Jonathan Drouin, semblaient mieux cotés que lui. Mais Barkov présentait alors des statistiques supérieures à celle de Kotkaniemi au même âge et semblait destiné à être choisi parmi le top cinq, contrairement à Kotkaniemi, classé autour du 15e rang par certains.

En 2005, Benoit Pouliot était considéré comme le deuxième espoir derrière Sidney Crosby. On le comparait à Vincent Lecavalier. Gilbert Brule était troisième, Bobby Ryan quatrième... devant un certain Anze Kopitar. Celui-ci a finalement été repêché au 11e rang par les Kings. Si le repêchage était à refaire, Kopitar serait probablement repêché deuxième ou troisième. Les Hurricanes (Jack Johnson), le Wild (Benoit Pouliot), les Blue Jackets (Gilbert Brule), les Blackhawks (Jack Skille), les Sharks (Devin Setoguchi) et les Sénateurs (Brian Lee) s'en mordent toujours les doigts aujourd'hui.

Comme Kotkaniemi, Kopitar était l'un des plus jeunes de sa cuvée, étant né en août. Il jouait au sein de l'équipe junior de la Suède. Il a eu droit à cinq petits matchs en saison régulière avec le grand club à Sodertalje. Il avait cartonné au Championnat mondial junior, mais la Slovénie évoluait en deuxième division contre des pays comme la Lettonie, la Pologne, la Norvège, le Kazakhstan, la France, le Danemark, l'Estonie, l'Autriche et l'Italie.

«Parfois, une équipe repêche un certain joueur très tôt et les gens parlent d'une surprise puis, quelques années plus tard, on réalise qu'il s'agissait d'un très bon choix», a déclaré Marc Bergevin la semaine dernière à NHL.com.

Nous saurons dans quelques semaines s'il s'agissait d'un écran de fumée ou si le DG du Canadien préparait ses fans à un choix surprenant comme celui de Jesperi Kotkaniemi.

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Ă€ propos d'Anze Kopitar

Le Canadien avait des yeux sur Anze Kopitar en 2005. Il lui a préféré Carey Price, mais il avait néanmoins fait ses devoirs dans le dossier du joueur Slovène.

«Je me rappelle avoir conduit huit heures entre Prague et la Slovénie il y a plusieurs années avec Antonin Routa pour voir un match entre la France et la Slovénie auquel participait Anze Kopitar, m'avait raconté Trevor Timmins lors d'une interview en 2008. Quand nous sommes arrivés à l'aréna, il y avait un seul autre recruteur de la LNH, celui de Washington.»

Heureusement pour les clubs de la LNH, Kopitar jouait aussi en Suède, donc il n'a pas échappé aux radars. Il a finalement été repêché au 11e rang par les Kings de Los Angeles en 2005. Les Capitals, qui avaient envoyé un homme jusqu'en Slovénie, repêchaient 14e. Ils ont dû espérer pendant un bon moment le jour du repêchage. Ils ont finalement jeté leur dévolu sur le défenseur montréalais Sasha Grenier-Pokulok.

«Il n'était pas très loin de Carey Price sur nos listes, sauf je ne dirai pas où exactement, mentionne Timmins au sujet de Kopitar. Mais nous l'aimions beaucoup.»

Photo Kelvin Kuo, USA Today Sports

Anze Kopitar