Voici la dernière tranche de ma série d'articles sur la vie après le hockey. Discussion intéressante avec le docteur en psychologie sportive Pierre Beauchamp, qui oeuvre auprès de l'Association olympique canadienne et de hockeyeurs.

L'espace m'a manqué pour publier lundi dans le journal un texte mettant en lumière la nouvelle vie de Stéphane Quintal et Éric Desjardins, deux exemples de réussite après le hockey, grâce entre autres à une belle planification financière et parce qu'ils ont su placer leurs pions avant de prendre leur retraite.

MATHIAS BRUNET

Stéphane Quintal l'avoue sans détour : il n'aurait plus à travailler pour le reste de ses jours et il serait à l'aise financièrement. À condition évidemment de ne pas faire de folies.

Quintal, même s'il n'était pas une grande vedette offensive, avait un rôles important au sein de ses équipes et il a signé quelques contrats intéressants, dont un de quatre ans avec les Rangers de New York pour 12 millions de dollars américains. Et il a eu la sagesse de bien investir ses sous.

La même chose pourrait être dite d'Éric Desjardins. Il était le capitaine des Flyers et un joueur de premier plan et a touché des salaires encore plus imposants. En fin de carrière, il touchait quatre millions par année.

Même s'ils sont tous les deux très à l'aise financièrement, les deux ont abordé leur après-carrière différemment : Quintal s'est lancé à corps perdu dans le travail tandis que Desjardins a décidé de profiter de son nouvel emploi du temps pour réaliser des projets qu'il ne pouvait se permettre de faire pendant qu'il jouait.

« Malgré le fait que certains joueurs n'ont plus à travailler, humainement, tu as besoin de te lever chaque matin et de travailler, d'avoir des objectifs, dit Quintal, qui détient trois centres de conditionnement physique et organise une classique de golf à chaque été. Tu ne peux pas jouer au golf à compter de 40 ans jusqu'à la fin de tes jours. Il y a aussi l'exemple qu'on donne à nos enfants. Si tu n'as rien à faire le matin, que tu n'as pas d'objectif, quel message leur envoies-tu? »

Éric Desjardins dit avoir ralenti ses activités récemment. « J'ai essayé plein de choses depuis ma retraite il y a quatre ans. Je sais mieux ce que je veux et ce que je ne veux pas. Je suis parmi les privilégiés financièrement. Je ne suis peut-être pas prêt à m'embarquer dans quelque chose qui demande une implication au quotidien. Je ne veux pas avoir de comptes à rendre. J'ai longtemps eu le besoin d'être associé à des projets mais en ce moment, je réalise qu'il y a plein de choses que je n'ai pas eu l'occasion de faire à cause du hockey et maintenant, je peux le faire sans me sentir coupable. Comme aller à la chasse par exemple. Je viens de l'Abitibi et je connais la chasse grâce à mon frère et à mon père et la dernière fois où je suis allé à la chasse, c'était à 11 ans. Je ne pouvais pas y aller parce que je jouais au hockey. J'ai joué au hockey et je me suis entraîné pendant vingt ans sans rien faire d'autre. Il me semble que je le mérite. »

« Sans cette aisance financière, ça serait sans doute plus difficile, et je serais plus motivé à me trouver quelque chose d'intéressant au quotidien, poursuit Desjardins. Mais en ce moment, je n'en ressens pas le besoin. J'ai plein de petits projets, je vais être impliqué avec Hockey Québec. J'ai quelques entreprises et j'essaie d'être au courant de ce qui s'y passe. J'ai un très bon partenaire dans l'immobilier à Saint-Sauveur, et nous possédons aussi Subway et un bar lounge dans cette région. Il y a aussi le (Spa) Scandinave. Sans oublier l'école de hockey à Blainville qui me tient occupé. Ce sont des petites choses qui me tiennent actif.

Des fois, j'ai tendance à me sentir coupable mais n'importe qui dans ma situation ferait pareil j'ai l'impression. La plupart des gens qui vont se trouver une job le font pour les avantages financiers que ça peut procurer. J'ai la chance d'être là pour les enfants, je suis souvent avec ma femme. Plein de gens me demandent pourquoi je ne fais pas la tournée des Légendes et du Canadien. Mais les matchs ont lieu le weekend et les fins de semaine, c'est familial. Mon fils joue au hockey la fin de semaine, on a des moments privilégiés ensemble. J'essaie de me déculpabiliser avec ça (rires)! »