«Vous savez, en France, on a des qualités, mais on a aussi des défauts: c'est parfois de ne pas croire en soi.»

Ainsi s'exprimait Lionel Horter, directeur de l'équipe de France, lorsque je lui ai demandé d'expliquer l'impressionnant revirement de la natation française depuis 15 ans. Après le zéro d'Atlanta, les Français ont quitté Londres avec une récolte record de sept médailles, dont quatre d'or, merci à Yannick Agnel.

Horter a parlé des «déclics» provoqués par la championne mondiale Roxana Maracineanu et les champions olympiques Laure Manaudou et Alain Bernard. Malgré l'argent de Ryan Cochrane au 1500 m libre - l'une des prestations les plus courageuses d'un nageur canadien dans l'histoire des JO - et le bronze de Brent Hayden au 100 m libre, ce «déclic» ne semble pas s'être produit au Canada.

À Londres, trop souvent a-t-on entendu les nageurs canadiens se satisfaire (ou se consoler) d'un satané deuxième-meilleur-à-temps-à-vie-le-matin. À l'évidence, ce n'est pas suffisant: le Canada n'a été représenté que dans sept finales sur 32, soit la moitié de la cible visée. À trois reprises, des nageurs à la feuille d'érable ont abouti au neuvième rang.

«On est tellement près... et tellement loin», a constaté Pierre Lafontaine, hier après-midi, au milieu d'une longue discussion sur le bilan de son équipe à Londres.

Son évaluation? «Satisfait», a répondu le directeur général de Natation Canada sans la moindre hésitation. «L'équipe s'est tenue comme jamais à travers les hauts et les bas. On oublie souvent de regarder ce qu'on a réussi plutôt que ce qu'on n'a pas.»

Pour améliorer son sort à Rio, l'équipe canadienne devra améliorer sa profondeur. À l'aube d'une réorganisation de son organisation, ce sera le défi de Lafontaine, qui cédera son titre d'entraîneur national pour se consacrer à des tâches administratives et organisationnelles.

Après l'échec d'Atlanta, la France a radicalement resserré les minima pour être en équipe nationale. Ça a fait grincer des dents, mais les résultats sont probants. Dans une moindre mesure, Lafontaine estime que c'est «la prochaine étape» au Canada: «Il faut commencer à faire des demandes de performance à un plus haut niveau.»

Et surtout à croire en soi.