Un record particulier a été battu aux Jeux de Londres. Et il ne fait pas que des heureux. McDonald's, un des principaux partenaires, a ouvert son plus grand restaurant au monde dans le parc olympique vendredi dernier.

«L'architecture est bien. Mais pour nous, ça s'arrête là.» Les enfants d'Andrew O'Driscoll n'ont jamais mis les pieds dans un McDonald's et la version plus élégante du parc olympique, rehaussée de lamelles de bois, n'allait rien y changer, hier.

«La chaîne est en partie responsable du problème d'obésité chez les jeunes», explique sa femme, Emily Keeler.

Toujours est-il que les quatre McDonald's du site olympique, dont un dans le village des athlètes, font des affaires d'or depuis l'ouverture des Jeux.

À l'intérieur du restaurant principal, d'une capacité de 1500 sièges, le personnel ultra souriant faisait la vague derrière le comptoir hier. Au second étage, des jeunes familles s'extasiaient devant la vue sur le parc olympique.

Un membre de la délégation olympique russe avalait la dernière bouchée de son Big Mac. «McDonald's n'est pas une organisation criminelle, tempère Pawel Lyakh, ministre des Sports régional de Perm. Les athlètes peuvent bien manger ce qu'ils veulent.»

D'autant plus que plusieurs d'entre eux, comme le Québécois Alexandre Despatie, sont associés à la chaîne de restauration rapide.

Et le message passe auprès des petits. «Usain Bolt aime les McCroquettes de poulet», claironne triomphalement Ben Marshall, 9 ans, devant ses parents amusés.

Partenariat obscène?

Or, des professionnels de la santé britannique ont vivement attaqué la venue de McDonald's aux Jeux de Londres. Un tiers des enfants britanniques souffrent d'embonpoint ou d'obésité, ont-ils fait valoir. Dans le quartier de Newham, qui accueille le parc olympique, l'incidence de diabète a doublé dans la dernière décennie.

«Dans ce contexte, je trouve obscène que les Olympiques s'associent avec la malbouffe», a déclaré Dr Aseem Malhotra, cardiologue à la Royal Free Hospital, dans un documentaire pour la BBC.

Le débat a fait rage jusqu'à la mairie de Londres, où une assemblée a voté en faveur de plus grandes restrictions sur les commandites d'événements sportifs. «C'est nous qui en payons les conséquences dans notre système de santé», explique en entrevue Jenny Jones, chef du parti Vert britannique.

Un discours qui tient du «snobisme bourgeois», selon le maire Boris Johnson.

De son côté le CIO souligne l'importante contribution financière de McDonald's depuis les débuts de leur alliance en 1976. Les onze principaux commanditaires représentent 40% des revenus du Comité, soit 960 millions de dollars canadiens.

Jacque Rogge a toutefois admis que le renouvellement de leur partenariat jusqu'en 2020 a été «une décision difficile».

«Nous leur avons demandé de faire quelques pour freiner le taux d'obésité», a expliqué le président du CIO au Financial Times. D'où l'addition récente d'options santé et de la valeur calorique dans le menu.

Pour Marco Iu, originaire de Hong Kong, c'était tant mieux si l'argent du CIO avait l'odeur d'un Big Mac. «Il en faut bien pour tenir les Jeux», dit l'homme de 30 ans après sa première visite du plus gros McDonald's au monde.