Vingt ans après avoir enflammé les Jeux olympiques de Barcelone, le mythe de la Dream Team du basket américain, la seule et unique, est plus vivant que jamais à l'approche des JO de Londres.

Depuis quelques semaines, les documentaires fleurissent aux quatre coins du globe pour raconter, une nouvelle fois, l'histoire de ces douze héros de bande dessinée partis conquérir Barcelone et la planète dans un festival de dunks.

Inévitablement, la saga s'accompagne en 2012 d'un débat, initié cette fois par Kobe Bryant, héritier de la Dream Team et capitaine de route du Team USA à Londres, qui a affirmé que l'équipe actuelle battrait celle de 1992.

La vieille garde, de Magic Johnson à Michael Jordan, est sortie comme un homme du bois pour bâcher l'impertinent, la palme de la déclaration assassine revenant à Larry Byrd qui a répondu: «Ils nous battraient probablement, oui. Je n'ai pas joué depuis 20 ans et nous sommes tous vieux maintenant.»

En vérité, il n'y a eu et il n'y aura qu'une vraie Dream Team, celle de 1992, car la frénésie extraordinaire qui a accompagné cette équipe et les retombées qui ont suivi son épopée ne peuvent plus jamais avoir d'équivalent.

«On n'avait jamais vu ça et on ne verra plus jamais ça», résume Magic Johnson qui a disputé ces JO quelques mois après avoir annoncé qu'il était porteur du virus du sida et qui a été la figure christique de cette constellation d'étoiles comprenant aussi Jordan, Bird, Barkley, Pippen, Drexler, Malone, Eving, Robinson, Stockton, Mullin et Laettner.

Née sur la frustration américaine d'avoir perdu l'or olympique en 1988 et la décision du CIO, un an plus tard, d'admettre les lévriers de la NBA aux Jeux, cette «Dream Team» a changé à tout jamais la face du basket.

Elle en a fait un sport mondial et unifié, suscitant des vocations sur toute la planète, à l'image de Tony Parker en France, Dirk Nowitzki en Allemagne ou Pau Gasol en Espagne. Et donné le coup d'envoi à l'internationalisation de la NBA, jusqu'à mettre en péril aujourd'hui la domination des États-Unis.

«Douze rock-stars»

En 1992, en revanche, il n'y a pas eu photo. Invincible, la Dream Team, pour laquelle les entraînements étaient plus durs que les matches, a survolé le tournoi en remportant ses huit rencontres avec un écart moyen de 44 points.

Ce qui frappe aujourd'hui, vingt ans après, c'est que les images n'ont pas pris une ride avec des actions tellement spectaculaires qu'elles feraient toujours le bonheur des Top 10 quotidiens de la NBA.

L'impact de cette équipe sur le public a été énorme. L'hôtel des Américains, protégé 24 heures sur 24 par des tireurs d'élite sur le toit, a été assiégé pendant toute la quinzaine par une foule en délire.

«On voyageait avec douze rock-stars», se plaisait à dire l'entraîneur Chuck Daly, décédé en 2009, qui a réussi à faire cohabiter tous ces grands fauves qui étaient, à la base, des «ennemis» selon les mots de Scottie Pippen.

À Barcelone, ça ressemblait même à une joyeuse colonie de vacances: jet-ski sur la Méditerranée, golf avec Jordan, sorties nocturnes avec Barkley et parties de cartes jusqu'au bout de la nuit ont rythmé la quinzaine catalane de ces extra-terrestres arrivés en famille et en chemise hawaïenne.

«Ils dégageaient une vraie mystique. Et en plus ils ont donné une belle image, ils savaient où ils étaient», expliquait, avant sa mort, Chuck Daly.

Suivis partout, les Américains l'étaient jusque sur le terrain où leurs adversaires, transformés en groupies, prenaient des photos et demandaient des autographes en plein match. Selon Magic Johnson, c'est simple: «cette équipe a touché les gens au-delà de tout ce qu'on pouvait imaginer.»