Nicolas Gill le sait trop bien. Les médailles olympiques se paient cher en judo, sport dans lequel le Canada est loin d'être une puissance.

Au moment d'arrêter la compétition, le double médaillé avait d'ailleurs lancé un avertissement à ceux qui se demandaient si demain, à Brossard ou à Rigaud, pouvait apparaître un «autre Nicolas Gill».

«Je l'espère, mais je ne pense pas qu'on devrait s'attendre à ce que quelqu'un obtienne deux médailles olympiques et trois médailles à des championnats du monde, avait-il lancé en 2004. Ça peut paraître prétentieux, mais ça n'est jamais arrivé avant moi, et les chances que ça se produise de nouveau sont minces.»

Aujourd'hui à la barre de l'équipe nationale, Nicolas Gill n'a pas changé de discours. À trois mois des Jeux olympiques, alors que le pays s'apprête à envoyer un contingent de sept judokas à Londres, l'entraîneur-chef national modère les attentes.

«C'est un sport tellement compétitif où il y a tellement d'impondérables: le tirage, la forme de l'athlète le jour donné, et tout se joue tellement vite, a expliqué Gill samedi. D'avoir sept athlètes va multiplier nos chances de gagner une médaille. Ça, c'est déjà une bonne nouvelle.»

Les championnats panaméricains qui avaient lieu en fin de semaine à Montréal ont enfin fixé Gill sur la composition de son équipe. Sasha Mehmedovic (66 kg) et Kelita Zupancic (70 kg) y ont tous deux assuré leur qualification olympique. Ils sont venus rejoindre cinq judokas qui avaient déjà la leur en poche: Sergio Pessoa (60 kg), Nicholas Tritton (73 kg), Antoine Valois-Fortier (81 kg), Alexandre Émond (90 kg) et Amy Cotton (78 kg).

La plus grande délégation en 15 ans

Avec sept judokas, la délégation canadienne partira pour Londres plus riche de deux athlètes par rapport à celle d'il y a quatre ans à Pékin. Elle sera même la plus importante depuis 1996.

Les qualifiés ont d'ailleurs démontré de belles choses en fin de semaine contre l'élite du continent. Alexandre Émond a survolé vendredi la première journée de compétition. Parvenu en finale, il a remporté l'or en défaisant le Cubain Ashley Gonzalez. Cuba fait partie des nations qui dominent la discipline, avec la France, la Corée du Sud et, bien sûr, le Japon.

Antoine Valois-Fortier, Sasha Mehmedovic et Sergio Pessoa ont tous remporté une médaille d'argent, alors que Kelita Zupancic et Amy Cotton ont reçu le bronze.

«Ça s'est très bien passé. Tous les athlètes qu'on attendait à Londres seront du voyage, s'est félicité Gill. C'était un tournoi important et on se devait de bien faire avant les Jeux, c'est réussi.»

Après Pékin, l'entraîneur s'était fixé comme objectif de rapporter une médaille de Londres. La dernière en date pour le Canada est celle d'argent remportée par Gill en 2000, à Sydney.

Le cycle olympique difficile du meilleur espoir, Sergio Pessoa, qui a subi deux blessures majeures, a bien sûr compromis cet objectif. Mais Gill l'assume et ne recule pas. «La fixation sur les médailles, ça ne me dérange pas, dit-il. J'ai toujours pensé comme ça en tant qu'athlète et je n'ai pas changé en tant qu'entraîneur.»

Les judokas canadiens vont maintenant partir en Russie pour un tournoi et un camp d'entraînement. Ils vont conclure leur préparation au centre national à Montréal au mois de juillet. Les sept athlètes qualifiés sont d'ailleurs tous issus de ce centre situé dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

«C'est un message qu'on est sur la bonne voie. Les sept s'entraînent à Montréal, avec nous, avec les entraîneurs nationaux, explique Gill. Si nos judokas venaient des quatre coins du pays, je pense qu'il faudrait se poser des questions. Là, les sept ont été formés dans un même cadre, avec une même philosophie. Ça ne ment pas.»