Entraîneur vidéo : Elliott Mondou (Shawinigan, Québec). Le nom saute aux yeux dans la liste du personnel de soutien qui accompagne l’équipe canadienne de hockey à Pékin. Mondou, jeune Québécois de 21 ans, n’a mis que six petites années à faire sa place parmi les meilleurs entraîneurs vidéo au pays.

En juillet dernier, Elliott Mondou a décroché son emploi de rêve : coordonnateur des opérations hockey et vidéo analytique pour Hockey Canada. Il a fait ses boîtes et quitté son Shawinigan natal pour déménager à Calgary, ville du Stampede, avec sa copine.

Mais attention : qui dit employé à temps plein chez Hockey Canada ne dit pas participation automatique à tous les évènements. Il faut mériter sa place. Et c’est ce que Mondou, du haut de ses 21 ans, a fait. Si bien que la fédération canadienne a fait de lui son homme de confiance à la vidéo pour le Championnat du monde junior et les Jeux olympiques.

Quand il a appris la nouvelle, avant les Fêtes, la LNH n’avait pas encore annulé la présence de ses joueurs aux Jeux. C’est donc dire que les dirigeants de Hockey Canada auraient pu opter pour un entraîneur vidéo du circuit Bettman. Mais non. C’est sur le jeune Québécois qu’ils ont arrêté leur choix.

« Honnêtement, je ne m’y attendais pas du tout », lance Mondou, joint au téléphone par La Presse le 21 janvier, à la veille du départ de l’équipe nationale pour l’Europe, où elle tenait un camp d’entraînement avant de s’envoler vers Pékin.

« Ils m’ont dit : on te fait confiance pour ça, relate-t-il. J’ai fait toute la préparation, travaillé avec les entraîneurs, qui ont été exceptionnels. C’était agréable. »

Mondou a beau être jeune, il n’est pas pour autant inexpérimenté. Bien au contraire.

Cette aventure a commencé pendant la saison 2015-2016 de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), quand l’entraîneur vidéo des Cataractes de Shawinigan a dû s’absenter quelques semaines. Mondou est venu en relève.

La saison suivante, le poste s’est libéré et le jeune homme a sauté sur l’occasion. Il a du même coup décidé d’accrocher ses patins, lui qui évoluait auparavant en sport-études avec les Estacades de Trois-Rivières.

Son père, Martin Mondou, est le directeur général de la formation shawiniganaise depuis 2007.

PHOTO STÉPHANE LESSARD, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Martin Mondou, directeur général des Cataractes de Shawinigan

Quand fiston a décidé d’arrêter le hockey pour œuvrer avec les Cataractes, le paternel n’est pas tombé en bas de sa chaise. Il savait qu’Elliott n’avait pas vraiment de chances d’atteindre les rangs juniors en tant que joueur, mais qu’il était « extrêmement intelligent dans sa game ».

« Pour lui, [être entraîneur vidéo], c’était comme une manière de dire : ‟Je vais faire mon chemin”, mais avec sa tête de hockey, sa compréhension du jeu, dit Martin Mondou. Il était extrêmement doué en dehors de la glace, ç’en était frustrant, parfois ! Il n’avait jamais besoin d’étudier beaucoup, c’était très naturel pour lui. Tout ça mis ensemble… Il est devenu un atout pour notre équipe. »

Le processus

Elliott Mondou a travaillé pour les Cataractes pendant cinq ans, tout en continuant l’école. Il avait donc le même genre d’horaire que les joueurs. « Je faisais les pratiques, j’allais à l’aréna tous les jours », relate-t-il.

Concrètement, son rôle d’entraîneur vidéo est de décortiquer les systèmes de jeu de son équipe et des autres formations afin de « donner tous les outils possibles » aux entraîneurs et de présenter des séquences aux joueurs.

Mondou est passionné, ça s’entend quand il parle de son métier. Il faut dire qu’il a été élevé dans le hockey. À peine avait-il commencé l’école primaire qu’il suivait déjà son père dans les arénas.

Au fil des années avec les Cataractes, son travail a été reconnu. En 2018, il a été engagé par le Titan d’Acadie-Bathurst pour le tournoi de la Coupe Memorial, que l’équipe a remporté. Il a aussi pris part à des évènements internationaux.

« Ce qui m’a amené à Hockey Canada, ce ne sont pas juste les Cataractes, affirme-t-il. J’ai fait des tournois avec Hockey Canada, c’est là que j’ai bâti ma réputation, si on veut. »

C’est vraiment un sport d’opportunités, le hockey. Il faut tout le temps que tu trouves des opportunités. Mais j’en ai toujours eu des bonnes et j’ai toujours travaillé pour. J’ai gravi les échelons.

Elliott Mondou

Le voilà maintenant dans son emploi de rêve, et résidant de Calgary. « C’est différent de Shawinigan ! C’est plus gros pas mal ! », lance-t-il en riant.

En décembre, il était à Edmonton pour le Championnat du monde junior qui, aussitôt commencé, a été annulé. « C’était vraiment le fun, évoque-t-il. Ce sont les meilleurs coachs, les meilleurs joueurs. De travailler avec ces personnes-là, c’est exceptionnel. »

Le Shawiniganais a également consacré les derniers mois à la préparation des Jeux olympiques. Il a notamment voyagé à Tampa Bay pour rencontrer Jon Cooper, qui devait initialement être l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne. C’est finalement avec Jeremy Colliton qu’il travaillera, en raison de la blessure survenue à celui qui devait remplacer Cooper au départ, Claude Julien.

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Quand on lui demande ce qui le différencie des autres entraîneurs vidéo, Mondou évoque son éthique de travail.

« Je pense que je fais mon possible pour développer de nouvelles choses intéressantes pour les joueurs et les entraîneurs. C’est ce combo de travail et d’innovation que les gens apprécient. On va voir où ça va me mener. »

Pour l’instant, ça le mène aux Jeux olympiques. Pas mal, quand même.

Quand le tournoi s’amorcera, il y aura, quelque part à Shawinigan, un papa fier, bien installé devant son téléviseur.

« J’ai hâte de regarder les matchs en sachant qu’Elliott va avoir un certain rôle là-dedans », laisse entendre Martin Mondou.