Les Oilers d'Edmonton sont comme cette grande église à Barcelone, la « Sagrada Familia », qui sera un chef d'oeuvre consacré si on arrive un jour à la finir.

Ils sont en construction perpétuelle eux aussi et seront une splendeur s'ils finissent un jour par aboutir.

Au fil des ans, les plans et devis ont changé, les noms des joueurs aussi, mais on ne cesse d'entendre parler de la «prochaine génération d'Oilers» chargée de ramener en Alberta les succès d'antan.

Cette année, les Oilers ont trois raisons valables d'entrevoir l'avenir avec optimisme: Taylor Hall, Jordan Eberle et Magnus Paajarvi-Svensson.

Ce sont les trois plus récents premiers choix de l'équipe. Partout où ils vont, ce sont eux qui font les manchettes.

«L'équipe se fie à nous pour qu'on produise et l'on ne va pas prendre ce rôle-là à la légère », soutient Taylor Hall, le tout premier joueur sélectionné au dernier repêchage.

«On s'attend à bien faire à chaque match, Jordan et moi, et notre compagnon de trio Shawn Horcoff s'attend à cela lui aussi.

«On peut avoir de bonnes soirées dans cette ligue, assure la recrue de 18 ans. Ce n'est pas parce que nous sommes jeunes et que nous n'avons pas beaucoup d'expérience que nous ne pouvons pas occuper des rôles de premier plan. »

Le fait que ce trio ait été confronté à celui de Daniel Alfredsson et qu'il lui ait tenu tête, lundi soir à Ottawa, tend à le démontrer.

Séquence encourageante

Il était peut-être optimiste de croire que les trois recrues des Oilers sortiraient l'équipe du marasme et accumuleraient chacun 60 points.

Hall, en particulier, a connu un lent départ. Sauf qu'il vient de récolter trois buts et quatre points dans les cinq derniers matchs. Les Oilers ont d'ailleurs remporté les trois rencontres au cours desquelles il a marqué.

Trois victoires en cinq matchs, ce n'est pas la mer à boire, mais c'est la meilleure séquence que traversent les Oilers depuis le début du calendrier.

«C'est clair que tout le monde veut une atmosphère gagnante au sein de son équipe, admet Jordan Eberle. On a eu un début difficile, mais on sait que nous ne sommes pas une équipe de 30e position.

«Dernièrement, on a découvert un peu plus notre identité et l'on semble s'y rattacher contre vents et marées. Il nous reste à trouver de la constance. »

Des attentes subliminales

Malgré une fiche désolante (7-12-4) et de maigres progrès par rapport à l'an dernier, ça ne sent pas la fin de régime chez les Oilers.

Il y a bien eu cette sortie publique, la semaine dernière à Phoenix, lors de laquelle l'entraîneur-chef Tom Renney a qualifié de «farce» la tenue de son équipe.

Mais Renney, qui en est à sa deuxième année chez les Oilers, semble bien en selle si l'on se fie au souriant directeur général Steve Tambellini.

«Tom n'est pas seulement un entraîneur défensif, c'est aussi quelqu'un qui laisse la chance à ses joueurs d'exprimer leur talent et qui sait les utiliser au bon endroit, explique Tambellini.

«Ses adjoints et lui sont de bons enseignants.»

Une approche patiente, éducative et systématique est la seule qui puisse permettre à une équipe aussi jeune de trouver sa voie.

«S'il y a des attentes à notre égard, elles sont au mieux subliminales, explique Renney. Alors on se crée nos propres attentes. On veut rester confiants et continuer de penser qu'on peut devenir des prétendants à la Coupe Stanley. Il faut bâtir notre saison un match à la fois et rendre chacun de nos matchs pertinents dans notre apprentissage. »

Laissez jouer les enfants

Par le passé, les Oilers ont semblé prompts à s'en remettre à des jeunes pour assumer des rôles-clés. Cela a peut-être retardé la progression d'un gars comme Sam Gagner, pourtant promis à un bel avenir.

Mais Tom Renney assure qu'on ne demandera pas l'impossible aux trois recrues de cette année.

«On essaie de les protéger de la pression, de gérer les situations auxquelles ils font face, raconte Renney. Mais vient un moment où il faut simplement les laisser jouer.

«On fait un suivi avec eux par le biais de la vidéo. Mais il faut aussi les laisser tranquilles et les laisser se faire leur propre idée afin qu'ils soient proactifs et qu'ils viennent eux-mêmes voir les entraîneurs.»

Il reste à voir si le programme pédagogique des Oilers va tenir la route.

Car la patience de toute une génération d'amateurs à Edmonton a été mise à l'épreuve.

«Nos fans sont patients, ils savent que nous allons devenir une bonne équipe, assure Taylor Hall. Car nous avons plusieurs bons joueurs, l'attitude est bonne et l'on a beaucoup de plaisir.»