L'hôtesse du Championnat du monde de hockey junior, la ville d'Oufa, est méconnue du public nord-américain. La capitale du Bashkortostan, république musulmane de 4 millions d'âmes sujets de la Fédération de Russie, a pourtant une longue tradition de hockey.

Fief du Salavat Yulaev évoluant dans la KHL, Oufa n'en a que pour le hockey sur glace. Alexander Radulov y a joué quatre saisons et y a été une supervedette. «C'est beaucoup plus populaire que le foot», s'exclame Elina. Cette jeune partisane et sa copine, Anya, sont convaincues que le hockey est aussi populaire qu'au Canada dans leur ville. «Tous les billets sont vendus à chaque matchdu Salavat Yulayev, explique Anya. Les familles écoutent les matchs à la télévisionlorsqu'ils ne peuvent assister en direct à l'aréna», poursuit-elle.

Le hockey n'est pas seulement populaire à Oufa. Il cimente l'union entre les trois nationalités présentes sur le territoire de la république. Les Russes forment seulement 36% de la population. La majorité des citoyens du Bashkortostan est bachkir et tatar, deux nations musulmanes conquises par Ivan le Terrible au XVIe siècle. Les Tatars et les Bachkirs sont fiers. Ils refusent d'être assimilés aux conquérants. Les récits de leurs multiples insurrections des quatre derniers siècles se trouvent dans toutes les librairies de la république.

Les vieilles querelles s'évaporent lorsque la rondelle tombe sur la glace. «Nous avons plusieurs nationalités au Bashkortostan et elles aiment toutes le hockey», affirme avec enthousiasme Marat. Tout comme Alina et Anya, ce Tatar est un fier partisan du Salavat Yulayev. «Lorsque notre équipe a gagné la Coupe Gagarine, nous avons tous fêté comme au Nouvel An!»

Le hockey fait l'unanimité jusque dans les plus hautes sphères du gouvernement du Bashkortostan. Le Salavat Yulayev est subventionné par le fonds Ural, dirigé par le président de la République, Rustem Khamitov. Passerelle pour les pétrodollars vers les investissements sportifs, l'organisation a permis à la ville d'Oufa de se doter de deux arénas. Une des principales raisons pour lesquelles la ville a été sélectionnée pour le Championnat du monde junior, selon l'attaché de presse du tournoi, Alik Allayarov. «Nous avons les infrastructures. Le hockey est très populaire et notre club va fêter son 50e anniversaire. Notre ville était le choix idéal», conclut-il.