Plusieurs se demandaient ce que la Ligue de hockey junior majeur du Québec allait nous annoncer, hier matin, à Boucherville.

Après tout, Patrice Cormier est un espoir sérieux des Devils du New Jersey. Et capitaine de l'équipe canadienne junior.

Et l'un des meilleurs clubs de la Ligue cette saison, les Huskies de Rouyn-Noranda, venaient de donner beaucoup à l'Océanic de Rimouski pour l'obtenir. Sans compter que la victime, Mikaël Tam, malgré une grande frousse, allait s'en tirer sans blessure grave.

Devant un important groupe de médias à l'hôtel Mortagne, le commissaire Gilles Courteau et le préfet de discipline Raymond Bolduc ont privilégié la sécurité des joueurs devant tous les autre aspects et suspendu Cormier pour le reste de la saison, y compris les séries éliminatoires.

Cormier, rappelons-le, avait assommé le défenseur des Remparts de Québec, Mikaël Tam, d'un violent coup de coude à la tête, le 17 janvier.

«Ils (les joueurs) doivent comprendre qu'ils sont responsables de leurs gestes sur la patinoire, a déclaré Courteau, hier, lors de son point de presse. Les actes disgracieux et irréfléchis peuvent engendrer des conséquences très graves. Ils n'ont pas leur place dans notre ligue et nous ne voulons pas qu'ils se reproduisent. Nous voulons permettre à nos joueurs de jouer de manière robuste et intense, mais ce genre de geste est inacceptable. Nous voulons continuer d'offrir une ligue qui représente la meilleure option pour un joueur de hockey de 16 à 20 ans. La LHJMQ doit être le meilleur circuit pour commencer une carrière et non la terminer», a dit Courteau.

La LHJMQ a pris une décision juste et courageuse dans une certaine mesure, sans se laisser influencer par le statut du joueur ou les pressions externes. Le genre de suspension à laquelle nous ne sommes pas habitués dans la Ligue nationale, qui a l'habitude de trancher selon la réputation de l'agresseur et la nature de la blessure de la victime.

Au contraire de la LNH, Raymond Bolduc a affirmé, hier, qu'il n'avait pas voulu tenir compte du nom cousu sur le chandail et Gilles Courteau a parlé d'un message clair que cette suspension lançait à tous les joueurs de sa ligue qui seraient tentés de blesser un adversaire sans réfléchir aux conséquences du geste.

Cormier pourra s'entraîner avec les Huskies s'il le veut, mais il ne pourra se joindre aux Devils ou encore leur club-école dans la Ligue américaine avant que son équipe junior ne soit éliminée. Le règlement à cet effet est clair: tout joueur de 19 ans ou moins appartenant à un club junior canadien ne peut passer à la Ligue américaine avant la fin de la saison de son équipe.

Peut-être Cormier aurait-il pu être rappelé par mesure d'urgence par les Devils si jamais ceux-ci avaient compté des blessés en quantité industrielle ces prochaines semaines, mais Lou Lamoriello, le DG des Devils, a déclaré hier qu'il allait honorer la décision de la LHJMQ.

«Nous respectons entièrement la décision de la LHJMQ, a dit Lamoriello par communiqué. Nous sommes convaincus que Patrice Cormier en tirera une bonne leçon quand il sera de retour au jeu à titre de joueur très précieux pour notre organisation. Nous honorerons la suspension, nous n'avons pas songé, et n'explorons pas d'autres avenues pour qu'il puisse jouer d'ici la fin de la saison.»

Lamoriello a également mentionné qu'il n'avait pas encore songé à l'éventualité que Cormier puisse rejoindre le club-école des Devils après l'élimination des Huskies.

Le jeune hockeyeur de 19 ans pourrait-il participer à la Coupe Memorial si jamais Rouyn-Noranda y prenait part? Son clan devrait d'abord en faire la demande au comité exécutif de la Ligue canadienne de hockey.

Cormier pourrait toujours tenter de se joindre à la Ligue de la côte Est ou encore à la Ligue internationale, qui ne sont pas régies par l'entente entre la LNH et la LHJMQ. Mais Gilles Courteau a mentionné qu'il allait aviser ces deux circuits mineurs de la suspension imposée à Cormier et qu'il allait leur demander de la respecter.

Il s'agit de la plus longue suspension de l'histoire de la LHJMQ. En 2008, dans la foulée de l'affaire Jonathan Roy, la Ligue avait lancé une série de mesures visant à éliminer la violence gratuite et à diminuer le nombre de bagarres. La suspension imposée à Cormier s'inscrit dans cette suite logique.

Gilles Courteau a aussi précisé qu'il avait mandaté la coordonatrice du programme d'aide aux joueurs, Natacha Llorens, de communiquer avec Patrice Cormier pour lui offrir le soutien nécessaire et il planche sur un projet de sensibilisation auprès des joueurs sur les conséquences des coups à la tête.