Après la spectaculaire performance qu’a livrée l’unité de Nick Suzuki, mardi, il a été souligné à gros traits, notamment en ces pages, que le Canadien avait peut-être enfin un véritable premier trio de la LNH sous la main. Ce qui n’était pas arrivé depuis une bonne quinzaine d’années.

Il y a évidemment, chez le Tricolore, lieu de se réjouir. Mais on ajoutera, sans méchanceté : une chance que ce trio est là. Car après Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky, la production offensive des attaquants est… comment dire… timide ?

Depuis le retour de sa semaine de congé, le Tricolore, plus que jamais, est l’équipe d’un seul trio. En quatre matchs, Suzuki et Slafkovsky ont marqué 71 % des buts de leur équipe (10 sur 14). En étirant l’échantillon à 10 matchs, Suzuki (7), Slafkovsky (6) et Caufield (4) revendiquent 17 des 27 buts inscrits par des attaquants, soit 63 %. Puisque Sean Monahan avait marqué deux buts dans l’intervalle, ça n’en laisse pas beaucoup pour les autres.

Car aussi bien affronter la réalité froidement : les trois surdoués n’obtiendront pas deux ou trois points chaque soir.

« C’est sûr que tous les trios doivent faire leur job, a convenu Brandon Gignac, mercredi matin, après l’entraînement de l’équipe. Le premier trio est incroyable en ce moment. Ce sont les leaders de l’équipe, alors il faut tout faire pour les aider. »

Le Québécois, de fait, a inscrit son premier but dans la LNH, mardi. Jake Evans, pour sa part, a mis fin à une disette de 24 matchs sans marquer. Ces réussites sont de bonnes nouvelles, mais il en faudra plus. Trois ailiers, notamment, cherchent à briser des séquences particulièrement creuses.

  • Josh Anderson : 1 but en 15 matchs
  • Tanner Pearson : 1 but en 29 matchs
  • Jesse Ylönen : aucun but à ses 33 derniers matchs

Brendan Gallagher, qui reviendra au jeu ce jeudi après avoir purgé une suspension de cinq matchs, avait retrouvé un certain souffle avant d’être puni par la ligue (3 buts en 10 matchs). L’un de ses objectifs, pour le dernier tiers de la saison, est justement « de contribuer au succès de l’équipe le plus possible ».

Puisqu’Anderson et Suzuki ont obtenu congé d’entraînement mercredi, pour subir des traitements, on ne sait pas encore à quoi ressemblera la formation avec l’ajout de Gallagher. On sait toutefois que Samuel Montembeault sera le gardien partant contre les Rangers de New York. Mais ce n’est quand même pas lui qui marquera des buts.

Au centre

Pour structurer le soutien offensif, on se tournera évidemment vers les joueurs de centre derrière Nick Suzuki.

L’équipe ayant perdu beaucoup de plumes à cette position depuis le début de la saison, la balle est dans le camp de Gignac, d’Evans et d’Alex Newhook.

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Alex Newhook

Ce dernier avait été essentiellement utilisé comme ailier avant de se blesser gravement à la fin du mois de novembre. Son bref passage au centre, en début de saison, n’avait pas été prolifique.

Plus tôt cette semaine, Martin St-Louis a expliqué qu’il avait préféré garder Newhook à l’aile l’automne dernier en raison « des circonstances et de la formation qu’on avait à ce moment-là ». « Si je l’avais mis au centre, il n’aurait pas été dans le top 6 », a précisé l’entraîneur-chef du Canadien. Dans les circonstances du mois de février, voilà Newhook au centre pour de bon.

Le Terre-Neuvien se dit de plus en plus à l’aise à cette position. Il espère être en mesure d’utiliser la trentaine de matchs restants pour « prouver [qu’il] peut jouer au centre à ce niveau ».

St-Louis attend de lui qu’il soit « fiable » et « constant » défensivement. Du reste, à l’exception des mises en jeu, qui n’ont jamais été la tasse de thé de Newhook, la position de centre ressemble passablement à celle des autres attaquants, selon St-Louis. « De la manière dont se joue la game aujourd’hui, tu vas partir au centre, mais ça ne veut pas dire que tu seras le premier joueur revenu dans notre zone et que tu vas toujours jouer en bas, a-t-il ajouté. Que tu sois le premier gars revenu ou le cinquième, peu importe ta job, il faut que tu sois alerte. »

Gignac confirme que c’est le signal qui lui est donné depuis qu’il s’est joint à l’équipe il y a 10 jours : « On est tous des joueurs intelligents, à ce niveau-là : on est capables de lire le jeu et de se lire les uns les autres. »

Jake Evans, lui, se retrouve dans une situation particulière. Avec le départ de Sean Monahan, il voit ses responsabilités accrues dans à peu près tous les départements.

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Jake Evans

Surtout, il se retrouve à temps plein au centre de ce qui est pour l’heure le deuxième trio. « Je ne vois pas ça comme de la pression, mais comme une occasion, a-t-il dit, mercredi. Je sais que je dois élever mon jeu, contribuer différemment. »

Sur le plan défensif, Evans a toujours été une valeur sûre, et il l’est encore. Sa production offensive, cependant, demeure marginale malgré sa présence dans le top 6. Les trios qu’il pilote depuis plusieurs semaines jouent rarement des rôles déterminants.

Dans l’ensemble, l’attaquant de 27 ans se dit satisfait d’avoir affiché plus de « constance » que les années passées, mais il sent qu’il a encore « beaucoup de choses à prouver ». Il veut notamment montrer à la direction qu’il peut « disputer ces minutes-là encore au cours des prochaines années ».

« Je veux terminer la saison en force et prouver que j’en ai encore plus à donner », a-t-il renchéri.

On verra bien si cela se concrétisera. Toutes les formes d’aide, toutefois, seront les bienvenues.