(Drummondville) Le Québécois moyen passe son 31 décembre au soir à fêter entre amis ou en famille, sinon devant le téléviseur à regarder Infoman, le Bye bye ou le Canadien qui perd contre une équipe du sud des États-Unis.

Mais en sa qualité de hockeyeur, Alexis Gendron n’épouse pas le rythme de vie du Québécois moyen. Le 31 décembre dernier, il jouait avec les Phantoms de Lehigh Valley, club-école des Flyers, contre les Checkers de Charlotte, dans la Ligue américaine.

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DES PHANTOMS DE LEHIGH VALLEY

Alexis Gendron, dans l’uniforme des Phantoms

Pas de fiesta après le match, puisque l’attaquant était aussitôt renvoyé dans les rangs juniors pour y finir la saison. Sa nouvelle équipe, les Voltigeurs de Drummondville, jouait seulement le 3, ce qui semble loin, sauf dans le monde du hockey, où les délais se comptent en jours d’entraînement.

« J’ai su le 31 que je m’en venais. Donc j’ai joué mon match, c’était le soir, j’ai pris ma poche et je suis parti le lendemain matin. J’avais mon auto, je suis parti à 7 h du matin, j’étais à Drummond à [15] h », nous détaille Gendron, rencontré au Centre Marcel-Dionne jeudi matin.

Donc à 20 ans, avec ses coéquipiers pour la plupart dans la vingtaine, qui devaient bien aller fêter l’arrivée de 2024 dans les enivrantes boîtes de nuit d’Allentown, il a préféré aller au lit ?

« Je n’étais pas dans le mood pour le party, rétorque-t-il. J’avais hâte de revenir. Tant qu’à savoir que je retournais dans le junior, je ne voulais pas niaiser là-bas à ne rien faire. Je voulais juste m’installer et être prêt. »

Ce ne sont pas tous les joueurs renvoyés dans le junior qui arrivent le couteau entre les dents, mais Gendron semblait certainement prêt à travailler.

Entre deux chaises

Gendron a fêté son 20anniversaire le 30 décembre, la veille de son dernier match dans l’AHL. S’il a pu amorcer la saison dans l’antichambre de la LNH à 19 ans, c’est en vertu d’une règle spéciale pour les joueurs comme lui, nés tard dans l’année.

La saison dernière, l’espoir du Canadien William Trudeau, né le 11 octobre, a eu droit à cet aménagement, sauf qu’il a fini par passer l’entièreté de la saison avec le Rocket de Laval. « En début d’année, on avait beaucoup de défenseurs. Je jouais, mais il y a eu un moment d’adaptation. C’est quand il y a eu des blessures que j’ai pu prendre ma place, me développer et gagner en confiance », s’est remémoré Trudeau, rencontré mercredi soir à Laval.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

William Trudeau (84) dans l’uniforme du Canadien lors d’un match préparatoire contre les Sénateurs d’Ottawa, en septembre dernier

Gendron, lui, avait déjà été laissé de côté 14 fois en 31 matchs chez les Phantoms. Dans un rôle limité, il a amassé sept points (cinq buts, deux passes) en 17 sorties. Sa production intéressante dans les circonstances ne lui a toutefois pas valu un rôle permanent à Lehigh Valley.

« On n’avait pas de blessés, donc était rendus à 17 attaquants. C’est une grosse rotation. À mon âge, ce n’était pas bon pour le développement.

« En début d’année, je savais que revenir dans le junior était une option. Ça allait dépendre de mes minutes et des blessures. Si j’avais pu jouer dans les trois premiers trios toute l’année, je serais resté. Mais j’étais souvent dans les gradins, et quand je jouais, c’était 10 minutes. Le coach savait que je n’étais pas un joueur de quatrième trio, donc il essayait de me mettre dans le top 9 quand je jouais. »

Son retour s’est toutefois fait à Drummondville. Les Olympiques de Gatineau étaient en mode liquidation et Gendron a fait partie des actifs échangés.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Sylvain Favreau, entraîneur-chef des Voltigeurs

Il nous donne exactement ce qu’on attendait. Je le connaissais pour avoir coaché contre lui. C’est un marqueur naturel. J’aime ce qu’il apporte.

Sylvain Favreau, entraîneur-chef des Voltigeurs

« Oui, les stats sont importantes et il a un très bon tir. Mais il a pris une coche dans son jeu défensif et c’est attribuable à son temps dans la Ligue américaine », ajoute son entraîneur.

En 10 matchs, Gendron compte déjà 16 points (10 buts, 6 passes). Il n’a pas obtenu de point jeudi, mais a filé en échappée deux fois. Il a provoqué une pénalité sur le premier jeu et un tir de pénalité sur le deuxième.

Ce choix tardif (7tour, 220e au total en 2022) souhaite maintenant démontrer qu’il aurait mérité d’être réclamé plus tôt. Il croit l’avoir déjà prouvé chez les Flyers.

« Moi, ça m’importe peu à quel rang j’ai été choisi. J’étais un choix de 7tour dans le junior aussi, donc je pense que ça n’a pas rapport. Selon ce que Daniel Brière me disait, l’équipe a de bons plans pour moi. Je pense qu’ils ne me perçoivent pas comme un choix de 7tour. C’est à moi de leur prouver que je peux être meilleur que ça. »

Un diagnostic étonnant

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Maveric Lamoureux

Depuis qu’il est revenu du Championnat du monde junior, Maveric Lamoureux ne jouait pas avec son aplomb habituel et a même dû rater les matchs du 13 et du 26 janvier. On sait maintenant pourquoi. Le défenseur format géant, espoir des Coyotes de l’Arizona, souffre d’une mononucléose et sera absent pour une durée indéterminée. L’équipe a cependant bon espoir que Lamoureux a passé à travers les pires moments de la maladie et qu’il reviendra au jeu dans un délai raisonnable. D’ailleurs, jeudi matin, quelques heures avant que les résultats des examens médicaux ne soient connus, Lamoureux a chaussé les patins avec ses coéquipiers, avant d’accorder une entrevue d’une quinzaine de minutes à La Presse, lors de laquelle il comparait son retour de la Suède à ce qu’il avait vécu à l’automne, lorsqu’il est revenu du camp des Coyotes. « J’étais sur un high en revenant de l’Arizona. Là, après le mondial junior, c’est un autre boost. Je n’arrive pas avec la mentalité que ça va être facile. J’ai travaillé encore plus fort en revenant du camp des Coyotes et je dois faire la même chose maintenant. » À suivre à son retour au jeu.

Bon départ pour la nouvelle administration

Les Voltigeurs sont dirigés par deux nouvelles têtes cette saison. Yanick Lemay a quitté son poste de recruteur chez les Jets de Winnipeg pour devenir le directeur général, tandis que Sylvain Favreau a été nommé entraîneur-chef, après avoir quitté un emploi similaire chez les Mooseheads d’Halifax. Les résultats sont convaincants jusqu’ici. Les Voltigeurs occupent le 2rang de la LHJMQ, et même privés du pilier Lamoureux à la ligne bleue, ils ont signé jeudi un gain sans appel de 4-0 sur l’équipe de tête du circuit Cecchini, le Drakkar de Baie-Comeau, devant des gradins bondés, ce qui n’est pas gagné un jeudi soir. Favreau, un Franco-Ontarien de 45 ans, avait mené Halifax en finale de la LHJMQ la saison dernière et il est bien parti pour mener son club à un autre long parcours ce printemps. Il base notamment son approche sur 12 habitudes de travail que ses joueurs doivent respecter, des détails du jeu qu’il leur demande d’exécuter à tout coup. « Un exemple, c’est de s’arrêter sur les rondelles. S’il y a un revirement, ce n’est pas de faire un long tour en zone adverse avant de revenir. C’est d’avoir le dévouement de s’arrêter et de repartir. Quand une équipe joue comme ça, c’est difficile pour les adversaires », illustre-t-il.