(Raleigh) Qu’est-ce qu’un bon match ?

La question peut sembler d’une désarmante banalité, mais on se permettra néanmoins de la poser, au terme de cette défaite de 5-3 du Canadien aux mains des Hurricanes de la Caroline.

(Re)lisez notre couverture en direct Consultez le sommaire de la rencontre

« À part au début, on a joué un bon match », a dit l’entraîneur-chef Martin St-Louis en fin de soirée. « Je pense qu’on a joué un très bon match, a abondé Sean Monahan. On s’est donné une chance de gagner. »

Va pour la deuxième partie de l’affirmation. En créant l’égalité 3-3 en tout début de troisième période à la faveur d’un but de Josh Anderson, le Tricolore a objectivement réinitialisé le pointage. Le même Anderson a par ailleurs dit à la blague, sur sa très rare réussite en échappée, que cette rondelle-là « ne serait pas rentrée il y a un mois », soit au moment où il semblait damné par les dieux du hockey. Un point positif ici, pleinement mérité en plus.

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Josh Anderson

Le problème, c’est qu’à la suite de ce but, le dernier tir cadré du Tricolore est venu du bâton de Michael Pezzetta avec plus de 17 minutes à écouler à la rencontre. Autrement dit, le très bancal Antti Raanta n’a plus eu à exécuter le moindre arrêt. Et ce, en dépit de deux avantages numériques consécutifs.

Sans grande surprise, ce sont les locaux qui ont marqué le but suivant. Et les visiteurs se sont virtuellement privés de toute chance d’égaler de nouveau en écopant de deux punitions avec moins de quatre minutes à jouer – celles de Joel Armia et de Cole Caufield.

St-Louis a précisé, rappelons-le, que ce « bon match » de ses hommes exceptait le « début ». On ne sait pas trop quel espace temporel il désignait, mais on notera tout de même que les Hurricanes menaient 1-0 après 95 secondes de jeu, et 2-0 après 12 min 40 s.

Mike Matheson a souligné que les Canes avaient déjà joué la veille et que son équipe reprenait le collier. Il fallait donc chasser de la rouille contre une machine déjà en marche. Fort bien.

C’était toutefois le troisième match de suite que le Canadien se mettait en retard de 2-0. Et la dernière fois, c’était contre les Blackhawks de Chicago, donc pas exactement contre une puissance du circuit.

« Caractère »

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Jack Drury (18) et Kaiden Guhle (21)

Il faut rendre au CH ce qui revient au CH : ce retard, il l’a comblé. Et il en a comblé un autre en faisant 3-3. Le troisième but des Hurricanes a par ailleurs fait suite à un effondrement défensif montréalais, mais on s’en reparlera une autre fois.

Mike Matheson y a vu un signe de « caractère ». Josh Anderson, lui, a salué l’« engagement » de ses coéquipiers.

Sur ces retards à combler, encore et encore, Martin St-Louis a simplement indiqué que ça faisait « partie de la ligue ». « On ne va pas mener à tous les matchs. C’est une ligue difficile, on joue contre de bonnes équipes sur la route. On va perdre ou gagner par un ou deux buts, et continuer à jouer. C’est ce qu’on fait. »

Il n’empêche que c’est une autre défaite contre un club de premier plan. Sur 15 victoires du CH cette saison, seulement 5, dont 2 sur la route, ont été signées contre des formations qui entreraient en séries éliminatoires si elles s’amorçaient ces jours-ci – Winnipeg deux fois, les Islanders de New York, Boston et Washington.

Contre les Hurricanes, les hommes de Martin St-Louis ont en effet gardé la tête hors de l’eau pendant un bon moment. Mais ont-ils joué un « bon match » ? Pas vraiment. Un demi-match ? Ça semble plus juste.

C’est mieux que rien, considérant que depuis le début de la saison 2021-2022, les Ouragans sont parfaits contre les Montréalais : 7-0-0 après la rencontre de jeudi. Et que le dernier duel entre les deux adversaires s’était soldé par un pilonnage des Caroliniens, qui avaient dominé 50-14 au chapitre des tirs.

« Avant, on donnait 50 tirs à cette équipe, donc c’est positif, a conclu Martin St-Louis. On aurait pu s’assurer que plus de rondelles se rendent au filet, mais on avait de bonnes intentions. »

C’est mieux que rien, disions-nous. Mais au chapitre du progrès réel, c’est un peu mince.

En hausse : Brendan Gallagher

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Brendan Gallagher (11) et Jack Drury (18)

Au sein du meilleur trio de son équipe, il a embêté la défense locale pendant toute la soirée. Il a en outre cadré trois tirs.

En baisse : l’avantage numérique

Cette unité s’est vu attribuer le but de Mike Matheson, marqué à la suite d’un effort individuel. Du reste, à cinq contre quatre, ç’a été le néant total. Presque une perte de temps.

Le chiffre du match : 500

PHOTO KARL B DEBLAKER, ASSOCIATED PRESS

Mike Matheson (8)

En obtenant une mention d’aide sur le but de Mike Matheson, Sean Monahan a inscrit le 500point de sa carrière. Sans surprise, il n’avait pas le cœur à la célébration après la défaite des siens…

Dans le détail

Slafkovsky sonné

PHOTO KARL B DEBLAKER, ASSOCIATED PRESS

Juraj Slafkovsky

Victime d’une mise en échec sévère de Stefan Noesen en fin de troisième période, Juraj Slafkovsky a donné la frousse à tout le monde en demeurant quelques instants étendu au sol. Il est ensuite retourné au banc, avant de retraiter au vestiaire. Il semble que ce soient les représentants de la LNH chargés d’observer les risques de commotion cérébrale qui l’ont retiré de la rencontre. L’organisation a plus tard indiqué que l’attaquant allait bien et qu’il aurait eu le feu vert pour retourner sur la glace si le match s’était poursuivi. Malgré la force de l’impact, Noesen n’a pas semblé viser la tête et il n’a pas été puni. Josh Anderson a toutefois estimé que les arbitres auraient pu jeter un œil à la séquence pour en avoir le cœur net. « Je pense que quand un gars gît sur la glace, ça mérite une révision, a-t-il dit. Ils ne doivent pas nécessairement imposer de punition, mais au moins vérifier s’il y a eu un coup à la tête. Mais c’est juste mon opinion. »

Vulnérable Raanta

PHOTO KARL B DEBLAKER, ASSOCIATED PRESS

Antti Raanta (32)

Ce n’est pas tous les jours que l’on affronte le pire gardien de la LNH. Ce jour-là était pourtant arrivé pour le Tricolore. Devant le filet des Hurricanes, Antti Raanta a amorcé la rencontre avec un taux d’arrêts historiquement mauvais de,854. Fraîchement rappelé de la Ligue américaine, le vétéran de 34 ans n’apparaissait certainement pas comme un homme en pleine possession de son art. Souvent maladroit ou surpris hors position, il a donné l’impression que chaque arrêt était une aventure. Par pitié ou par enthousiasme, la foule a toutefois été sympathique à sa cause, applaudissant chaque fois que la rondelle le touchait. Il a été à son meilleur au deuxième vingt : c’était alors la première fois qu’il passait un engagement complet sans céder, après une vilaine séquence de 11 périodes de suite avec au moins un but accordé. Il a finalement signé sa première victoire depuis le 22 novembre.

Ylönen comme le vent

PHOTO ERIN HOOLEY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jesse Ylönen

Ayant l’habitude de se déguiser en courant d’air, c’est plutôt en patinant comme le vent que Jesse Ylönen s’est signalé sur le premier but de son équipe. Une passe ratée de Mitchell Stephens vers Michael Pezzetta, en sortie de zone, semblait destinée à devenir un dégagement refusé. Or, Ylönen a passé la seconde vitesse et doublé le défenseur Brady Skjei pour récupérer le disque dans le fond du territoire des Hurricanes et le remettre vers la ligne bleue à Jayden Struble. Ce dernier a tiré directement sur Pezzetta, posté devant le filet, et Stephens a récupéré la rondelle libre pour réduire l’écart à 2-1. Rien d’élégant, mais rien non plus qui aurait été possible sans l’effort louable d’Ylönen, qui n’a hélas pas obtenu de point sur ce coup.