(St. Paul, Minnesota) Marcus Foligno connaît bien Marc-André Fleury, apparemment.

Le 17 octobre, dans les instants qui ont suivi la victoire du Wild du Minnesota au Centre Bell, Fleury accordait une entrevue à RDS quand Foligno a surgi par-derrière pour lui couvrir le visage de crème à barbe.

Quelques minutes plus tard dans le vestiaire, Foligno ne se berçait pas d’illusions. « Je suis foutu pour le reste de la saison », avait lancé le vétéran.

Il se considérait comme un homme mort – au sens figuré, bien sûr – parce que Fleury est réputé pour ses mauvais coups. Et de fait…

« Deux semaines plus tard, c’était notre party d’Halloween, racontait Foligno après l’entraînement du Wild, jeudi matin. On s’en va, ma femme conduit et il neige ce soir-là. On arrive à l’auto, qui est complètement recouverte de papier de toilette. Et comme c’était mouillé, le papier collait partout ! Évidemment, Flower était introuvable, il était parti 10 minutes avant moi. »

Foligno a donc goûté aux méthodes du farceur le plus célèbre du hockey. Et il est convaincu qu’il n’est pas le dernier. « Brandon Duhaime est le prochain. À son entrevue à l’entracte du match de mardi, il a dit que Flower a comme 50 ans. C’est sûr qu’il est sa prochaine cible ! »

Bonne humeur contagieuse

John Hynes n’est sans doute pas l’entraîneur le plus populaire parmi les fans de Fleury. En début de semaine, le nouvel entraîneur-chef du Wild a désigné Filip Gustavsson pour affronter les Penguins, dans ce qui pourrait fort bien avoir été la dernière visite de Fleury à Pittsburgh en tant que joueur actif.

Puis, jeudi, on a su que ce même Gustavsson affrontera le Tricolore en soirée, privant Fleury d’une possible dernière occasion de jouer contre son équipe d’enfance.

Si Fleury était démoralisé, rien ne paraissait à l’entraînement. Il bougeait avec son enthousiasme habituel, se débattant pour arrêter chaque rondelle. Au tout début de la séance, Fleury et Gustavsson affrontaient à tour de rôle des tirs de Duhaime. Quand c’était le tour de Gustavsson, Fleury observait le tout de près, puis sur le dernier tir de Duhaime, le Sorelois a lancé son bâton pour lui faire manquer son coup. Était-ce la fameuse vengeance dont Foligno parlait ? Allez savoir.

« Dès qu’il peut nous taquiner, en nous envoyant des rondelles dans les patins, en lançant un bâton ou en nous faisant de petits jabs, il le fait toujours », confirme Duhaime.

Fleury ne change visiblement pas, même si sa réalité, elle, a changé. Gustavsson obtiendra jeudi son 20départ de la saison, soit près du double de Fleury (11). Si on exclut sa première saison dans la LNH, quand il avait 18 ans, Fleury a toujours obtenu la majorité des départs de ses équipes lorsqu’il était en santé, à la seule exception de la campagne 2016-2017, sa dernière à Pittsburgh, quand Matt Murray lui avait ravi son poste.

Alors des décisions crève-cœur comme celle de lundi ou celle de jeudi, il y en aura quelques-unes. « C’est sûr que ç’aurait été le fun de jouer peut-être une dernière fois à Pittsburgh, a admis Fleury, en entrevue avec les journalistes québécois, jeudi midi. Mais c’est encore du “peut-être”. C’est le hockey, le coach a dit que je commençais le match d’après et j’étais content de jouer à Boston. Je n’en ai pas fait un plat. »

Fleury a 39 ans et son contrat expire à la fin de la saison. Il est normal que son avenir suscite l’intérêt. Sa performance de 40 arrêts contre les puissants Bruins, mardi, a toutefois rappelé qu’il a encore de l’essence dans le réservoir, même si ses statistiques (5-5-2, moyenne de 3,26, efficacité de ,892) ne sont pas à leur niveau habituel.

« Je ne peux pas croire que c’est sa dernière année, a lancé son coéquipier Duhaime. Je ne sais pas ce qu’il a dit aux médias. Mais regarde comment il a joué au dernier match. Je ne l’imagine pas arrêter. »

À 3 matchs du plateau des 1000, à 2 victoires des 551 de Patrick Roy au 2rang, Fleury va demeurer dans l’actualité dans les prochaines semaines. Mais il ne veut pas se prononcer sur son avenir au-delà de la présente saison. Il reconnaît toutefois que le voyagement, les lendemains de match, « se coucher à 3 h du matin », c’est parfois difficile.

En attendant, il lui reste le plaisir. « C’est une des choses qui vont me manquer le plus. Les anciens joueurs le disent souvent, c’est l’esprit du vestiaire qui te manque. C’est le fun, venir tous les matins à l’aréna, avoir une bonne gang de gars, une bonne chimie. Quand on gagne, c’est encore plus facile. »