Obtenir une (presque) pleine double supériorité avec deux minutes à faire en troisième période vous offre généralement de bonnes perspectives de victoire. Ou, si les choses tournent vraiment mal, au moins un point pour une défaite en surtemps. Mais les Penguins de Pittsburgh ont trouvé une autre façon de quitter la glace avec une autre défaite en temps régulier, leur sixième en neuf matchs…

Le nouveau président et directeur général des Penguins, Kyle Dubas, a dû en trembler de rage. Dans un jeu tristement symbolique, sa grande acquisition de l’été, Erik Karlsson, pourtant deux points, dont un but, dans ce match, a choisi le pire moment pour sa crampe au cerveau.

Karlsson a tenté une passe molle, et risquée, à Evgeni Malkin, à l’expiration de la première des deux punitions, Adam Henrique a plongé pour intercepter et le jeune Mason MacTavish, le nouveau fer de lance des Ducks d’Anaheim, s’est échappé et a marqué le but gagnant avec seulement 13 secondes à faire en troisième, et ainsi provoqué l’abasourdissement des fans des Penguins au PPG Paints Arena.

« On trouve des façons de perdre en ce moment », a déclaré l’entraîneur Mike Sullivan, dépité, après le match. Il ne pouvait mieux dire.

Les Penguins avaient pourtant un calendrier favorable puisqu’ils affrontaient sept adversaires exclus des séries l’an dernier lors de leurs neuf premiers matchs. Mais ne les ont-ils pas ratées eux aussi ?

Pittsburgh n’est évidemment pas éliminé. Il reste plus de 70 matchs à disputer après tout. Mais les Penguins se creusent déjà un trou dont il sera difficile de s’extirper. Ils occupent le dernier rang de l’Association de l’Est avec seulement six points, déjà cinq de moins que le dernier club qualifié, le Lightning de Tampa Bay, et sept équipes entre les deux, dont quatre ont disputé un match de moins.

Six points peuvent paraître minimes à ce stade-ci de la saison, mais les huit formations les séparant d’une place en séries éliminatoires s’affronteront à plusieurs reprises au cours de l’hiver et donc l’un ou l’autre des adversaires engrangera des points.

La saison dernière, seuls trois clubs exclus des séries à l’Action de grâce, fin novembre, ont réussi à se qualifier : les Rangers, les Panthers et les Oilers. New York et Edmonton avaient un seul point de retard sur le dernier qualifié, la Floride trois, mais avec un match de plus à disputer.

L’arrivée de Karlsson, moyennant des choix de premier, deuxième et troisième tours, n’a pas eu l’effet escompté jusqu’ici. Ce défenseur de 33 ans, récipiendaire du trophée Norris l’an dernier après une saison de 101 points, a bien 6 points en 9 matchs et joue en moyenne 25 minutes par rencontre, mais le rendement de l’équipe en supériorité numérique est pire que la saison précédente avec un faible taux de succès de 14 %, pour le 21e rang dans la LNH.

Pittsburgh se classe aussi 21e pour les buts marqués par match, avec une moyenne de 2,89, deux rangs derrière le Canadien.

Le manque de profondeur des Penguins est encore criant. Sidney Crosby ou Evgeni Malkin se trouvaient sur la glace lors de seize de leurs vingt buts marqués à égalité numérique. Seulement quatre joueurs ont marqué plus de deux fois : Rust, Crosby, Malkin et Reilly Smith.

Certains exigent déjà le congédiement de l’entraîneur Mike Sullivan. Mais il lui reste quatre ans de contrat et il est très populaire auprès de son noyau de leaders, dit-on.

Une transaction ? La plupart des joueurs des Penguins sont vieillissants, grassement payés et détiennent une clause de non-échange. Il n’y a pas vraiment d’espoirs pour servir d’appât et il faut quand même préparer une certaine relève.

Les gardiens Tristan Jarry et Alex Nedeljkovic ne sont pas très fiables, mais il serait complexe d’en chercher un autre avec la récente prolongation de contrat à Jarry pour cinq ans, moyennant 5,3 millions par année.

Blâmer Kyle Dubas ? L’ancien DG des Maple Leafs a obtenu l’emploi parce qu’il a adopté la vision des propriétaires, qui consiste à renforcer le noyau coûte que coûte pour permettre aux Crosby, Malkin et Letang d’aspirer à un dernier championnat avant leur retraite.

Mais cette équipe constituée de vedettes de 35 ans ou plus pour la plupart n’a pas franchi le premier tour depuis 2018 et a raté les séries l’an dernier. Espérer une autre Coupe Stanley avec des joueurs vieillissants, aussi glorieuse a pu être leur carrière, relève quand même un peu de la pensée magique.

Les Flyers jouent de chance !

PHOTO JEROME MIRON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Torey Krug

La logique du DG Daniel Brière se défendait. Le défenseur de 27 ans Travis Sanheim allait entamer la première année d’un contrat de huit ans, à une moyenne salariale de 6,2 millions, offert par son prédécesseur Chuck Fletcher.

C’était beaucoup d’argent pour un défenseur plutôt improductif offensivement, seulement 23 points en 81 matchs l’an dernier, et instable défensivement, utilisé 20 : 24 par rencontre, derrière Ivan Provorov et Tony DeAngelo.

Brière a donc conclu cet été un échange avec les Blues de St. Louis. Un autre défenseur, Torey Krug, allait passer aux Flyers en retour de Sanheim. Krug était plus vieux, à 32 ans, mais davantage offensif, avec 32 points en 62 matchs, et aussi, surtout, son contrat venait à expiration quatre ans avant celui de Sanheim à un salaire annuel semblable.

Krug a néanmoins invoqué sa clause de non-échange et fait avorter la transaction pour demeurer à St. Louis. Les Flyers peuvent le remercier aujourd’hui. Non seulement Sanheim, 6 pieds 4 pouces et 225 livres, vient-il au deuxième rang des compteurs chez les Flyers avec huit points en neuf matchs, mais il est de loin le plus utilisé par John Tortorella, avec une moyenne de 25 : 42. Seuls Drew Doughty chez les Kings de Los Angeles et John Carlson à Washington jouent davantage. Krug tente toujours d’obtenir un premier point en sept matchs, avec un temps d’utilisation légèrement inférieur à 22 minutes.