(Las Vegas) Le Canadien a-t-il disputé son meilleur match depuis l’embauche de Martin St-Louis ?

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En formulant lui-même cette hypothèse, l’entraîneur s’est peut-être légèrement laissé emporter par l’enthousiasme, en dépit de la défaite de 3-2 de ses hommes en tirs de barrage contre les Golden Knights de Vegas. Son équipe, néanmoins, a certainement disputé son meilleur match depuis le début de la saison, ce qui n’est déjà pas mal, il nous semble.

Après une première période couci-couça, le Tricolore a en effet passé la seconde vitesse. Au cours des deux derniers engagements – en excluant la prolongation –, les Montréalais ont eu le dessus par 34 à 13 au chapitre des tentatives de tir à 5 contre 5, et par 54 à 19 en incluant les unités spéciales. Près du triple, oui.

Pour tout dire, les Chevaliers semblaient se demander ce qui leur arrivait, en troisième période. Ils ont toutefois repris vie en prolongation, mais se sont butés à un intraitable Samuel Montembeault – on y reviendra.

Après la sirène finale, St-Louis a donné « 30 secondes » à ses joueurs « pour se sentir mal de la défaite ». Car à ses yeux, l’heure n’était pas à l’apitoiement, au contraire.

« Je suis tellement fier… », a-t-il lancé aux journalistes après la rencontre, dans un rare accès d’émotivité, en public, à tout le moins.

« On essaie de ne pas regarder le résultat, de rester dans le processus, et c’est ce qu’on fait », a-t-il ajouté, avec néanmoins une pointe de déception dans la voix. « Je suis fier du groupe », a-t-il répété.

« En zone offensive, on était les premiers sur la rondelle et sur les retours, a analysé Samuel Montembeault. Tu vois qu’ils ont une bonne équipe, de l’autre côté, ils savent comment gagner des matchs. On a bien joué, il faut partir la tête haute. »

« Tout le monde a joué son rôle, a abondé Sean Monahan. On aurait aimé aller chercher le point supplémentaire, mais amorcer un voyage en forçant une période de prolongation, c’est un bon départ. »

« On a montré qu’on pouvait se battre contre n’importe qui », a ajouté Nick Suzuki.

Perdre en ayant livré une si belle performance, « c’est la vie, ça ; il n’y a rien de garanti », a conclu St-Louis. « Mais quand tu mets cet effort-là, tu te donnes tout le temps une bonne chance. »

Avec autant de bonheur dans l’air, gardons les points négatifs pour une autre journée.

Duel

Ce qui n’était pas un duel de gardiens en est devenu un quelque part en troisième période.

Adin Hill, qui avait donné un but en cadeau au CH au deuxième vingt (voir la capsule à ce sujet à la fin), a été mitraillé au dernier engagement. L’arrêt le plus spectaculaire revient toutefois à Montembeault qui, au détour d’un tir hors cible, a étendu la mitaine pour priver Jack Eichel d’un but, après que le joueur de centre se fut emparé du disque à l’embouchure du filet.

Le Québécois, toutefois, ne faisait que se réchauffer. Car une fois la prolongation amorcée, les locaux ont montré pourquoi ils trônent au premier rang du classement général de la LNH.

Le Canadien a certes eu quelques bonnes chances, notamment par le truchement de Kaiden Guhle à la suite d’une irrésistible accélération, mais ces cinq minutes-là ont surtout appartenu aux Knights.

Montembeault s’est particulièrement signalé en stoppant un lancer de punition d’Eichel. Ce dernier a par ailleurs été, et de loin, le meilleur attaquant des siens.

Il a ensuite privé Alex Pietrangelo d’un but quasi certain en plongeant à sa droite à la suite d’un deux contre un. Et il a encore frustré Eichel en tirs de barrage, cette fois en lisant bien la feinte de son opposant. Il aura fallu une feinte magistrale de Shea Theodore pour mettre fin à la joute.

« C’était un gros moment, a avoué le gardien à propos de son arrêt sur le lancer de punition. On a joué un bon match : évidemment que je ne voulais pas le laisser marquer ! […] Je savais qu’[Eichel] a un lancer rapide, alors je m’attendais à ce qu’il lance. » Bien vu.

Du reste, Montembeault s’est surtout efforcé de garder sa concentration au moment où il ne voyait pas beaucoup d’action. Comme il l’a lui-même souligné, il a reçu presque autant de tirs en prolongation (6) qu’au cours des deuxième et troisième périodes réunies (7).

« Je pense qu’il restait quatre minutes à la deuxième période quand j’ai reçu mon premier lancer, a-t-il noté. C’est sûr que c’est difficile, mais je me suis recentré entre la deuxième et la troisième. Je voulais continuer de bien jouer pour aider l’équipe à aller chercher la victoire. »

Ce sera, hélas, pour la prochaine fois. Mais avec une performance collective du genre, cette prochaine fois pourrait certainement être la bonne.

En hausse

Nick Suzuki

PHOTO STEPHEN R. SYLVANIE, USA TODAY SPORTS

Nick Suzuki

Le capitaine a disputé un fort match, le 300e de sa carrière. Ses efforts ont été récompensés en troisième période avec le but qui égalait la marque à 2-2.

En baisse

Mike Matheson

PHOTO STEPHEN R. SYLVANIE, USA TODAY SPORTS

Mike Matheson (8)

Maladroit dans toutes les situations, le défenseur ne semblait pas dans son assiette. C’est à se demander s’il est bel et bien rétabli de la blessure qui lui avait fait rater la fin du match précédent.

Le chiffre du match

5

Le but de William Carrier, en deuxième période, alors qu’une punition au CH était annoncée, était déjà le cinquième que l’équipe accordait cette saison dans une situation de 6 contre 5, soit avec le gardien adverse au banc.

Dans le détail

Noël en octobre

Adin Hill savait-il qu’il avait neigé à Montréal ? A-t-il confondu l’Halloween et Noël ? On ne le saura jamais. Ce qu’on sait, toutefois, c’est qu’il a offert un inestimable cadeau à Sean Monahan et au Canadien. Au détour d’un dégagement de routine alors que les Golden Knights étaient en avantage numérique, le gardien a remis mollement la rondelle à Monahan qui arrivait vers lui – et encore, l’attaquant du CH ne fonçait pas exactement comme un train. Constatant sa bourde, Hill a fait le pari que son adversaire tirerait sur-le-champ et s’est jeté sur la glace. Le numéro 91, qui en a vu d’autres, a simplement regardé le portier passer devant lui avant de tirer dans une cage abandonnée. Nous n’avons pas eu le temps de visionner les 222 buts précédents de la carrière de Monahan, mais on peut certainement présumer, sans trop se tromper, que le 223e était l’un de ses plus faciles.

Une connexion qui se cherche

Loin de nous l’idée de chercher des poux, mais s’il y a un élément qui a continué de faire défaut, lundi soir, c’est bien la connexion entre Cole Caufield et ses coéquipiers en avantage numérique. Depuis le début de la saison, on tente sans succès de remettre la rondelle au numéro 22 à son poste de prédilection, à la droite du gardien, afin qu’il puisse décocher un tir rapide, sur réception ou non. À plusieurs reprises, contre les Knights, Mike Matheson a tenté ce jeu, chaque fois sans succès. Depuis le début de la campagne, Caufield n’a marqué qu’une fois en avantage numérique, et c’était au premier match contre les Maple Leafs de Toronto. Depuis, même décocher un tir est fastidieux : en neuf rencontres, il a jusqu’ici dégainé 21 fois, mais seulement 8 rondelles ont atteint le gardien.

Pas de donjon, mais un dragon

Depuis son arrivée dans la LNH en 2017, l’organisation des Knights n’a jamais regardé à la dépense dans ses célébrations d’avant-match. Depuis six ans, on suit donc les aventures d’un chevalier doré (évidemment), placé dans toutes sortes de situations plus ou moins médiévales, mais toujours rocambolesques. Pour la saison 7, à la suite d’une conquête de la Coupe Stanley, il fallait aller plus loin. En toute logique, voilà que notre chevalier, campé par un comédien local, affronte désormais un dragon projeté sur la glace. La bête rugit, et la foule aussi. C’est lumineux, c’est bruyant, c’est beaucoup trop intense, donc parfait. Le meilleur party de la ligue, et de loin.

PHOTO SIMON-OLIVIER LORANGE, LA PRESSE

Un chevalier campé par un comédien affronte un dragon virtuel sur la glace du T-Mobile Arena de Las Vegas.