Katherine Henderson est toujours partante pour une discussion. Ça fait essentiellement partie de son ADN à titre de dirigeante sportive de longue date.

Elle a aidé la Ville de Toronto à accueillir les Jeux panaméricains en 2015 avant d’œuvrer au sein de l’organisme Curling Canada au cours des sept dernières années. Mais depuis qu’elle a été nommée présidente et directrice des opérations chez Hockey Canada l’été dernier, elle a surtout été une interlocutrice très attentive.

« Je suis une personne facile d’accès de nature, a-t-elle déclaré lundi en entrevue avec La Presse Canadienne. Mais j’ai surtout posé des questions et j’ai littéralement rempli un cahier de notes.

« Les gens ont vraiment été très généreux de leur temps et m’ont donné beaucoup d’informations sur les choses qu’ils veulent et espèrent. »

Après 18 mois éprouvants pour la fédération sportive en difficulté, la liste est longue.

Katherine Henderson, qui est officiellement entrée en fonction le 4 septembre, a accepté peut-être sa plus grosse mission jusqu’ici : sortir Hockey Canada du gouffre.

L’organisation se retrouve sous les projecteurs depuis mai 2022, quand l’entente secrète à l’amiable pour régler une poursuite civile est devenue publique. La femme qui en était à l’origine alléguait avoir été agressée sexuellement par huit joueurs, dont certains membres d’Équipe Canada junior (ECJ), à la suite d’un gala présenté à London, en Ontario, en 2018.

Le gouvernement fédéral et les commanditaires ont rapidement réagi en interrompant leur appui financier à Hockey Canada.

Les gros titres se sont succédé au cours du printemps et de l’été, y compris les révélations au sujet d’un fonds d’indemnisation secret – financé en partie avec les droits d’inscription des joueurs – servant à payer les actes qui ne sont pas assurables, comme les agressions sexuelles et les allégations de harcèlement.

Hockey Canada a ensuite annoncé que des membres de l’équipe de 2003 d’ECJ faisaient l’objet d’une enquête pour un présumé viol collectif, ouverte par la police de Halifax.

La police de London a quant à elle rouvert son enquête, puis la LNH a elle-même amorcé la sienne. Aucune des allégations n’a encore été prouvée en cour.

Une vision claire

Les scandales ont éventuellement mené au départ du prédécesseur d’Henderson, Scott Smith, et à la démission des membres du conseil d’administration.

Un nouveau conseil d’administration, dirigé par le juge à la retraite Hugh Fraser, a aidé à diriger Hockey Canada – dont le premier ministre Justin Trudeau a suggéré l’abolition au plus fort de la controverse – depuis son élection à la fin de l’année dernière en introduisant de nouvelles normes de gouvernance.

Et maintenant, moins de deux mois après son entrée en poste, Henderson a une vision claire de la direction à prendre pour l’organisation.

« J’aime mes étoiles polaires, a-t-elle déclaré. Elles m’expliquent souvent les moindres détails des choses qu’il faut faire pour y arriver. Je veux que tous ceux qui veulent du hockey dans leur vie puissent l’avoir. »

Mais avec les enquêtes policières et l’examen par un comité du rapport commandé par Hockey Canada toujours en cours, il est difficile pour l’organisation d’avancer.

Tout le monde chez Hockey Canada voudrait passer aux prochaines étapes… Nous devons attendre. La voie à suivre est de tirer d’importantes leçons. Ce qui est critique, c’est : comment faire pour que ça ne se reproduise jamais ?

Katherine Henderson, présidente et directrice des opérations chez Hockey Canada

« Je ne peux pas effacer le passé. Ce que je peux faire, c’est regarder ce qui doit être fait. »

Henderson a ajouté que si Hockey Canada fait bien les choses, tout l’écosystème de hockey au pays en bénéficiera.

« Le hockey est si gros. Nous pouvons vraiment devenir l’exemple à suivre. »

Elle est également consciente des limites de Hockey Canada.

« Masculinité toxique »

Henderson a dit que son fils avait vécu une expérience formidable au cours de son parcours dans le hockey mineur. Mais ce n’est pas l’expérience vécue par tous – particulièrement en ce qui a trait à la masculinité toxique dans le sport.

Henderson a déclaré que Hockey Canada publierait un rapport sur les mauvais traitements dans les semaines à venir.

« Il y a un certain groupe où il semble y avoir plus d’évènements de maltraitance, a-t-elle observé. Il nous incombe de vraiment l’étudier, pas seulement la question “qui ?”. Lorsque nous parlons de masculinité toxique… nous ne rendons aucun service au hockey, nous ne rendons aucun service à ces jeunes hommes, lorsque nous permettons que des choses comme celles-ci se produisent.

« Je crois que nous devons nous assurer de faire de notre mieux pour nos participants. »

Henderson sait que Hockey Canada a beaucoup de travail à faire. Elle ne fait que commencer, avec un calepin de notes et de conversations inscrites au cours des sept dernières semaines.

« Nous avons quelques scandales à résoudre, a-t-elle déclaré. Notre travail maintenant est de vraiment reconstruire la confiance avec le public. »