(Arlington) Demandez à 100 hockeyeurs – même à 1000 ou 10 000 – qui était leur joueur préféré lorsqu’ils étaient enfants. Les chances qu’ils prononcent du tac au tac le nom de Mikkel Boedker sont plutôt minces.

C’est pourtant la réponse qu’a fournie Matthew Knies, sans la moindre hésitation, au cours d’une mêlée de presse il y a quelques semaines.

Ce choix en dit plus long sur Knies que sur Boedker, attaquant qui a eu une carrière très honnête de plus de 700 matchs dans la LNH, mais qui n’a jamais franchi le plateau des 20 buts en une saison. Si le plus grand admirateur du Danois a longtemps porté le numéro 89 en son honneur, ce n’est pas seulement parce qu’il « était super rapide ». C’est aussi, et surtout, parce qu’il évoluait chez les Coyotes de l’Arizona.

Knies, qui aura 21 ans dans quelques jours, pourrait amorcer très bientôt sa première saison complète chez les professionnels avec les Maple Leafs de Toronto. Choix de deuxième tour (57e au total) en 2021, il est l’un des rares espoirs de premier plan de l’organisation à avoir fait son chemin jusqu’à la LNH depuis Auston Matthews et Mitch Marner, au milieu des années 2010.

Mais il est aussi, comme Matthews, l’un des très rares joueurs du circuit qui ont grandi en Arizona-Knies y est né, Matthews est arrivé quand il avait quelques mois-et qui y ont joué leur hockey mineur.

Il se rappelle donc comme si c’était hier les séries éliminatoires de 2012, pendant lesquelles les Coyotes, champions de la division Pacifique, ont accédé à la finale de l’Association de l’Ouest avant de baisser pavillon devant les Kings de Los Angeles.

Son cœur est évidemment à Toronto, mais il reste fidèle à ses racines lorsqu’il affirme qu’il souhaite « juste du bon » aux Coyotes, qui n’ont pas exactement connu juste du bon depuis qu’ils se sont établis dans la région de Phoenix en 1996. Jusqu’à nouvel ordre, l’équipe est coincée dans un aréna universitaire de quelque 5000 places et n’a toujours pas annoncé de projet de relocalisation, en Arizona ou ailleurs.

« Bien sûr que je veux voir l’équipe de mon enfance réussir ! », a lancé Knies, au début du mois de septembre, en marge de la Vitrine des recrues de la LNH. L’évènement, organisé conjointement par le fabricant de cartes Upper Deck et l’Association des joueurs, était présenté à Arlington, en banlieue de Washington.

« Ils sont dans la bonne direction, croit-il. En grandissant, ça signifiait beaucoup, pour moi, de pouvoir m’associer à une équipe de la LNH. C’est frustrant de voir les gens se moquer sans savoir ce que le hockey représente dans cette communauté. Si autant d’enfants jouent aujourd’hui, c’est à cause des Coyotes. Cette équipe mérite nos encouragements. »

À Toronto

Si l’on parle aujourd’hui de Matthew Knies, c’est parce qu’il représente l’une des principales attractions du camp d’entraînement des Maple Leafs.

Après avoir signé son premier contrat professionnel une fois sa saison terminée à l’Université du Minnesota, ce candidat au trophée Hobey-Baker a disputé deux matchs en saison dans l’uniforme bleu et blanc, puis sept autres en séries éliminatoires. Il a alors amassé quatre points, dont un but.

Depuis le début du camp, le voilà à trois points en deux matchs. Mercredi soir, contre les Sabres de Buffalo, il était l’ailier gauche de John Tavares.

Ses succès du moment sont légèrement éclipsés par l’engouement que suscite Easton Cowan, choix de premier tour de l’équipe au dernier repêchage. L’optimisme est néanmoins au rendez-vous en ce qui concerne Knies, qui ne tient rien pour acquis pour autant.

« Les séries m’ont permis de me familiariser avec l’équipe et avec le rythme de la LNH, mais je n’ai absolument aucune garantie de faire partie de l’équipe », a-t-il rappelé à Arlington. La pression inhérente à un marché aussi bouillant est « un privilège » pour lui.

Il n’en est, au demeurant, pas à son premier tango. Il n’avait que 19 ans lorsqu’il a été sélectionné dans l’équipe américaine en vue des Jeux olympiques de Pékin. Là aussi, il a mis de l’expérience en banque – « une expérience très cool ! », dit-il –, qui lui a donné des ailes pour la suite de sa carrière universitaire.

Avec Matthews

Le voilà aujourd’hui aux portes de la LNH, assis dans le même vestiaire qu’une autre de ses idoles de jeunesse, Auston Matthews. Il a d’ailleurs évolué sur le même trio que son compatriote arizonien le printemps dernier.

Quelques jours à peine avant la rencontre de presse ayant mené à ce reportage, Matthews venait de signer un contrat qui fera de lui le joueur le mieux payé de la LNH à compter de la saison 2024-2025.

La Presse a donc demandé à Knies, le plus simplement du monde, à quel point Matthews était bon aux yeux de ceux qui partagent la glace avec lui au quotidien.

« Pretty damn good ! », a-t-il répondu en souriant. Ou comme l’aurait dit André Dupont : « Bon en ta… »

« Je crois qu’il a mené la ligue pour les tirs bloqués chez les attaquants l’an dernier… 92, non ? », a-t-il lancé. L’affirmation est exacte, le chiffre aussi.

Ça montre qu’il n’est pas juste le meilleur buteur de la ligue, il peut aussi jouer défensivement. C’est, selon moi, le joueur le plus complet de la ligue. Il fait tout bien. Il gagne des mises en jeu, il bloque des tirs, c’est un bon leader. Il rend la vie de tout le monde plus facile.

Matthew Knies, au sujet d’Auston Matthews

On peut sourire devant le dithyrambe, qui ne fera certainement pas l’unanimité au Centre Bell, vendredi et samedi soir, alors que les Leafs seront les visiteurs.

On ne reprochera toutefois pas à un surdoué venu du désert d’en encourager un autre.