(Arlington, Virginie) Être admis à l’Université Harvard, c’est bien. Y décrocher un diplôme, c’est mieux. Le faire en jouant au hockey, c’est périlleux. Y parvenir en trois ans, c’est presque inimaginable.

Sean Farrell, attaquant du Canadien de Montréal, vient pourtant de réaliser cet exploit. Après avoir terminé ses derniers cours pendant l’été, il est désormais le détenteur d’un diplôme en économie. Le précieux document lui sera envoyé par la poste pendant l’automne.

Croisé mardi à Arlington, en banlieue de Washington, en marge de la Vitrine des recrues de la LNH, évènement organisé conjointement par le fabricant de cartes Upper Deck et l’Association des joueurs, Farrell avait la célébration sobre. « Une des raisons d’aller [à Harvard], c’est pour obtenir un diplôme, a-t-il dit, humblement. Je peux maintenant me soucier uniquement du hockey au cours de la prochaine année. »

Pour y parvenir, le natif de la région de Boston a travaillé, travaillé et encore travaillé. Avec certains de ses coéquipiers qui suivaient les mêmes cours que lui, il a « bûché », a-t-il avoué. Certains cours étaient plus faciles que d’autres ; quelques-uns ont néanmoins demandé « de longues soirées » d’études, à insérer entre les entraînements et les matchs du Crimson.

Des étudiants plus vieux l’ont par ailleurs aidé à bâtir son horaire et lui ont montré comment eux y étaient parvenus.

Cette réalisation, il ne l’a pas volée. Au cours de sa première année, il n’a passé que quelques semaines sur le campus de l’une des plus prestigieuses universités de la planète.

Lorsque la pandémie de COVID-19 a forcé l’annulation de la saison 2020-2021, il s’est envolé pour Chicago pour y retrouver le Steel, son équipe de la saison précédente dans l’USHL, circuit junior américain. Il a ainsi suivi ses cours à distance. Les deux années suivantes, il les a passées en « présentiel », en plus de suivre des cours l’été pour accélérer son cheminement.

Même si son objectif est d’accéder à la LNH le plus vite possible, son bagage universitaire lui servira de roue de secours si jamais le sport professionnel ne lui sourit pas comme il le souhaite.

« Le hockey n’est pas éternel », a rappelé, sagement, celui qui se verrait bien évoluer dans le milieu des affaires. On s’imagine bien que, le cas échéant, un diplôme de Harvard ne serait pas la pire des cartes de visite.

Compétition

Sur le plan du hockey, Farrell se retrouve dans une étrange position.

Même s’il a goûté à la LNH la saison dernière, le temps de six rencontres en toute fin de parcours, il lui sera très ardu de se tailler un poste avec le Tricolore en vue de la campagne 2023-2024.

Si Christian Dvorak devait rater les premiers matchs de la saison en raison d’une guérison tardive faisant suite à une opération à un genou, peut-être une place sera-t-elle disponible pour un joueur recrue. Le mot-clé, ici : peut-être.

L’Américain de 21 ans n’en fait pas de cas.

Mon but est de jouer à Montréal. Je vais me battre pour un poste. Je veux être de la formation du match inaugural.

Sean Farrell

Lors de son court passage dans la LNH, il n’a rien cassé. En réalité, le déficit de force et d’exécution par rapport à ses coéquipiers et ses adversaires était flagrant. Rien d’embarrassant, mais rien d’éclatant non plus.

« Le jeu est de plus en plus axé sur la vitesse et les habiletés, mais il faut être fort pour protéger la rondelle, a analysé Farrell. Ç’a été ma priorité cet été. Le printemps dernier, je n’étais pas assez fort physiquement pour réaliser des jeux comme je le voulais. »

Il a néanmoins réussi à marquer le premier but de sa carrière au Centre Bell – « je n’avais jamais entendu un aréna si bruyant » – et a apprivoisé le quotidien d’un joueur professionnel. À l’ouverture du camp d’entraînement, dans quelques jours, il sera donc en territoire connu.

Bien plus connu, par exemple, qu’à l’aube de son premier match, disputé à Philadelphie le 28 mars dernier, sans s’être entraîné une seule minute avec sa nouvelle équipe. « C’était surréel, je ne réalisais pas ce qui se passait », s’est-il remémoré, mardi.

Il sera prêt, promet-il. Et il le faudra, car la compétition sera féroce pour une unique place qui ne sera peut-être même pas disponible.

Mais Farrell est assez intelligent pour le savoir. Avec ou sans son diplôme de Harvard.