(Arlington, Virginie) « Mon cœur s’est arrêté un instant. Est-ce que c’est vraiment moi ? »

Voilà des années qu’Owen Beck a délaissé sa collection de cartes de hockey. De vieux cartables traînent toujours chez ses parents, mais personne ne les a consultés depuis des années.

Dans le cadre d’un évènement organisé par le fabricant de cartes Upper Deck, l’Ontarien a néanmoins développé quelques paquets, à tout hasard. Et parlant de hasard, il est tombé sur sa propre carte. Celle sur laquelle on le voit dans l’uniforme du Canadien, à l’occasion de l’unique match qu’il a disputé dans la LNH, en janvier dernier.

« C’était une carte bien ordinaire. Mais c’était super cool. Un beau moment. »

Beck apparaîtra sur d’autres cartes, au cours des prochaines semaines, puisqu’il était au nombre des 35 jeunes joueurs de la LNH qui ont participé à une séance de photos d’Upper Deck, mardi à Arlington, en banlieue de Washington. Le joueur de centre de 19 ans s’y est rendu en compagnie de Filip Mesar et de Sean Farrell, membres de l’organisation du Canadien comme lui.

PHOTO SIMON-OLIVIER LORANGE, LA PRESSE

Owen Beck (62), Sean Farrell (57) et Filip Mesar (48), du Canadien, ont participé à une séance de photos du fabricant de cartes de hockey Upper Deck, mardi.

Or, si la carte 2023-2024 de Beck pourrait bien se retrouver entre les mains des collectionneurs, le principal intéressé, lui, pourrait ne pas jouer dans la LNH de la saison.

Il se retrouve en effet dans une position bien inconfortable dans l’organigramme du Tricolore, lui qui est l’unique attaquant sous contrat qui ne peut pas être cédé au Rocket de Laval, dans la Ligue américaine. Puisqu’il n’a pas encore 20 ans, s’il ne décroche pas un poste au prochain camp d’entraînement, il sera plutôt renvoyé chez les Petes de Peterborough, dans la Ligue junior de l’Ontario.

Le Slovaque Filip Mesar a lui aussi 19 ans, mais il dispose d’une dérogation offerte aux joueurs européens repêchés au premier tour.

« Oui, j’y crois toujours, a insisté Beck, au cours d’une mêlée de presse. Il n’y a rien d’impossible, même si je sais que c’est très difficile d’atteindre la LNH à 19 ans. Très peu de joueurs le font. »

Les circonstances ne jouent pas en sa faveur. Sur papier, l’attaque du CH afficherait complet dès le début du camp, alors que 13 attaquants possèdent un contrat à sens unique de la LNH et qu’un autre, Jesse Ylönen, devra passer par le ballottage s’il est rétrogradé.

Si Christian Dvorak devait rater le début de la saison, advenant une guérison tardive à la suite de l’opération qu’il a subie à un genou, un rare poste pourrait s’ouvrir. Auquel cas les candidats seraient nombreux… mais ils pourraient tous être envoyés à Laval sans heurt… sauf Beck.

« Je me donne toutes les chances »

Cela étant, le choix de deuxième tour du Canadien en 2022 (33e au total) a pris une joyeuse habitude, celle de se retrouver là où on ne l’attend pas. Au camp d’entraînement de la dernière saison, il s’était présenté sans qu’aucune attente spécifique ait été fondée en lui. Il a pourtant été parmi les derniers joueurs retranchés, et il a quitté Montréal avec en poche son premier contrat de la LNH.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Owen Beck

En janvier, au cœur de l’hécatombe qui affligeait l’équipe, le Canadien a fait appel à lui pendant un court voyage à Ottawa. Et il revenait alors du Championnat mondial junior, auquel il avait aussi été invité in extremis.

Bref, bien malin celui qui prédira qu’Owen Beck n’a aucune chance de jouer avec le grand club en octobre.

Je me donne toutes les chances. J’ai passé un bon été à l’entraînement, et je veux connaître un autre bon camp. Peu importe ce que la direction décidera, c’est ce qui sera le meilleur pour mon développement, et c’est là-dessus que je vais me concentrer quand la saison commencera.

Owen Beck

Il se dit pleinement conscient que, cette fois, les attentes à son endroit seront réelles. Si le camp de l’an dernier était une « expérience » pour lui, il aurait maintenant « un but à accomplir ».

Pour y arriver, il puise dans le sac des classiques : « jouer à [sa] manière », c’est-à-dire gagner des mises au jeu et soigner son jeu dans les deux sens de la patinoire. Cela sans toutefois « trop regarder en avant ».

De toute façon, à pareille date l’an dernier, il ne s’attendait pas à signer son premier contrat professionnel, être échangé dans la Ligue de l’Ontario, participer au Mondial junior et disputer son premier match avec le Canadien. Ah oui, il a aussi participé au tournoi de la Coupe Memorial au printemps.

« C’est fou de réaliser que tout ça est arrivé dans une même saison de hockey, a-t-il souligné. Je me serais attendu à ce que ce soit plus étalé [dans le temps]. Mais c’était génial. »

Les prochaines semaines pourraient l’être aussi, même si les chances ne semblent pas de son côté. Cela, de toute façon, ne l’a jamais importuné.