Dans le cadre d’une formation, en 1998, un jeune entraîneur québécois du nom de Pascal Daoust devait écrire où il se projetait dans 10 ans. Sa réponse n’avait pas tardé : à New York.

La naissance de ses enfants l’a incité à reporter ce projet, mais il ne l’a jamais abandonné. Voilà qu’en 2023, il vient d’être nommé directeur général du futur club de New York dans la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

« Je trouve que c’est une maudite belle raison pour avoir attendu 15 ans de plus ! », s’est exclamé Daoust en parlant de sa famille, vendredi, pendant la présentation virtuelle des nouveaux DG du circuit.

Les enfants ont aujourd’hui grandi et, surtout, l’occasion s’est présentée à lui sans qu’il la sollicite vraiment. Congédié par les Foreurs de Val-d’Or en février dernier après sept saisons en Abitibi, il n’était pas à la recherche active d’un plan B dans le hockey. Il ne l’était surtout pas quand son téléphone a sonné à la fin du mois de juillet, alors qu’il se trouvait à Disney World avec sa famille.

« Ç’a commencé par une perche pour mesurer mon intérêt à retourner dans le hockey féminin », a raconté celui qui avait été entraîneur adjoint chez les Carabins de l’Université de Montréal de 2010 à 2016. Oui, son intérêt y était. On l’informait aussi qu’une nouvelle ligue prenait forme et que des postes seraient à pourvoir.

Le temps a passé, sans nouveaux développements. Et au cours des derniers jours, « tout a déboulé extrêmement vite ». À la suite d’entrevues officielles avec les dirigeants de la LPHF, le voilà à la tête de la formation new-yorkaise.

« Appelons ça la magie de Disney ! », a-t-il lancé en riant.

Défi

On le sent survolté par ce nouveau défi. « Je n’ai jamais voulu chercher de travail, mais plutôt des projets, a-t-il précisé. Et ça, on appelle ça un vrai projet. »

Le mot est faible. D’ici trois semaines, Daoust devra avoir constitué sa formation de 23 joueuses, par le truchement du repêchage et du marché des joueuses autonomes. Cela, dans un marché qui est nouveau pour lui, et qui ne sera pas nécessairement le plus attrayant pour les joueuses, qui pourraient préférer des châteaux forts comme Toronto, Montréal ou Boston, et qui pourraient aussi être refroidies par le coût de la vie dans la Grosse Pomme.

Rien de ceci ne semble altérer son enthousiasme. Il a gardé de ses années avec les Carabins un grand nombre de contacts au sein du hockey féminin. Il a aussi ses entrées dans le hockey tout court, puisqu’il travaille à la préparation de joueurs de la LNH l’été.

Il tentera de recruter des joueuses de la « Tri-State area », expression qui désigne la région de New York, du New Jersey et du Connecticut, mais pas que. Car il se délecte de la perspective de partir de zéro et d’apposer son « empreinte » à la nouvelle franchise.

On a la chance de construire notre équipe en sélectionnant les meilleures joueuses du monde. On doit être ouverts à tout.

Pascal Daoust

Il recherchera bien sûr du talent, mais aussi des joueuses engagées, motivées à jouer pour son équipe. « Je veux qu’elles soient notre plan A, mais qu’on soit leur plan A aussi », a-t-il résumé.

Pour y arriver, il devra, pour un moment, s’éloigner de sa famille, établie dans la région de Montréal, afin de jeter les bases de l’organisation au sud de la frontière. Il réévaluera plus tard la perspective d’un déménagement plus important.

De toute manière, la route ne l’a jamais effrayé. « À l’époque [des Foreurs], je disais toujours qu’en faisant cinq heures de route, c’est Val-d’Or au nord ou New York au sud, a-t-il imagé. Le hasard fait en sorte que la nouvelle occasion soit à New York. C’est un privilège exceptionnel d’avoir ce poste-là. Je le prends à bras ouverts. »

L’histoire lui apprendra sans doute que c’est un petit peu plus que cinq heures de route. Mais ce n’est pas grand-chose quand on a la chance de toucher à un objectif vieux d’un quart de siècle.