Un Autrichien de 18 ans qui débarque dans un environnement de la LNH n’y compte pas nécessairement des tonnes de visages familiers. C’était le cas de David Reinbacher.

Le premier choix du Canadien au dernier repêchage avait néanmoins un ami : Vinzenz Rohrer, un compatriote que le Tricolore a repêché au 75rang l’an dernier. Alors un soir avant le début du camp de développement, les deux Autrichiens ont renoué.

« Je l’ai attendu dans le lobby. On est sortis souper, et on se disait : on est là à manger du steak ensemble à Montréal, et on vient de même petit coin en Autriche. C’est fou. En ajoutant Marco Rossi, on est trois espoirs de la LNH dans un rayon de 15 minutes ! »

Reinbacher vient de Lustenau et Rohrer, de Rankweil. À peine 19 km séparent les deux localités de la province de Vorarlberg, qui partage une frontière commune avec la Suisse.

« Je le connais depuis que j’ai 7 ans, a estimé Reinbacher. On a joué ensemble dans l’équipe nationale. On a parlé d’à quel point c’est fou de se retrouver dans la même franchise. »

Le hockey connaît une certaine effervescence au pays de Mozart, Schubert et Falco. De 2007 à 2019, seulement deux Autrichiens de naissance ont été repêchés, mais aucun des deux (Andre Burakovsky et Marko Dano) ne représente le pays à l’international. Or, dans les quatre derniers repêchages, six Autrichiens ont trouvé preneur et les six portent les couleurs de la sélection nationale. Trois d’entre eux (Reinbacher, Rossi et Marco Kasper) ont été réclamés dans le top 10.

Si ces athlètes sont fiers de représenter leur pays, ils ont néanmoins dû s’exiler en bas âge. « L’Autriche n’aimera pas ça, mais si on exclut Marco Kasper, on a tous joué une bonne partie de notre vie en Suisse, souligne Rohrer. On vivait près de la frontière. Jouer à ce niveau fait une grande différence. Je pense que ça nous a aidés. »

« Mais Kasper a joué ici jusqu’à 14 ans avant de partir en Suède. Donc lui a réussi à faire son chemin dans le système autrichien. Mais c’est dur d’y rester tout le long. »

Direction Zurich

Parlant d’exil, Rohrer doit encore plier bagage. L’attaquant a passé les deux dernières saisons avec les 67 d’Ottawa, dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL), mais il a signé un contrat pour disputer les deux prochaines années chez les Lions de Zurich, en ligue nationale suisse.

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Vinzenz Rohrer lors du repêchage

« J’ai ma licence de joueur suisse, donc je ne compte pas comme un des six étrangers, a détaillé Rohrer. Ça me donne cette chance. Et je me dis qu’un nouveau défi, c’est bien. »

Rohrer aura 19 ans en septembre. Il arrivait donc au point où il aurait droit à un temps de jeu optimal dans le junior. Mais il préfère tenter sa chance dans les rangs professionnels.

« Je devrai tout donner, car je n’ai pas de compte en banque avec l’entraîneur là-bas, admet le charismatique jeune homme. Je ne sais pas quel rôle j’aurai, mais ils m’ont dit qu’ils ont besoin de production secondaire. L’an passé, si leur premier trio ne marquait pas, les autres trios ne produisaient pas beaucoup d’attaque. »

Rohrer a affiché une certaine progression offensive la saison dernière, amassant 49 points en 54 matchs, après une campagne de 48 points en 64 rencontres.

L’espoir du CH entend aussi poursuivre les cours de français qu’il a amorcés à Ottawa. Il a d’ailleurs pu échanger quelques formules de politesse en français avec les journalistes, dimanche.

Mailloux : pas de rencontre encore

Logan Mailloux est au nombre des 37 joueurs qui participent au camp de développement. L’ancien choix de 1er tour du CH a foulé la patinoire en compagnie des autres défenseurs sur une des patinoires, tandis que les attaquants occupaient l’autre surface. Les médias n’ont toutefois pas pu s’entretenir avec lui. Le Tricolore a expliqué que Mailloux n’accordera pas d’entrevue tant qu’il n’aura pas reçu le feu vert du commissaire de la LNH, Gary Bettman, qui avait dit il y a un mois qu’il souhaitait avoir une rencontre avec le jeune homme avant de l’autoriser à jouer. Mailloux devrait théoriquement amorcer sa carrière professionnelle cet automne, vraisemblablement à Laval, à moins qu’il ne cause une surprise.

Mesar à Laval

Restons avec les choix de 1er tour. Filip Mesar, choisi au 26e rang l’an dernier, a indiqué qu’il espère amorcer la prochaine saison avec le Rocket de Laval. L’attaquant slovaque jouait en première division slovaque quand le CH l’a repêché, et a passé la campagne 2022-2023 avec les Rangers de Kitchener, dans l’OHL. S’il était nord-américain, il n’aurait pas ce luxe, puisqu’il a 19 ans, mais comme il évoluait en Europe lors de son repêchage, il pourra jouer dans la Ligue américaine.

Le frère de l’autre

Un deuxième Xhekaj s’est joint à l’organisation du Canadien quand l’équipe a repêché Florian Xhekaj, le frère d’Arber, jeudi, au 101e rang. L’attaquant en était à sa deuxième année d’admissibilité, et ses 25 points en 68 matchs faisaient en sorte qu’il n’était pas nécessairement attendu au 4e tour. D’ailleurs, il était au gym pendant le repêchage, car il voulait se « changer les idées ». Florian Xhekaj n’a pas vraiment de ressemblance physique avec son frère et à 183 lb, il concède 55 lb à son frangin. Mais ses 76 minutes de pénalité rappellent qu’il aime lui aussi le jeu rude. Et ses intonations sont clairement de famille !