Ce n’est pas précisément une surprise, mais le séjour de Jonathan Drouin à Montréal est terminé.

Il a accepté un contrat d’un an pour aller rejoindre son ancien coéquipier des Mooseheads d’Halifax Nathan MacKinnon chez l’Avalanche du Colorado. Il empochera 825 000 $, selon le site The Athletic.

Drouin était libre comme l’air en ce 1er juillet, maintenant que le contrat de six ans qu’il a signé à son arrivée à Montréal était arrivé à échéance.

En visioconférence, le directeur général de l’Avalanche, Chris MacFarland, a confirmé que ce n’était pas un hasard si Drouin aboutissait avec son ancien frère d’armes. MacFarland a qualifié MacKinnon de « membre honoraire de l’équipe de recruteurs » au sujet de Drouin, avec qui il a joué pendant un an et demi, il y a 10 ans.

Je peux facilement l’imaginer obtenir une chance avec MacKinnon, [Ryan] Johansen, ou peu importe ce que [l’entraîneur-chef Jared Bednar] veut voir. Mais il devra le mériter.

Chris MacFarland, directeur général de l’Avalanche

« Avec ses outils, Drouin pourra bien cadrer avec nos autres joueurs de talent, a mentionné MacFarland. Ses mains et ses talents de fabricant de jeux ne sont toutefois pas une inquiétude. »

Des hauts et des bas

Le séjour de Drouin à Montréal aura été tumultueux. Les attentes à l’égard d’un joueur qui venait d’amasser 53 points en 73 matchs à Tampa, à 21 ans, étaient élevées, et elles étaient symbolisées par l’entente de 33 millions de dollars (valeur annuelle moyenne de 5,5 millions) qu’il a acceptée en arrivant chez le CH, en retour du prometteur Mikhail Sergachev.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

En six saisons à Montréal, Jonathan Drouin a disputé 321 matchs, récoltant au passage 186 points.

« En cinq ans, l’occasion de mettre la main sur un joueur de ce calibre ne s’était jamais présentée, avait dit le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, le 15 juin 2017, jour de la transaction. Je ne pouvais pas la laisser passer. »

Les deux premières années laissent croire à une transaction fructueuse des deux côtés. Après une campagne 2017-2018 à oublier, Drouin et le CH rebondissent la saison suivante. Le 7 février 2019, Drouin s’offre une performance étincelante de deux buts et deux passes contre les Jets. Le Québécois occupe alors le 2rang de l’équipe avec 46 points en 55 matchs, soit une projection de 68 points sur 82 matchs. Il doit toutefois se contenter de 6 points dans les 26 matchs suivants.

Retour en force l’automne suivant. Drouin compte 15 points après 18 premières rencontres. Le 26 octobre, il inscrit 2 buts dans un gain de 5-2 du CH contre Toronto, au Centre Bell, une soirée que Drouin a décrite, au bilan de fin de saison en avril, comme son « plus beau souvenir » à Montréal. « La foule avait crié mon nom, j’avais été nommé première étoile. Je vais me rappeler cette soirée pendant un bout. » Mais il se blesse à un poignet à son 19match, à Washington, et doit être opéré.

Depuis cet incident, Drouin a été opéré à l’autre poignet, et il a aussi raté la fin de la saison 2021 en raison de troubles d’anxiété. Mais la première blessure à un poignet marque réellement un « avant » et un « après », comme Drouin lui-même l’a admis lors du bilan de fin de saison en avril dernier.

« J’ai eu quelques cauchemars cette année-là, a-t-il avoué. C’est l’année où les blessures ont commencé. Je n’avais jamais été blessé comme ça dans ma carrière. Il y a encore des jours où je me lève et je pense à ce jour-là à Washington. Ça allait super bien, on était en position de participer aux séries et ça allait bien personnellement. Mais ça fait partie du hockey. »

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Jonathan Drouin lors du bilan de fin de saison, en avril dernier

Depuis ce fameux vendredi soir de novembre 2019, il n’a cumulé que 72 points, dont seulement 10 buts, en 144 matchs. La chute de son nombre de buts coïncide d’ailleurs avec le début de ses ennuis aux poignets.

Cette saison, son temps d’utilisation moyen a chuté sous les 15 minutes (14 min 54 s) pour la première fois en six ans à Montréal. En fin de campagne, il a aussi fait la manchette quand il a été cloué au banc pour la totalité du match du 18 mars, à Tampa, parce qu’il était arrivé en retard à une réunion d’équipe.

Dès son arrivée, Drouin a toutefois tenté d’avoir aussi un impact à l’extérieur de la patinoire. Dès septembre 2017, il est devenu ambassadeur de la Fondation du CHUM. Au cours de cette période, la fondation a organisé cinq tournois de golf portant le nom du numéro 27.

Transaction perdue

Au fil des années, il est donc devenu clair que le Tricolore ne gagnerait pas au change en sacrifiant Sergachev pour l’obtenir. De plus, Bergevin souhaitait à l’origine que Drouin devienne le centre de premier trio tant recherché. C’est plutôt à l’aile qu’il a connu ses meilleurs moments.

En 321 matchs avec Montréal, il a inscrit 186 points (48 buts, 138 passes). Son différentiel de -77 est le pire pour la période 2017-2023 chez le Canadien, devant Nick Suzuki (-62).

Pendant ce temps, Sergachev a pris son envol. Depuis quatre ans, il joue plus de 20 minutes par match en moyenne, et en a joué près de 24 cette saison. Sa production offensive augmente aussi progressivement, et il a amassé 64 points en 79 matchs cette saison, ce qui lui vaut le 10rang des défenseurs de la LNH.