Des organisateurs et investisseurs ont annoncé vendredi leur intention de lancer en janvier une nouvelle ligue professionnelle de hockey féminin qui, espèrent-ils, offrira aux meilleures joueuses un environnement stable et économiquement durable pour les années à venir.

La ligue nord-américaine devrait commencer avec six équipes – trois aux États-Unis et trois au Canada – selon une personne au fait des plans de la ligue. Cette personne a parlé à l’Associated Press sous le couvert de l’anonymat, car les détails n’ont pas été rendus publics.

Il reste encore des questions sans réponse – où les équipes joueront-elles, le modèle économique fonctionnera-t-il après l’échec des ligues précédentes, y aura-t-il un accord de diffusion – mais un cadre initial est en place alors que la nouvelle ligue s’apprête à rejoindre un paysage sportif encombré. Le projet bénéficie également d’un soutien financier important : Mark Walter, copropriétaire des Dodgers de Los Angeles, et son épouse Kimbra, Stan Kasten, président de l’équipe, et Billie Jean King, légende du tennis, participeront à la gestion de la ligue.

« Je ne pense pas qu’il y ait de moment plus important pour le sport depuis que le hockey sur glace féminin est devenu un sport olympique en 1998, a déclaré Reagan Carey, commissaire de la Premier hockey federation (PHF). Je pense que cela changera à jamais le paysage de notre sport, et certainement pour le mieux. »

L’accord met fin à une longue impasse entre la PHF, qui compte sept équipes, et l’Association des joueuses de hockey professionnel (PWHPA). Ce dernier groupe comprend Kendall Coyne Schofield, Sarah Nurse, Hilary Knight, Marie-Philip Poulin et de nombreuses autres joueuses de l’équipe nationale américaine et canadienne qui ne voulaient pas rejoindre la PHF, dont les actifs ont été achetés par la société de Walter.

« Nous ne célébrons pas la dissolution d’une ligue, a déclaré Sarah Nurse, qui a aidé le Canada à remporter l’or olympique l’année dernière. Nous sommes ravies de pouvoir continuer à avancer ensemble avec une ligue que le hockey féminin n’a jamais connue auparavant. Ce projet a nécessité beaucoup de travail et de temps, et nous sommes ravis de voir qu’il porte ses fruits. »

L’accord pourrait également amener la Ligue nationale de hockey à s’asseoir à la table des négociations, peut-être de la même manière que la NBA soutient la WNBA. Le commissaire Gary Bettman a déclaré que la LNH ne voulait pas s’impliquer dans un conflit entre les ligues et qu’elle en soutiendrait une seule.

« La Ligue nationale de hockey félicite l’Association des joueuses de hockey professionnel et la PHF pour leur accord, a déclaré la LNH. Nous avons déjà entamé des discussions avec les représentants de ce groupe unifié sur la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour continuer à développer le sport féminin. »

Kasten a déclaré avoir appelé Bettman pour lui annoncer la nouvelle, qui a été accueillie avec satisfaction et enthousiasme.

« Il nous a proposé toute l’aide qu’il pouvait nous apporter, a déclaré Kasten. Nous allons l’accepter. Cela va nous aider à faciliter notre parcours, car nous jouons en janvier et j’ai beaucoup de choses à faire d’ici là. Je n’ai même pas encore de nom pour cette ligue. »

La PWHPA a travaillé avec le Mark Walter Group et Billie Jean King Enterprises au cours des 14 derniers mois sur ce nouveau projet. Dans un communiqué, Billie Jean King a déclaré qu’il s’agissait « d’une occasion extraordinaire de faire progresser le sport féminin ».

Le travail à faire

La nouvelle ligue devrait rassembler les joueuses les plus accomplies d’Amérique du Nord ainsi que des joueuses d’Europe et d’Asie qui ont joué dans la PHF. Carey et Jayna Hefford, dirigeante de la PWHPA, devraient jouer un rôle de premier plan.

« C’est exactement ce que nous avions imaginé, voire mieux, a déclaré Mme Hefford. Il a fallu travailler dur pour en arriver là et relever des défis à certains moments, mais je suis très heureuse pour les joueuses qui ont tenu bon et qui ont vraiment fait en sorte que cela se produise. »

La PWHPA, qui a été accréditée en tant que syndicat au printemps, a achevé les négociations sur une convention collective. Un contrat de travail de 62 pages a été présenté aux membres de la PWHPA jeudi soir, et elles ont jusqu’à dimanche soir pour le ratifier, ainsi que les statuts de la nouvelle ligue.

S’il est approuvé, l’accord s’étendra jusqu’en 2031 et prévoit une fourchette de salaires de 35 000 à 80 000 dollars pour les joueuses inscrites sur les listes actives. Les listes devraient comprendre 23 joueurs.

Parmi les nombreuses questions qui doivent être réglées, il y a celle de l’endroit où les six équipes joueront. La PHF, qui a récemment doublé le plafond salarial de chaque équipe à 1,5 million de dollars, en avait sept – à Boston, Toronto et Montréal, ainsi qu’à East Rutherford (New Jersey), Hartford (Connecticut), Buffalo (New York) et Richfield (Minnesota).

Les principaux sites envisagés pour la nouvelle ligue sont Washington, Pittsburgh, Philadelphie, Boston, New York, Toronto, Montréal, Ottawa et London (Ontario), selon l’une des personnes qui a parlé à AP.

À ce sujet, Kevin Raphaël, le président de la Force de Montréal, membre de la PHF, a fait savoir « qu’on n’a pas encore de direction par rapport à ce qui s’en vient. On attend et on reste patients pour la suite des choses. On devrait en savoir plus au courant des prochains jours. »

Kasten a déclaré que la ligue attendait au moins un mois avant de publier les détails – dont beaucoup sont encore en cours d’élaboration.

« Nous allons bientôt choisir un nom, nous allons avoir un logo, nous allons choisir nos villes, nous allons choisir nos sites, nous allons sortir notre calendrier », a déclaré Kasten.

En attendant, les contrats des joueuses de la PHF ont été annulés, bien qu’un accord ait été conclu pour payer à celles qui sont sous contrat une partie de leur salaire jusqu’en septembre. Une source a précisé que les joueuses recevraient la moitié de leur salaire ou 5000 dollars, le montant le plus élevé des deux, et qu’un million de dollars seraient alloués à celles qui ne feraient pas partie de l’une des nouvelles équipes.

Le hockey professionnel féminin nord-américain a vu des ligues se succéder, la Ligue canadienne de hockey féminin (CWHL) fermant ses portes en 2019 après 12 saisons au cours desquelles certaines des meilleures joueuses du monde ont pu démontrer leur savoir-faire. Dani Rylan Kearney a lancé la Ligue nationale de hockey féminin en 2015 en tant que ligue à quatre équipes financée par des investisseurs, mais elle a connu des difficultés à certains moments et a ensuite été rebaptisée PHF.

La PWHPA a été créée en 2019 dans la foulée de la disparition de la CWHL. Ses membres ont refusé de rejoindre la NWHL et ont préféré poursuivre leur vision d’une ligue dotée d’un modèle économique durable et d’une meilleure rémunération.