On comptera un nouveau visage québécois dans la confrérie des entraîneurs de la Ligue américaine : celui de Stéphane Julien, embauché comme adjoint chez les Griffins de Grand Rapids.

Julien ne s’attendait toutefois pas à aboutir de cette façon dans le club-école des Red Wings de Detroit. Il avait en effet postulé pour devenir entraîneur-chef. Lui et Dan Watson étaient les deux derniers candidats en lutte. « J’étais pas mal sûr d’avoir la job », admet Julien.

Sauf que Watson a été l’heureux élu. Et c’est ici que l’histoire prend une tournure inattendue. « Humblement, le lendemain, Dan m’a demandé si je voulais venir comme adjoint. Ça prend beaucoup d’humilité pour faire ça ! Je ne l’avais pas vu venir », raconte Julien.

Notre homme quitte donc le Phœnix de Sherbrooke, la seule équipe où il a coaché jusqu’ici, à l’exception de ses mandats à court terme avec Hockey Canada. « J’avais de bonnes conditions à Sherbrooke, on avait bâti un bon programme », dit-il avec fierté.

Mais j’arrivais à une autre étape, avec nos succès des dernières années à Sherbrooke, la médaille d’or avec Équipe Canada à Hlinka-Gretzky et au U20. Au hockey, quand la fenêtre est ouverte, quand tu as du succès, tu dois en profiter.

Stéphane Julien

Julien s’était donc lancé dans quatre autres processus d’embauche chez les pros, mais pas à Grand Rapids. Les autres, c’était « différent, plus froid ».

À l’inverse, les Red Wings des années 2000 (Steve Yzerman, Kris Draper, Dan Cleary et Nicklas Lidström), en plus de Shawn Horcoff, le seul du lot qui n’a jamais joué à Detroit, dégageaient quelque chose qui plaisait à Julien. Ce sont d’ailleurs eux qui ont fait les premiers pas.

« Ils veulent développer les entraîneurs à l’interne, détaille-t-il. Ils ont eu plusieurs coachs qui sont montés dans la LNH après être passés par Grand Rapids. J’aime aussi l’encadrement qu’ils veulent nous donner. »

Le simple fait que les Wings aient voulu l’engager en a dit long à Julien. Ce dernier a en effet une expérience très limitée du hockey professionnel nord-américain. Comme joueur, une fois sa carrière junior terminée, il a disputé une seule saison dans l’ECHL, en 1996-1997, avant de s’exiler en Europe, où il a joué de 1997 à 2012. Depuis son retour en Amérique, il a seulement travaillé pour Sherbrooke.

« Dans les entrevues, ça accrochait un peu. Les équipes reconnaissaient mon expérience de coach, mais trouvaient que je n’avais pas d’expérience de pro dans l’Amérique du Nord. »

Et avec Grand Rapids, ça accrochait ? « Si oui, je ne l’ai pas senti. Mais ils ont fait confiance à un gars, Dan, qui était avec leur filiale de l’ECHL depuis des années. Pour moi, ça montre qu’ils font réellement confiance à leur propre monde. »

Devoir accompli

Julien quitte Sherbrooke avec le sentiment du devoir accompli. Le Phœnix a atteint le carré d’as lors des deux dernières saisons, et formait la meilleure équipe des trois circuits juniors canadiens lorsque la pandémie a éclaté en mars 2020.

De façon individuelle, quatre de ses protégés, dont l’espoir du Canadien Joshua Roy, ont été sélectionnés dans les quatre derniers repêchages. Cette année, ce sera au tour d’Ethan Gauthier, un potentiel choix de premier tour, sans oublier la possibilité que Milo Roelens, un joueur de 20 ans, soit lui aussi sélectionné.

« Quand je suis arrivé, on avait de la difficulté. Ce que j’ai le plus aimé, c’est d’avoir développé un programme solide, d’avoir développé des joueurs qui se cherchaient ailleurs, comme Roy et [Cole] Huckins.

« Ça, c’est la culture que Jocelyn [Thibault] et moi avons montée. C’est un sentiment d’appartenance à Sherbrooke. Les agents nous appellent pour placer leurs joueurs chez nous. Ce n’est pas gênant de laisser les clés à quelqu’un d’autre. »