« Il y a beaucoup d’appels que je n’aurais pas pris, mais quand Julien BriseBois appelle, je pense que tu réponds. »

C’est une belle fleur que Joël Bouchard a faite à son nouveau patron, mais le compliment en dit également long sur Bouchard lui-même et sur où il en est dans sa carrière.

Le Crunch de Syracuse a annoncé lundi la nomination de Bouchard comme entraîneur-chef. Le club-école du Lightning de Tampa Bay a également embauché Daniel Jacob, fidèle acolyte de Bouchard, comme entraîneur adjoint.

« Le Lightning est une organisation de marque. Dan et moi sommes choyés d’avoir eu l’appel. Ce qu’ils ont accompli dans la Ligue nationale et la Ligue américaine, c’est exceptionnel. La discussion avec Julien, c’était : “Viens-t’en et fais ce que tu fais.” Juste un appel pour retourner derrière le banc sans être à l’aise… je ne suis pas là dans ma carrière. »

Bouchard a passé la dernière saison loin des bancs de hockey. Toujours copropriétaire et vice-président, opérations hockey, de l’Armada de Blainville-Boisbriand, il a également œuvré comme analyste à TVA Sports. Le voici maintenant qui amorce un troisième mandat dans la LAH. Il a dirigé le Rocket de Laval pendant trois ans, avant un séjour d’une seule saison avec la filiale des Ducks d’Anaheim, les Gulls de San Diego.

Il est difficile de mesurer ses succès avec le rendement en séries, car il n’y a pas eu de tournoi éliminatoire dans deux de ses quatre saisons derrière le banc. Sur le plan individuel, Jake Evans, Michael Pezzetta et Rafaël Harvey-Pinard sont les principaux joueurs qu’il a dirigés et qui se sont établis à temps plein dans la LNH.

Cela dit, après deux courts arrêts, sent-il une pression pour que son emploi avec le Crunch soit plus durable ?

« La Ligue américaine est très différente des autres ligues, explique-t-il. Je ne suis pas parti de Laval parce que je n’étais pas heureux. J’avais une offre extraordinaire avec Anaheim, mais c’est une occasion qui a changé pour les raisons qu’on connaît [le directeur général de l’époque, Bob Murray, a démissionné en début de saison].

« À Laval, j’étais avec une équipe que je connaissais bien et on a eu une belle progression, la dernière année avait été extraordinaire. À San Diego, c’était du monde que je connaissais moins, on a dû faire jouer des défenseurs à l’attaque, et certains soirs, on avait 18 joueurs au lieu de 20. Ce n’était pas facile, sans DG pendant plusieurs mois. Avec Dan et Max [Talbot], on n’est pas tombés dans les excuses avec, on a dit qu’on allait faire du mieux qu’on peut. Et on est partis des bas-fonds pour remonter. »

D’un ami à l’autre

Bouchard ne débarque pas seul à Syracuse, puisque Daniel Jacob le suivra de nouveau. Jacob a été l’adjoint de Bouchard à Laval, à San Diego de même qu’avec l’Armada, de 2014 à 2018.

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Daniel Jacob

« On parle le même langage, a imagé Bouchard. Daniel est capable de me challenger, c’est un gars brillant, qui amène une belle énergie dans l’équipe, avec beaucoup de compétences, qui comprend comment j’aime que les choses fonctionnent. On a une belle progression en duo. »

À San Diego, il a été incroyable. La situation était différente, mais il m’a montré son grand talent. Il est très en demande au Québec.

Joël Bouchard, au sujet de son adjoint Daniel Jacob

L’annonce du jour vient toutefois avec une certaine intrigue. Bouchard succède en effet à Benoît Groulx, mais dans le communiqué, le Crunch précise que Groulx se verra offrir « un autre poste dans l’organisation ». Groulx dirigeait le Crunch depuis 2016. Éric Veilleux et Gilles Bouchard, les adjoints de Groulx, quittent quant à eux l’organisation.

Et Groulx est aussi un bon ami de Bouchard. Ce dernier a dirigé le fils de Groulx, Benoît-Olivier, à San Diego, mais les relations sont encore plus profondes, puisque Benoît Groulx demeure dans le condo de Bouchard en été.

« Julien prend les décisions qu’il doit prendre. Ce sont trois gars de calibre de la Ligue américaine. Éric et Gilles sont des entraîneurs hors pair. Ben a fait de quoi d’assez extraordinaire à Syracuse. Regardez le nombre de gars qui sont passés ici et qui ont aidé Tampa à gagner la Coupe. Je n’ai aucune inquiétude pour eux, car ce sont de bons coachs. »

Il sera intéressant de voir si Groulx, après sept ans dans la Ligue américaine, pourra accéder à la LNH cet été. L’été dernier, des rumeurs persistantes l’envoyaient rejoindre son bon ami André Tourigny chez les Coyotes de l’Arizona, mais rien ne s’était matérialisé.

La valse des entraîneurs

Décidément, l’été 2023 sera l’été de tous les changements dans le milieu des entraîneurs francophones. En plus des mouvements de personnel évoqués ci-dessus, Stéphane Julien a été embauché comme adjoint chez les Griffins de Grand Rapids, club-école des Red Wings de Detroit. Dans la LHJMQ, Sylvain Favreau a démissionné de son poste d’entraîneur-chef des Mooseheads d’Halifax après six saisons. Selon le décompte du confrère de RDS Stéphane Leroux, on compte présentement huit postes d’entraîneur-chef vacants dans la LHJMQ.