Bien malin celui qui, cette année, peut prédire le choix du Canadien au cinquième rang du repêchage. Contrairement à l’an dernier, où il détenait le premier choix, le CH cette fois est tributaire des décisions de quatre équipes devant lui.

À moins d’une surprise, Connor Bedard, Adam Fantilli et Leo Carlsson devraient constituer les trois premiers choix - pas nécessairement dans l’ordre dans le cas de Fantilli et Carlsson, le 28 juin.

Il faut néanmoins toujours garder en tête la possibilité d’assister à des coups de théâtre. L’an dernier par exemple, personne ou presque ne voyait Shane Wright aboutir à Seattle au quatrième rang.

Le joueur clé demeure Matvei Michkov. Le jeune homme vient d’ailleurs de confirmer sa présence au repêchage à Nashville, mais refuserait de parler à certaines équipes, selon l’éminent confrère Elliotte Friedman.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA KHL

L’attaquant russe Matvei Michkov

Parmi les aspects moins attrayants dans son cas, Michkov est sous contrat en KHL jusqu’en 2026. Il pourrait très bien aussi signer une prolongation de contrat en Russie à l’expiration de son entente, comme Kirill Kaprizov, la vedette du Wild, l’avait fait à l’époque.

Ses détracteurs lui reprochent aussi son caractère individualiste, des frictions avec ses coéquipiers, un entourage hyper contrôlant et un désintérêt marqué pour les tâches défensives.

Le décès tragique cet hiver de son paternel, toujours présent dans les estrades, même lors des entraînements, parfois même avec le directeur général de l’équipe, aura des effets, dans un sens ou dans l’autre.

Malgré ses travers, Michkov, un ailier, possède un talent fou. Non seulement des instincts de marqueurs rares, mais une vision du jeu largement supérieure à la moyenne. Son style de jeu n’est pas sans rappeler celui de Nikita Kucherov.

Le gestionnaire d’un club de la LNH sondé mercredi a confié qu’il n’hésiterait probablement pas à le choisir avec un choix dans le top cinq. Mais tous ne sont pas du même avis.

Une équipe déjà dotée d’un bon contingent russe pourrait se laisser tenter plus facilement. Les Ducks d’Anaheim, détenteurs du deuxième choix, ont repêché un Russe au premier tour, au dixième rang, le défenseur Pavel Mintyukov. Celui-ci jouait néanmoins déjà en Amérique du Nord depuis deux ans, dans la Ligue junior de l’Ontario, et n’est pas lié par contrat à la KHL. Les Ducks comptent déjà deux jeunes centres de premier plan, Trevor Zegras et Mason McTavish et pourraient se permettre de repêcher un ailier, quoique Fantilli et Carlsson peuvent aussi jouer sur les flancs.

Les Blue Jackets de Columbus, troisième à se prononcer, ont repêché un attaquant russe de la KHL, Yegor Chinakhov, au premier tour, 21e au total en 2020, et Kirill Marchenko au deuxième tour en 2018. Les deux ont déjà rejoint l’organisation. Mais le DG Jarmo Kekalainen vient d’accélérer son processus de reconstruction. Voudra-t-il patienter jusqu’en 2026 avant d’accueillir son premier choix ?

Les Sharks vivent une reconstruction. Ils ne sont pas pressés de gagner. Ils pourraient se permettre de choisir un joueur encore loin d’atteindre la LNH. En l’occurrence Michkov. San Jose n’a pas repêché directement de Russie lors des trois premiers tours depuis Andrei Zyuzin en 1996. Ils ont néanmoins changé de patron quelques fois depuis.

La sélection de Michkov dans le top trois ou quatre ouvrirait évidemment les scénarios intéressants pour le Canadien. Mais pour l’instant, fions-nous aux échos du milieu. Après Bedard, Fantilli et Carlsson, donc, resteraient Will Smith, Matvei Michkov, David Reinbacher et, pour certains, Ryan Leonard.

Malgré d’extraordinaires aptitudes individuelles, Michkov ne semble pas avoir le profil pour plaire à la direction du Canadien. Celle-ci cherche dans ses joueurs du talent, évidemment, mais une ouverture à la collectivité, de l’abnégation, une volonté d’apprendre et de remettre en question son style et ses méthodes de jeu pour les besoins de la cause.

Smith demeure un joueur doté d’instincts offensifs rares. Ce centre droitier de 6 pieds et 181 livres vient d’amasser 127 points, dont 51 buts, en 60 matchs au sein du programme de développement américain. Logan Cooley, troisième choix au total l’an dernier, en avait obtenu 75, dont 27 buts, en 51 matchs au sein de la même équipe à son année d’admissibilité.

PHOTO JEFFREY T. BARNES, ASSOCIATED PRESS

Will Smith

Ce jeune homme est en outre associé au directeur général Kent Hughes. Celui-ci l’a dirigé étant jeune et lui a même servi de conseiller au sein de son agence jusqu’à son embauche par le CH.

Will Smith n’est pas un Patrice Bergeron en puissance en termes de jeu défensif, mais il pourrait très bien aussi être employé à l’aile dans la Ligue nationale. Montréal est bien nanti au centre pour la prochaine décennie avec Nick Suzuki, Kirby Dach et peut-être Owen Beck.

L’Autrichien David Reinbacher est un grand défenseur droitier autrichien de 6 pieds 2 pouces et 185 livres. Il possède une bonne mobilité, montre déjà beaucoup de maturité au chapitre défensif et n’est pas dénué d’aptitudes offensives. Il a du chien à revendre.

Ce jeune homme joue déjà dans les rangs professionnels, à Kloten, dans la Ligue nationale suisse, où il a amassé 22 points en 43 matchs l’an dernier. Il a aussi participé au Championnat du monde récemment. Il a été le seul de sa cuvée à le faire avec Leo Carlsson et Adam Fantilli.

Ses admirateurs voient en lui un éventuel défenseur numéro un dans la Ligue nationale et certains n’hésitent pas à le comparer au jeune défenseur droitier des Red Wings Moritz Seider. Ses détracteurs voient un plafond offensif trop bas pour en faire un numéro un.

Reinbacher demeure toutefois un choix plutôt sûr, dans le pire des cas un défenseur de top quatre, et capable au mieux d’être un incontournable en défense. Son statut lui permettrait aussi de rejoindre dès la prochaine saison le club-école de l’équipe qui le repêchera, à l’instar de Simon Nemec et David Jiricek l’an dernier.

Ryan Leonard ne manque pas de caractère. L’ailier droit de Will Smith est devenu populaire à Montréal ces dernières semaines à la suite des commentaires élogieux de Kent Hughes, mais celui-ci n’est pas né de la dernière pluie et n’aurait pas mis ainsi la puce à l’oreille de ses rivaux s’il avait voulu en faire un secret bien gardé.

Combien en coûte-t-il pour passer du 5e au 2e rang ?

Un gestionnaire d’un club de la LNH a eu la générosité de nous partager sa grille d’analyse sur le prix à payer pour passer du cinquième au deuxième rang. La plupart des équipes de la Ligue nationale s’y réfèrent et chaque rang au repêchage est coté selon le taux de succès des années antérieures à ce rang.

L’écart entre le taux de succès d’un deuxième choix et d’un cinquième, moins grand qu’on pourrait se l’imaginer, a un prix bien défini : un choix de fin de premier tour ou de début de deuxième tour. Le 31e choix du Canadien, obtenu dans la transaction de Ben Chiarot, pourrait suffire selon les barèmes établis.

L’écart entre le cinquième choix au total et le quatrième est minime, à peine 1 % d’écart dans le taux de succès. Une équipe désireuse de grimper d’un rang à cette étape du repêchage ne devrait pas avoir à céder un choix de premier ou deuxième tour pour avancer d’une place.

Malgré tout, ce type d’échange demeure très rare au sommet. On n’a pas vu un club doté d’un choix dans le top quatre accepter de reculer de quelques rangs depuis les Blue Jackets de Columbus en 2004.

Il faudrait que les Ducks d’Anaheim, par exemple, évaluent quatre espoirs de façon presque équitable pour accepter un tel marché, ou par exemple lorgnent un Michkov en ayant la conviction qu’il soit encore disponible au cinquième rang.

Ne retenez donc pas votre souffle.

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