Alors que la Coupe Stanley pourrait être brandie dès mardi, après que les Golden Knights de Vegas se sont approchés à une seule victoire du titre, on commencera inévitablement à remue-méninger pour désigner un gagnant du trophée Conn-Smythe.

Si les Chevaliers l’emportent, Jonathan Marchessault sera impossible à ignorer. Le voilà au premier rang des pointeurs de la ligue en séries éliminatoires, et ses 13 buts le placent tout près du sommet des 25 dernières années pour un seul printemps (15). On regardera aussi, logiquement, vers son joueur de centre Jack Eichel ainsi que vers le capitaine Mark Stone, superbe en finale.

Or, à la lumière d’une autre performance splendide, pourra-t-on vraiment lever le nez sur Adin Hill ? Dans cette victoire de 3-2 de son équipe, samedi, il n’a pas été parfait, mais pas loin.

Si l’on avait été au soccer, le premier but des Panthers aurait été comptabilisé « contre son camp », après que la rondelle eut dévié sur deux joueurs de Vegas pour aboutir au fond du filet.

PHOTO REBECCA BLACKWELL, ASSOCIATED PRESS

Le gardien Adin Hill (33) fait l’arrêt devant Colin White (6) des Panthers de la Floride.

Sur le deuxième but, le long déplacement latéral de Hill pouvait avoir l’air un peu traînant, mais la perfection, Aleksander Barkov la lui a servie avec un tir tout juste à l’intérieur du poteau.

Du reste, le gardien n’a rien donné, et a surtout paru parfaitement maître de la situation – encore une fois, pourrait-on dire. Il a multiplié les arrêts alors que les attaquants adverses étaient tout près de lui, voire sur lui. Dans les dernières minutes de la troisième période, à un moment où les joueurs en rouge monopolisaient le contrôle du disque et que les joueurs de centre en blanc étaient incapables de gagner une mise au jeu, Hill veillait au grain.

La question, donc : pourquoi pas Adin Hill pour le Conn-Smythe ? Si ce n’était de son nombre de matchs joués – seulement 15 jusqu’ici, il serait certainement parmi les candidats favoris.

Parmi les meilleurs

Le gardien de 27 ans, rappelons-le, était l’auxiliaire de Laurent Brossoit lorsque se sont amorcées les séries éliminatoires. Ce dernier s’est blessé très tôt dans le deuxième duel contre les Oilers d’Edmonton, au deuxième tour. Hill a alors répondu à l’appel et s’est, depuis, fait connaître de tous les amateurs de hockey de la LNH.

Le vétéran n’était pas précisément un inconnu pour autant. Il venait de connaître une jolie campagne à Vegas, sa première dans le désert. Mais sans la blessure majeure de Logan Thompson pendant la saison et celle de Brossoit en séries, on ne parlerait pas de lui.

Stéphane Waite, ex-entraîneur des gardiens de but chez le Canadien de Montréal et les Blackhawks de Chicago, a récemment affirmé dans la prestigieuse balado Sortie de zone que la blessure subie par le très bancal Brossoit a ressemblé à un cadeau pour les Knights. Des mots durs, mais justes.

Après 15 rencontres de séries, donc, Hill présente un taux d’efficacité de ,934 et une moyenne de buts accordés de 2,11. Si ces chiffres demeuraient inchangés et que les Knights remportaient la Coupe Stanley, Hill se retrouverait, respectivement, au 4e et au 9rang dans ces deux catégories statistiques chez les gardiens d’une équipe championne depuis le lock-out de 2004-2005. Devant lui, au chapitre du taux d’efficacité, Jonathan Quick (,946 en 2012), Tim Thomas (,940 en 2011) et Andrei Vasilevskiy (,937 en 2021) ont tous reçu le Conn-Smythe.

Le hic, nous l’avons évoqué plus haut, c’est qu’Adin Hill n’est apparu que dans 15 rencontres, dont 13 départs, signant néanmoins 10 victoires. Ce n’est pas sexy pour un dossier de candidature.

Remarquez, si on juge les démarrages tardifs, on pourrait aussi parler de celui de Marchessault qui, après sept rencontres, n’avait récolté que deux points, dont aucun but. La suite est toutefois saisissante : 22 points en 14 matchs.

Que l’un ou l’autre soit désigné joueur le plus utile des séries – encore faut-il que les Knights gagnent ! –, l’histoire sera semblable. Ce sera celle d’un joueur à l’éclosion tardive, qui a mangé son pain noir dans les circuits mineurs avant de toucher à la grande ligue et qui a été abandonné par deux ou trois équipes pour mieux exploser ailleurs.

En mars dernier, dans une entrevue avec quelques membres des médias montréalais, Marchessault avait parlé des nombreux gamers des Chevaliers dorés. Ces joueurs qui ressortent dans les grandes occasions. Il avait notamment cité en exemple son coéquipier Reilly Smith.

Force est de constater que son nom arrive très haut dans la liste des gamers de ce vestiaire. Au côté de celui d’Adin Hill, assurément.

En hausse

Chandler Stephenson

Il a bien réagi après un match no 3 ordinaire. Il a marqué les deux premiers buts de son camp, portant son total à 10 en 21 rencontres au cours des présentes séries éliminatoires.

En baisse

Nick Cousins

Son temps de glace fond à vue d’œil – pas même 10 minutes cette fois. À peine deux présences en troisième période. Ce plombier de carrière semble être arrivé au bout de ses ressources sur un trio offensif.

Le chiffre du match

2

Pas moins de 57 pénalités avaient été imposées dans les trois premières joutes de la série. Or, les arbitres avaient levé le bras seulement deux fois, samedi, avant que du rififi provoque quelques sanctions au sifflet final.