(Las Vegas) La vie nous réserve parfois bien des surprises, et dans le monde du hockey ce printemps, la grande surprise a un nom : Adin Hill.

Qui connaissait ce jeune homme, vraiment, au moment où les séries se sont amorcées, en avril ? Sans doute ses parents et son agent, mais sinon, on peut présumer que Hill pouvait aller faire son épicerie bien tranquille sans jamais être dérangé dans la section des surgelés.

De la même manière, il aurait fallu tout un flair pour prévoir que ce gardien, qui a gagné un total de 16 matchs cette saison, se retrouverait en finale de la Coupe Stanley, maintenant, avec un total de 9 victoires depuis le début des séries. Parce qu’il s’agit du même type qui n’avait jamais pris part à un seul match des séries depuis 2017-2018, sa première saison dans la LNH.

C’est sans oublier que ce gardien de 27 ans n’était pas exactement vu comme un gardien de premier plan, pas même à Vegas. Devant lui, il y avait le vétéran Robin Lehner, qui a depuis été opéré à une hanche et qui n’a pas joué de l’année. Avec lui cette saison, les Logan Thompson, Laurent Brossoit, Jiri Patera et Jonathan Quick se sont tous succédé devant le filet des Golden Knights. Ça commençait à faire pas mal de monde.

Et puis quand le club de Vegas a amorcé ses séries, le 18 avril, ce n’est pas lui qui était d’office, mais bien Brossoit, qui a dû abdiquer début mai en raison d’une blessure lors de la série contre les Oilers d’Edmonton.

Dans la ville des casinos, ça prend parfois un peu de chance, et c’est en plein ce que Hill a eu ce printemps.

« J’ai toujours été un gars confiant, a-t-il expliqué plus tôt cette semaine à Las Vegas. Je sens que je suis en train de trouver mon identité ici. Mais je travaille là-dessus depuis quatre ou cinq ans. Maintenant, tout tombe en place. Aussi, on a probablement les meilleurs défenseurs de la ligue, alors j’ai l’impression qu’on a des chances de gagner à chaque match. »

Des jambières à Noël…

La chance, cette chance qui semble le suivre sans cesse depuis peu, l’a pourtant laissé tomber à quelques reprises auparavant.

Jadis un choix de troisième tour en 2015 par les Coyotes, Hill n’a jamais fait partie des plans en Arizona, là où il a essentiellement été oublié dans la Ligue américaine, avant de pouvoir être échangé aux Sharks de San Jose en 2021, après avoir exigé l’arbitrage juste avant.

Mais ça n’a rien donné, et les Sharks l’ont refilé aux Golden Knights l’été dernier en retour d’un choix de quatrième tour. Une fois à Vegas, Hill a dû se battre pour un poste de réserviste avec Brossoit, derrière Thompson qui allait être le numéro un.

Ça ne l’a pas trop dérangé.

« J’ai toujours eu cette confiance en moi, et je n’ai jamais senti que je devais prouver quoi que ce soit à personne. J’ai toujours été calme, d’humeur égale. Jamais trop haut, jamais trop bas. »

Je me concentre sur ce que je dois faire dans le moment présent.

Adin Hill

Cette histoire-là aurait pu être bien différente pour une foule de raisons, et en voici une autre : autrefois, un jeune Hill était hésitant quant au choix de sa position au hockey mineur. Mais son père, convaincu de son potentiel devant le filet, lui avait acheté des jambières à Noël… avant de devoir les retourner au magasin, car fiston voulait retourner jouer à l’avant !

« Je devais avoir 7 ou 8 ans, et crois-moi que ça avait mis mon père en rogne ! Mais il m’a toujours encouragé à jouer devant le but, et cet été-là, finalement, je suis devenu gardien à temps plein.

« Je n’étais pas mauvais comme attaquant, alors ça m’a pris un peu de temps avant d’en arriver à une décision… Je ne serais pas ici sans les sacrifices que mes parents ont eu à faire. Un gardien, avec les entraînements spécialisés et l’équipement, ça coûte toujours plus cher. »

De nos jours, Hill ne coûte pas si cher que ça ; 2,1 millions de dollars cette saison, plus précisément. C’est une somme qui devrait être revue à la hausse cet été, car il pourrait devenir joueur autonome sans compensation.

En attendant, il lui reste cette finale, deux autres matchs à gagner, et peut-être aussi une conclusion rêvée à cette histoire qui est déjà une sorte de rêve.