Quand on y pense vraiment, l’année 2004, ça fait quand même assez longtemps.

En 2004, les Trois Accords lançaient Hawaïenne, il y avait du hockey de la LNH à Atlanta, et il y avait encore du baseball professionnel à Montréal.

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En 2004, aussi, les Maple Leafs de Toronto remportaient une série éliminatoire de la LNH avec des légendes du club comme Brian Leetch, Ron Francis, Joe Nieuwendyk, Alex Mogilny, sans oublier le gardien Ed Belfour.

C’est vous dire à quel point ce que les Maple Leafs du présent ont réussi en ce samedi soir à Tampa est pratiquement historique.

Le club à la feuille d’érable n’avait pas gagné une seule série en 19 ans, et qui aurait parié sur cette équipe dans l’éventualité d’un septième match face au Lightning, si cela avait été nécessaire ?

On va vous le dire tout de suite : personne.

Alors quand John Tavares a tournoyé sur lui-même pour envoyer la rondelle dans le fond du but en prolongation, c’est 19 ans de frustrations, de doutes et de mauvaises blagues qui ont été en partie effacés.

Cette équipe qui ne gagne jamais rien quand ça compte, qui a la réputation de s’étouffer quand la pression monte, va enfin passer au deuxième tour des séries. Ce n’est pas la Coupe Stanley, mais quand on perd aussi souvent, c’est un genre de petit trophée.

Ilya Samsonov, celui qui avait placé la barre un peu haut en avançant que son club est le meilleur dans la Ligue nationale, est peut-être le grand responsable de ce samedi soir magique pour les Leafs.

PHOTO CHRIS O'MEARA, ASSOCIATED PRESS

Le gardien des Maple Leafs, Ilya Samsonov, est félicité par l’entraîneur-chef du Lightning, Jon Cooper.

Le gardien a réussi 31 arrêts lors de cette victoire de 2-1, et c’est avant tout son brio qui permet aux Leafs de rêver encore un peu et de passer, enfin, à l’autre étape.

On remarquera aussi que les marqueurs des Leafs lors de ce sixième match se nomment Tavares et Matthews, ce qui vient nous rappeler une règle d’or dans le monde du hockey : les meilleurs doivent être les meilleurs. C’est un peu ce qui est arrivé ici, et on n’en sort pas.

Les gars du Lightning, eux, ne pouvaient sans doute pas en donner davantage.

De toute évidence, Victor Hedman ne tenait plus qu’avec du ruban adhésif, et quand la télé nous a montré un Steven Stamkos grimaçant au banc, aux portes de la mort après avoir bloqué un tir, on pouvait comprendre que les champions de naguère, épuisés par de nombreux printemps à jouer très tard, étaient sans doute à bout de ressources. Les Leafs devaient en profiter, et c’est ce qu’ils ont fait.

Maintenant que 2004 ne veut plus rien dire, il y a une autre année à effacer. L’année 1967, l’année de la dernière conquête de la Coupe à Toronto.

On ne fera pas ici une liste de ce qui était populaire en 1967, mais c’est le danger qui guette les Maple Leafs en ce moment : le danger de croire que la victoire de samedi soir fut suffisante pour tout faire oublier. Ce ne sera pas mieux si les Torontois subissent une sortie rapide au tour suivant.

Mais il y aura un autre moment pour de telles inquiétudes. Car en ce samedi soir de la fin du mois d’avril, les Maple Leafs ont enfin gagné une série. C’est déjà un genre de petit miracle.