(Gatineau) Année après année, les espoirs du Canadien sont scrutés à la loupe. Mais l’un d’entre eux, curieusement, a longtemps échappé à la vigie, malgré ses performances convaincantes. Il s’appelle Riley Kidney.

Kidney a été choisi au deuxième tour par le Canadien en 2021. Il a signé l’année dernière son contrat d’entrée dans la LNH. En septembre, il faisait partie des 74 joueurs invités au camp d’entraînement du CH.

Pendant que certains, comme Owen Beck, faisaient tourner les têtes, Kidney était plus effacé. Peut-être pour cette raison, on a assez peu parlé jusqu’ici de ce joueur de centre natif de la Nouvelle-Écosse.

« Avant de venir ici, je savais qu’on ne parlait pas beaucoup de moi », confie le principal intéressé à La Presse. « J’ai toujours senti que j’étais un peu dans l’ombre d’autres recrues. Depuis que je suis arrivé ici, j’ai fait beaucoup d’entrevues et de choses comme ça. Je reçois plus de couverture », ajoute-t-il candidement, et sans la moindre amertume.

« Ici », c’est Gatineau. Kidney y est arrivé en janvier dernier, après avoir été acquis du Titan d’Acadie-Bathurst par les Olympiques. Depuis, l’attaquant de 20 ans a « ouvert les yeux » de plusieurs, dixit son entraîneur, Louis Robitaille.

Depuis le 7 janvier, jour de son deuxième match avec les Olympiques, Kidney s’est inscrit au pointage dans chacun des matchs de son équipe. Une récolte de 65 points en 29 rencontres ; des chiffres bluffants. Mais ses faits d’armes ne s’arrêtent pas là. En séries, Kidney a marqué 4 buts et récolté 14 mentions d’aide en 9 rencontres, aidant son équipe à atteindre les demi-finales, un duel contre les Remparts de Québec qui s’amorcera vendredi.

À l’évocation de toutes ces statistiques, le sympathique Néo-Écossais esquisse un sourire timide. « Je voulais être le gars qui allait amener beaucoup d’offensive pour l’équipe, dit-il. Il y a les points, évidemment, mais rien de tout cela n’aurait pu arriver si je n’avais pas eu d’aussi bons partenaires de trio. Ils m’ont beaucoup aidé et je les ai aidés aussi. »

C’est loin d’être la première fois que Kidney se distingue dans le circuit Cecchini. L’an dernier, à Bathurst, il avait amassé discrètement 100 points en 66 parties. Depuis janvier, les regards se tournent désormais vers lui. Ses prouesses sont remarquées.

Depuis qu’il est arrivé ici, le monde en parle et reconnaît [son talent]. Je pense que ç’a ouvert les yeux des gens.

Louis Robitaille, entraîneur-chef des Olympiques

« [Les gens] voient son évolution, la manière dont il performe depuis qu’il est arrivé ici […], soutient Louis Robitaille. Ça lui donne une tape dans le dos en disant : oui, je savais que j’étais dans les meilleurs, mais là, j’en fais partie. »

Un « boost de confiance »

Riley Kidney a signé son contrat d’entrée dans la LNH avec le Canadien en mai 2022. Au camp d’entraînement, en septembre dernier, le jeune homme est passé en coup de vent ; il a été parmi les premiers retranchés.

« Je n’étais pas satisfait, admet-il lui-même. Je n’ai pas du tout joué comme j’en suis capable. J’étais nerveux, je pensais trop. »

Il a eu un camp d’entraînement so-so. Mais ici, il est à l’aise. Tu le vois que c’est un gars qui, plus il va se sentir à l’aise et aimé, mieux il va être. C’est un gars cérébral.

Louis Robitaille

En janvier dernier, Kidney et Robitaille se sont rendus à Montréal pour une évaluation médicale avec les médecins du Canadien. Tant qu’à y être, ils ont assisté au match du soir. En quittant le Centre Bell, le jeune homme et son entraîneur ont croisé le vice-président des opérations hockey du CH, Jeff Gorton, et le directeur général, Kent Hughes.

« C’était bien ! s’exclame Kidney. C’est rare que tu as l’occasion de parler avec les deux, alors c’était agréable. Ils m’ont dit : ‟Continue de travailler fort, tu fais du bon travail.” »

« C’était un bon boost de confiance », ajoute-t-il, visiblement encore ravi de cette rencontre.

Encore du travail à faire

Selon Louis Robitaille, Kidney ne demande qu’à apprendre et à se développer. « Il est très autocritique, dur envers lui-même. C’est un gars très perfectionniste. Il veut faire la différence. »

Depuis janvier, l’entraîneur a aidé son joueur à devenir plus complet, afin que son passage chez les pros, l’an prochain, soit facilité. À moins d’une surprise, Kidney évoluera avec le Rocket de Laval en 2023-2024.

« Il n’y a pas de mal à aller dans les mineures et à apprendre à la dure. […] Ça va être bon pour son développement. Je pense qu’il va faire son chemin dans l’organisation à travers les années. Il va apprendre. »

Je pense que Martin St-Louis va aimer ce genre de joueur là, qui est un joueur intelligent. Je pense qu’il a un bel avenir. Maintenant, il va lui rester du travail à faire.

Louis Robitaille

Ce travail, Kidney est impatient de l’entamer. Ou plutôt de le poursuivre. Cette saison, le directeur du développement hockey, Adam Nicholas, lui a envoyé des vidéos pour le conseiller. « Il m’a montré à plus attaquer au centre, ça crée plus d’opportunités parce que c’est la zone dangereuse », explique-t-il.

Pendant l’été, Kidney compte faire des allers-retours entre Halifax et Montréal pour s’entraîner. Il souhaite ajouter du muscle à sa charpente de 6 pi et 175 lb et améliorer son explosivité sur patins.

Même s’il se présentera au prochain camp avec l’objectif de percer l’alignement du Canadien, l’attaquant sait qu’il devrait passer la prochaine saison à Laval. Et ça lui convient parfaitement.

« J’y suis allé l’année dernière, pendant les séries, et j’ai vu l’ambiance là-bas. C’était vraiment bruyant et cool. »

Il a d’ailleurs commencé à apprendre le français à Gatineau. Une entrevue dans la langue de Molière bientôt ? « Peut-être dans quelques années ! », répond-il en riant.

Un (ex-) partisan des Bruins

Riley Kidney a grandi en Nouvelle-Écosse. C’est son frère de deux ans son aîné, Liam, qui l’a introduit au hockey. « Je voulais être comme lui », raconte-t-il. Quand on lui demande s’il était un partisan du Canadien, le jeune homme sourit, voire rougit. « Les partisans de Montréal n’aimeront pas ça, mais j’étais un partisan des Bruins », laisse-t-il tomber. « Quand j’étais plus jeune, ma chambre était peinte en noir et jaune. J’étais un grand fan. De toute évidence, quand j’ai été repêché, j’ai changé un peu ! », s’exclame-t-il en riant.