Les Devils du New Jersey vont vivre ou mourir avec la jeunesse, et c’est vrai partout, même devant le filet.

Pour un deuxième match de suite, un gardien relativement inconnu du grand public les a aidés à neutraliser la dangereuse attaque des Rangers. Ce gardien, c’est Akira Schmid, un Suisse de 22 ans, lointain choix de 5tour. Il a bloqué 22 des 23 tirs des New-Yorkais, en route vers un gain de 3-1 des Devils, lundi, au Madison Square Garden.

Dans les câbles après avoir perdu les deux premiers matchs à domicile, les Devils nivellent donc la marque 2-2 dans leur série de premier tour, et ont repris l’avantage de la patinoire, avec les cinquième et septième rencontres (si nécessaire) dans la capitale des salons de manucure, Newark.

Ce retour des Devils a coïncidé avec l’arrivée de Schmid devant le filet. L’autre gardien du club, Vitek Vanecek, a permis 9 buts sur 52 tirs dans les deux premiers matchs, tandis que Schmid vient d’en accorder 2 sur 59 tirs.

Cette fois, cependant, Schmid a été appuyé par des coéquipiers hermétiques au possible, chiches de revirements et de surnombres. Selon Natural Stat Trick, les New-Yorkais ont obtenu seulement sept chances de marquer (contre 15) à 5 contre 5.

Mais il a brillé au bon moment, par exemple en tout début de match, quand le trio des enfants – traduction libre du « kid line » – menaçait. Kaapo Kakko et Alexis Lafrenière ont obtenu coup sur coup des occasions de qualité, toutes repoussées par le gardien suisse. À la suite de celle de Lafrenière, le défenseur Jonas Siegenthaler a lobé la rondelle en zone neutre, où Jack Hughes est parti comme une fusée pour marquer en échappée. Le temps de dire « rhododendron », c’était 1-0 Devils. Ç’aurait bien pu être 1-0 Rangers.

Schmid n’a pas été parfait non plus, parfois généreux en termes de retour, comme sur l’unique but qu’il a accordé. Il a aussi failli gaffer sur un jeu relativement anodin de Patrick Kane.

Il reste que remporter des matchs en séries, à cet âge, constitue un exploit en soi.

Le dernier gardien de moins de 23 ans à aligner deux victoires en séries une même année ? Carter Hart, en 2020. Avant lui ? Matt Murray, lors des conquêtes de la Coupe Stanley des Penguins de Pittsburgh en 2016 et en 2017. Bref, ce n’est pas exactement la norme.

Il serait ironique que la franchise propulsée par Martin Brodeur gagne une première série depuis 2012 avec un gardien de ce profil. Cela dit, entre gagner une série et s’établir comme gardien numéro un à long terme, il y a un pas qui ne sera pas franchi si vite dans la carrière de Schmid.

Mais les Devils carburent à la jeunesse. Hughes, 21 ans, a été encore une fois l’attaquant le plus dominant des deux équipes. Moins flamboyant, Nico Hischier, 24 ans, a jeté un mauvais sort sur Mika Zibanejad, le transformant en courant d’air. La performance de Hischier aux mises en jeu (65 % au total, 75 % contre Zibanejad) n’a sans doute pas nui.

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Jack Hughes et Adam Fox

En défense, Siegenthaler est peut-être un peu plus vieux, à 25 ans, mais il ne regorge pas d’expérience. Son but en milieu de 3période était son premier en séries dans la LNH, à son 14match.

Nos amis helvètes qui ont veillé pour regarder la joute en ont eu pour leur argent avec ces performances de Schmid, Hischier et Siegenthaler. Un peu moins avec Timo Meier, disons-le.

Une fiche qui ne dit pas tout

Parlant de jeunesse, Lafrenière a terminé la soirée à - 2, mais voilà un cas qui démontre l’imperfection de cette statistique.

Le trio qu’il forme avec Kakko et Filip Chytil a en effet généré la plupart des trop rares moments d’énergie des « Blue Shirts ». L’entraîneur-chef Gerard Gallant a d’ailleurs désigné cette unité pour amorcer la 3période, quand la marque était encore de 1-0 Devils, une décision qui en dit long.

Au bout du compte, Lafrenière doit son différentiel au premier but du match, après qu’il eut obtenu une chance de marquer, et à celui d’assurance, dans un filet désert.

Le Québécois n’a pas encore de point dans cette série, mais son trio tient son bout, dans l’ombre. Et si les Rangers devaient laisser filer cette série après avoir été si dominants dans les deux premiers matchs, les regards se tourneraient bien plus vers l’ultra-talentueux top 6 de l’équipe. Quand un DG décroche deux des attaquants les plus en vue du marché en fin de saison (Kane et Vladimir Tarasenko), une défaite au premier tour demeure inexplicable.

Mais c’est justement grâce à ce punch offensif, et à l’inexpérience du gardien adverse, qu’il ne faut pas enterrer les Rangers. Seulement, la pression repose désormais sur leurs épaules.