Ça se passait il y a tout juste un an, le 15 avril 2022. Barry Trotz, alors dans ses derniers milles comme entraîneur-chef des Islanders de New York, s’adressait aux médias au Centre Bell en vue d’un duel contre le Canadien.

Tel Kevin Bacon devant un conseil municipal, Trotz avait livré un plaidoyer passionné. Ce n’était pas pour la pratique de la danse, mais plutôt pour Ilya Sorokin comme candidat au trophée Vézina. « Il n’obtiendra probablement pas beaucoup de votes parce qu’on va rater les séries. Dans la région de New York, tout le monde parle d’Igor Shesterkin, mais notre gars est à son niveau. »

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Ces mots de Trotz n’ont guère circulé ce matin-là, parce que quelques heures plus tôt, le grand Mike Bossy nous quittait. Mais force est d’admettre que Trotz avait vu juste. Sorokin s’était classé sixième au scrutin pour le Vézina, malgré ses sept jeux blancs, et plus le temps passe, plus il gagne le droit d’être mentionné dans la même phrase que Shesterkin, son rival new-yorkais.

Mardi, Sorokin a été impérial dans la victoire de 3-2 des Islanders contre les Hurricanes, en Caroline. L’équipe maintenant dirigée par Lane Lambert évite ainsi l’élimination ; les Ouragans mènent la série 3-2 et le sixième match aura lieu vendredi, à Long Island.

Le gardien russe a repoussé 34 des 36 tirs, mais surtout, il était prêt à amorcer ce match à temps, contrairement à ses coéquipiers. Dès la première minute, une chance de marquer de Jesper Fast. Deux minutes plus tard, une échappée de Jordan Staal, qui a contourné Mathew Barzal comme s’il était un cône. Mais à mi-chemin en première période, Pierre Engvall marquait et c’était 1-0 pour les Islanders, quand ç’aurait très bien pu être 2-0 pour les Ouragans.

PHOTO JAMES GUILLORY, USA TODAY SPORTS

Alexander Romanov et Ilya Sorokin

Il aura finalement fallu un tir dévié et un jeu parfait pour le battre, mais du reste, Sorokin a tenu le coup. Sans son contrôle des retours en troisième période, les hommes de Rod Brind’Amour auraient pu exercer encore plus de pression.

Quoi qu’il accomplisse au cours de cette série, Sorokin ne peut rien changer au scrutin du Vézina, puisque les votes sont déjà compilés, et Linus Ullmark, des Bruins de Boston, sera difficile à écarter. Mais cette première expérience comme gardien titulaire en séries l’aidera certainement à se faire un nom et à être moins souvent oublié.

Jeu hermétique

Les New-Yorkais n’ont peut-être pas amorcé le match à temps, mais ils ont ensuite élevé leur intensité d’un cran pour s’accrocher dans cette série.

Pour preuve, les 22 tirs que les patineurs ont bloqués, afin de réduire la charge de travail de leur gardien. Zach Parisé, le doyen du groupe, s’est distingué en bloquant cinq rondelles, dont une qui a semblé faire particulièrement mal.

Sinon, la séquence où la rondelle est restée coincée dans un coin pendant quelque 30 secondes, pendant un désavantage numérique des Islanders en fin de match, sera aussi à retenir. Bo Horvat ne casse rien dans cette série, mais lui et Scott Mayfield ont écoulé ici de précieuses secondes. Une autre séquence à l’image du travail acharné des Islanders en zone défensive.

Ces détails sont importants à préciser, parce que les gardiens qui jouaient pour Barry Trotz ont souvent connu leurs meilleures années sous sa gouverne, et Lambert a été l’adjoint de Trotz de 2011 jusqu’à l’an passé, l’accompagnant à Nashville, Washington et Long Island.

Les deux vont donc de pair. Ça ne donne pas toujours le meilleur spectacle, comme dans ce cinquième match, d’ailleurs.

Que ce soit enlevant ou non, les Islanders survivront au moins jusqu’au sixième match d’une série où leur premier trio demeure en panne sèche.

Parlant de panne sèche, les Ouragans devront eux aussi y voir. Offensivement, le trio le plus menaçant a été celui du vétéran Paul Stastny. Le pauvre Sebastian Aho fait ce qu’il peut, même qu’il a marqué son troisième but de la série, mais il est manifestement ciblé. Quand ce ne sont pas les Islanders qui le rudoient, c’est la rondelle qui trouve le chemin vers son visage, comme sur le deuxième but du match.

Jesperi Kotkaniemi, aux commandes du deuxième trio, a obtenu une passe sur le but d’Aho. Mais après cinq matchs, il compte un seul point et montre une fiche de - 5. Depuis son arrivée chez les Ouragans, il totalise 3 passes, aucun but, et montre une fiche de - 9 en 19 matchs en séries. En voilà un dont le réveil offensif pourrait aider la Caroline à poursuivre son chemin.