(Denver) Stuart Skinner, des Oilers d’Edmonton, se tourne parfois vers l’échiquier pour maîtriser le flot effréné de pensées qui circulent dans son cerveau. Tout ce qu’il faut pour se détendre et ne pas s’attarder constamment — au point peut-être d’en devenir obsédé — par le fait d’arrêter des tirs.

Pour tenter de s’évader un peu de leur travail sous haute pression, les gardiens de but adoptent différentes approches. Il peut s’agir de jouer aux échecs (Skinner), de lire un bon livre (Alexandar Georgiev, de l’Avalanche du Colorado), de regarder une série sur Netflix (Antti Raanta, des Hurricanes de la Caroline) ou de promener le chien (Philipp Grubauer, du Kraken de Seattle).

Il s’agit de trouver un moyen de ralentir les choses pour s’assurer que leurs rêves ne sont pas hantés par des tirs à grande vitesse de Connor McDavid, Nathan MacKinnon ou David Pastrnak.

Car à cette période de l’année, chaque arrêt réussi — ou arrêt raté — prend de l’importance. Se remémorer les buts peut devenir un risque professionnel.

« Cet équilibre entre le fait de ne pas jouer au hockey 24 heures sur 24 et sept jours sur sept est vraiment important pour leur santé mentale, car ils doivent apprendre à gérer le stress », explique Aimee Kimball, une consultante en entraînement mental qui a travaillé pendant 16 saisons dans la LNH et qui est actuellement directrice du développement organisationnel des Capitals de Washington.

« Si vous n’avez fait que manger, dormir et rêver de hockey, lorsque votre carrière prend fin ou que vous êtes blessé, il est plus difficile de passer à la phase suivante de la vie. Avoir des passe-temps, d’autres centres d’intérêt, c’est vraiment important, non seulement pour le moment, mais aussi lorsque la carrière du joueur est terminée. »

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Pavel Francouz de l’Avalanche a obtenu sa licence de pilote pendant qu’il jouait en République tchèque et c’est devenu son billet vers la tranquillité.

Pour oublier les tirs au but, Pavel Francouz, de l’Avalanche, s’est tourné vers l’aviation. Il a obtenu sa licence de pilote pendant qu’il jouait en République tchèque et c’est devenu son billet vers la tranquillité.

« Quand on est dans les hauteurs, on se rend compte à quel point les choses sont petites », explique Francouz. « Cela vous donne une vision différente des choses. »

Depuis qu’il a déménagé dans le Colorado, son permis de pilotage est arrivé à échéance. Aujourd’hui, le temps passé en famille avec sa fillette lui permet de garder les pieds sur terre.

« Si vous vous présentez à la maison, elle ne se soucie pas de savoir si vous venez de gagner ou de perdre. Elle vous aime toujours de la même façon et veut jouer », fait remarquer Francouz. « C’est le meilleur moyen pour moi de ne pas penser au hockey. »

Skinner, lui aussi, a un enfant à la maison et son fils, Beau, est une distraction bienvenue.

Skinner a également commencé à apprendre les échecs il y a environ un an, alors qu’il jouait avec les Condors de Bakersfield, dans la Ligue américaine. Il a vu des garçons avec un échiquier et a voulu participer pour « retrouver un peu de calme ».

« J’ai toujours pensé que les échecs paraissaient trop compliqués », a déclaré Skinner. « Maintenant, je m’amuse comme un fou. »

Skinner ne cherche pas à devenir le prochain Bobby Fischer ; seulement à se changer les idées. Le jeu a modifié la donne.

« Une petite remise à zéro », dit Skinner. « Tout ce qui n’a rien à voir avec le hockey, juste pour chasser de votre esprit l’arrêt que vous avez fait ou n’avez pas fait. Des petites choses comme ça. »

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Pour Philipp Grubauer du Kraken de Seattle, une promenade avec le chien peut aider à mettre en perspective ce qu’il fait dans la vie.

Kimball a une astuce pour se changer les idées.

« Généralement, je leur dis chaque fois qu’ils changent de chaussures ou de patins, dans cette situation, de changer d’objectif », a-t-elle déclaré. « Si vous êtes sur la glace ou hors de la glace, lorsque vous enlevez vos chaussures, vous êtes à la maison. C’est un moyen rapide et facile de passer d’un aspect de sa vie à l’autre. »

Georgiev prend un roman pour s’éloigner du hockey. Son objectif est de lire — ou d’écouter — 24 livres cette année. Il en a déjà terminé cinq.

« J’ai toujours beaucoup lu. Mais en général, c’étaient soit des journaux, soit je perdais mon temps sur Reddit ou Instagram, soit j’écoutais beaucoup de baladodiffusions », explique Georgiev.

« Puis j’ai décidé de me fixer un objectif et d’essayer de terminer quelques livres. C’est comme un jeu. Vous vous fixez un objectif et vous suivez vos progrès. Cela permet de se responsabiliser et d’être compétitif. »

Récemment, il a lu un livre sur les bienfaits du sommeil et la façon dont il stimule la créativité.

« J’ai l’impression que la lecture aide à se détendre et à se changer les idées », explique Georgiev. « On ne pense plus au hockey. »

Raanta est un amateur de films et de séries. Il joue aussi à la Xbox si les enfants ne courent pas partout.

Pour Grubauer, une promenade avec le chien peut aider à mettre en perspective ce qu’il fait dans la vie.

« Évidemment, c’est important, c’est notre domaine et c’est notre travail », a déclaré Grubauer. « Mais en fin de compte, ce n’est qu’un match de hockey. »