À quelques heures de la rencontre, Matthew Tkachuk avait décidé de jouer la carte de l’humilité.

« Pour gagner un match dans cette série, ça prendra un effort pratiquement parfait », a-t-il dit aux journalistes à Boston, en référence à l’effectif monstrueux des Bruins et à la saison historique que ceux-ci viennent de connaître.

Sa prédiction s’est réalisée. Les Panthers de la Floride ont été très bons. Mais parfaits ? Loin de là. Si bien que ce sont les Oursons qui sont sortis gagnants de ce premier duel disputé avec beaucoup d’intensité.

Pour être parfaits, les joueurs des Panthers devaient faire preuve de discipline. La feuille de match nous indique qu’ils ont écopé de seulement deux punitions, ce qui est excellent. Le fait qu’ils l’aient fait dans les cinq premières minutes de la rencontre, c’est plus problématique. Surtout quand on sait que le désavantage numérique des Floridiens a été l’une de leurs grandes faiblesses pendant la saison. David Pastrnak n’en demandait pas tant. 1-0.

Pour être parfaits, les félins devaient gagner la bataille des gardiens de but. Alex Lyon a certes réalisé quelques arrêts sensationnels. Mais son incapacité à capter avec sa mitaine un tir anodin de Brad Marchand, en début de deuxième période, était un peu gênante. 2-0.

À la fin de l’engagement, le même Lyon était convaincu d’avoir immobilisé le disque. L’objet, toutefois, gisait sur sa jambière. Il n’en croyait pas ses yeux lorsque Jake DeBrusk a poussé la rondelle derrière lui. 3-1.

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Jake DeBrusk (74)

Pour être parfaits, enfin, les visiteurs devaient augmenter la cadence au dernier vingt, après avoir généré une quantité plus qu’appréciable de chances de marquer jusque-là. Ce fut toutefois leur période la moins prolifique.

Les Bruins, qui n’en sont pas à leur premier barbecue, ont scellé le jeu. Les Panthers n’ont pas su comment réagir. Avant qu’un tir d’Anton Lundell n’atteigne Linus Ullmark avec 21 secondes à écouler à la rencontre, cela faisait presque quatre minutes que le gardien en noir et jaune n’avait pas reçu une rondelle.

Affaiblis

Le pire, c’est que les hommes de Paul Maurice, à défaut d’être parfaits, ont constitué, pendant longtemps, la meilleure des deux équipes sur la glace.

Les Bruins, il importe de le mentionner, étaient affaiblis par un virus qui, apparemment, affectait plusieurs joueurs, selon ce qu’ont rapporté les médias locaux. On n’a pas obtenu le fin détail de cette épidémie. Un seul joueur a dû faire l’impasse sur la rencontre : Patrice Bergeron.

Amorcer une série sans son principal joueur de centre, indiscutable meneur du groupe dans toutes les situations, est non optimal, au bas mot. Malgré tout le respect que l’on doit à Pavel Zacha, sa présence entre Brad Marchand et Jake DeBrusk, en début de match, donnait au premier trio une saveur… différente ?

Malgré l’absence de leur capitaine, et en dépit de leur formation au teint pâlot, les Bruins ont toutefois livré une bataille fidèle à leur marque de commerce : sans relâche et sans pitié.

À son premier match de séries éliminatoires en carrière, Tyler Bertuzzi était un poisson dans l’eau. Deux mentions d’aide, dont une passe parfaite sur le premier but de son club, et une soirée entière à déranger l’adversaire. On l’a notamment aperçu voler le bâton de Nick Cousins et le briser par terre une fois au banc. Niveau d’emmerdeur : élite.

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Tyler Bertuzzi et Radko Gudas

Garnet Hathaway a, pour sa part, confirmé qu’il était taillé sur mesure pour le quatrième trio de cette équipe. On lui a, en toute logique, refusé un but en fin de troisième période après qu’il eut sorti la rondelle de la mitaine d’Alex Lyon. Or, but ou pas, sa mission a été réalisée : le gardien de 30 ans, dont c’était le tout premier départ en carrière en séries, était déstabilisé.

À 200 pieds de là, Linus Ullmark a simplement ajouté un match de plus à sa saison déjà remarquable. Lui aussi, à 29 ans, avait des choses à prouver. Ses deux seuls départs en carrière en séries, par ailleurs obtenus l’an dernier, se sont soldés par autant de défaites. S’il restait un doute à son égard, considérons-le comme dissipé. En tout cas jusqu’à preuve du contraire.

On savait que les Panthers en auraient plein les bras pour venir à bout des Bruins. En cela, la victoire des champions de la saison régulière n’est pas une surprise. Mais livrer une aussi bonne performance offensive et finir la soirée bredouille, ça peut laisser des traces.

En fin de soirée, Brad Marchand avait raison d’affirmer que son équipe « peut et doit » être meilleure. Si cette autre prédiction se concrétise et que les Bruins retrouvent rapidement leur pleine vitesse de croisière, leurs adversaires pourraient trouver le temps long. Ou la série courte.

Les Bruins mènent la série 1-0. Le prochain match aura lieu mercredi à Boston.