Si l’on s’en tient à sa stricte production offensive, Timo Meier ne connaît pas des débuts fracassants avec les Devils du New Jersey. Quand on creuse un peu, on reconnaît toutefois les signes d’une bête qui ne demande qu’à se réveiller.

Meier était sans l’ombre d’un doute l’attaquant le plus prisé à l’approche de la date limite des transactions. Après presque sept ans avec les Sharks de San Jose, cet attaquant de puissance se passe de présentation. Au moment d’être échangé aux Devils, il y a quelques jours, il voguait allègrement vers une saison de 40 buts, voire davantage.

Il a fait plaisir à ses nouveaux partisans en marquant très tôt à son premier match dans l’uniforme noir et rouge. Or, ce but est, après trois rencontres, son seul point.

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

Timo Meier a déjoué le gardien des Capitals de Washington Darcy Kuemper lors de son premier match avec les Devils.

Il y a évidemment des circonstances atténuantes. L’adaptation à un nouvel environnement va de soi. Il n’avait, en outre, pas joué depuis plus de deux semaines lorsqu’il a rejoint les Devils.

Son impact, néanmoins, est déjà palpable, si l’on se fie à ses coéquipiers. « On l’a constaté instantanément, affirme Dawson Mercer. Il tire et peut marquer de partout, il fait des jeux importants ; il a un gros gabarit, beaucoup de vitesse… C’est un gros ajout à notre formation. »

« C’est une bête avec la rondelle, confirme l’entraîneur-chef Lindy Ruff. Il a la vitesse et les habiletés d’un gars bien plus léger que lui. Il peut se frayer un chemin dans la circulation lourde. »

Un coup d’œil à certains indicateurs plus avancés confirme que la production offensive ne demande qu’à se déclencher. À ses trois derniers matchs, lorsqu’il était sur la glace à cinq contre cinq, son équipe a largement eu le dessus sur ses adversaires en matière de tirs décochés (31-13), de chances de marquer de qualité (9-4) et de buts attendus (2,32 contre 1,24), selon les calculs du site Natural Stat Trick. Jeudi soir, contre les Capitals de Washington, à la droite d’un trio pivoté par Jack Hughes et complété par Jesper Boqvist, il a été carrément dominant.

Ce n’est pas la meilleure nouvelle qui soit pour le Canadien, qui aura l’ingrate tâche de le contenir ce samedi soir au Centre Bell.

Connexion suisse

C’est un refrain qui est entendu chaque année : intégrer un nouveau joueur à la date limite des transactions, avec seulement une vingtaine de matchs ou moins à disputer pendant la saison, n’est pas toujours une chose facile.

Ce l’est encore moins lorsqu’il s’agit d’un joueur d’impact comme Timo Meier, qui change invariablement la dynamique sur le top 6 en attaque et sur l’avantage numérique.

La présence de visages connus contribue toutefois à lui faciliter la vie, souligne le capitaine Nico Hischier.

« On est quand même quelques Suisses », rappelle-t-il. C’est presque un euphémisme, puisque 4 des 12 joueurs helvètes ayant disputé au moins un match dans la LNH cette saison seront de la formation qui affrontera le CH — le défenseur Jonas Siegenthaler et le gardien Akira Schmid sont les deux autres.

« On se connaît tous d’avant [la LNH], alors on essaie de l’aider le plus possible, poursuit Hischier. Ça se passe bien jusqu’ici. Nous avons, par ailleurs, un vestiaire très ouvert et accueillant. »

Ce que confirme Meier lui-même. « C’est un groupe incroyable, une équipe qui est déjà très bonne et qui veut encore s’améliorer », salue-t-il.

Une chose l’a frappée à son arrivée : « On dirait que tout le monde a 20 ans ! » Vérification faite, 10 joueurs de la mouture actuelle des Devils ont 24 ans ou moins, et seulement quatre ont plus de 30 ans. « J’ai eu la chance de jouer avec des gars expérimentés, alors je suis heureux d’arriver ici et de pouvoir partager ce que j’ai appris de ces grands leaders », dit-il, en référence aux Joe Pavelski, Joe Thornton et autres Brent Burns qu’il a croisés chez les Sharks.

Meier se dit également soulagé d’avoir pu laisser derrière lui tout le « bruit », celui des rumeurs de transaction qui courent à son sujet depuis un an. « Il faut être capable de composer avec ça et jouer malgré tout, mais je suis content que ce soit réglé, avoue-t-il. Des matchs difficiles s’en viennent, en route vers les séries. C’est emballant. Ce sera un beau défi. »