(Trois-Rivières) On prévoyait une salle comble au Colisée Vidéotron, lundi, pour le premier de deux matchs de hockey féminin en terre québécoise cette semaine entre le Canada et les États-Unis. Si cette salle comble se concrétise, Élizabeth Giguère y aura contribué.

Giguère est l’une des trois Québécoises au sein de la formation canadienne en vue de ce match, le sixième de sept de la Série de la Rivalité entre les deux puissances du hockey féminin, que dominent les Américaines avec trois victoires contre deux.

Pour la première fois depuis des lunes, Giguère a la chance de jouer devant les siens, pas trop loin de sa ville natale de Québec. Et sa fébrilité était palpable.

« Ça fait longtemps que je n’ai pas joué à la maison, et avec Équipe Canada, c’est la première fois qu’il y aura beaucoup d’amis et parents qui vont me voir en personne. C’est sûr que ça va être le fun », a-t-elle déclaré en mêlée de presse.

Or, c’est lorsqu’elle s’est fait demander de dire qui devait se déplacer pour la voir à l’œuvre que l’on a réalisé que la liste ne se limitait pas qu’à papa et maman. Loin de là.

« Il va y avoir mon père, ma mère, cousin, cousine, ami. Mes deux frères vont être là, un de mes frères, avec sa blonde. Elle a amené toute sa famille ! Je vous le dis, il va y avoir beaucoup de monde pour me supporter », a-t-elle énuméré en ricanant.

« Puis c’est le fun. C’est pour ça que je fais ça. Ils m’ont supportée toute ma vie, et c’est le fun que je puisse jouer avec Hockey Canada devant eux », a ajouté Giguère, qui voyait toute cette attention, comme « un bon stress ».

Aux côtés de son idole

Giguère, c’est aussi l’une des « p’tites nouvelles » chez Équipe Canada, avec un bagage de seulement cinq matchs avec la formation nationale, tous joués dans le cadre de la Série de la Rivalité, en novembre et décembre derniers.

« Ça se passe très bien. La culture est vraiment bien ici. Les filles m’ont acceptée tout de suite dans le groupe. Tout le monde est bien gentil avec moi. Ça fait que c’est facile, et tout ce que j’ai à faire, c’est jouer au hockey », a affirmé Giguère, qui a inscrit deux mentions d’assistance au fil de ses cinq premières parties.

Giguère a notamment souligné l’apport de Marie-Philip Poulin, la capitaine et leader de l’équipe canadienne.

« C’est une très bonne joueuse de hockey, mais c’est une très bonne personne aussi. C’est sûr qu’elle m’a aidée beaucoup. Elle me parle en français, elle me dit d’avoir confiance en moi-même. C’est ça que je fais », a témoigné la Québécoise de 25 ans.

« Si j’ai des questions, c’est sûr que je sais que je peux aller lui parler et elle va me répondre. Elle me donne des conseils quand j’en ai besoin. Elle est vraiment gentille. »

Bien qu’une proximité se soit installée entre les deux Québécoises, Giguère demeure impressionnée, voire ébahie, par Poulin.

« C’est sûr que oui, je le suis toujours. Je vais toujours penser que c’est la meilleure joueuse au monde. On est devenues un peu plus proches, je la connais un peu plus. C’est juste le fun. Et pour moi, c’est un rêve de pouvoir être sur la patinoire avec elle à chaque fois. »

Pour Poulin, il est tout naturel de faciliter l’intégration d’une nouvelle coéquipière.

« On a été là un jour. Pour moi, il y a eu les Caroline Ouellette, les Jayna Hefford, les Gina Kingsbury qui étaient là avant moi. Elles m’ont montré le chemin. Pour moi, de faire ça pour ces jeunes-là, c’est juste facile », a déclaré Poulin, après l’entraînement optionnel d’Équipe Canada lundi matin.

Poulin avoue être impressionnée par un trait particulier de sa jeune coéquipière sur la patinoire.

La façon dont elle voit le jeu, c’est quelque chose qui est vraiment unique. Les jeux qu’elle voit, il n’y en a pas beaucoup qui peuvent les voir comme ça. C’est très, très beau de la voir évoluer et s’améliorer à chaque fois. Le sens du jeu, elle l’a, et c’est quelque chose de très particulier.

Marie-Philip Poulin

L’entraîneuse adjointe Caroline Ouellette a elle aussi été élogieuse à l’endroit de Giguère.

« Vous pouvez seulement aller sur YouTube et chercher un vidéo montage de ses années universitaires. Vous allez voir une joueuse qui est extrêmement spéciale. Des buts qu’elle est capable de marquer, des buts qu’elle est capable de créer pour les autres. Il y a vraiment quelque chose de magique, là. »

L’ancienne vedette de l’équipe canadienne a soulevé d’autres aspects intéressants du jeu de Giguère, notamment au niveau défensif.

« Elle sait où être. Maintenant, c’est juste d’exécuter à un niveau plus rapide, plus élevé, plus physique. Ça prend un temps d’ajustement. De façon générale, je pense qu’elle a une belle courbe de progression. »

Aux yeux de l’entraîneur-chef Troy Ryan, le fait de participer à ces matchs de la Série de la Rivalité pourra aider Giguère à s’adapter à ce niveau de hockey féminin.

« La chose la plus importante pour elle, c’est de se familiariser avec le hockey international. D’avoir participé aux cinq derniers matchs lui a permis de faire ses premiers pas afin de s’habituer à ce qu’il faut faire à ce niveau. »