Rebecca Johnston : la revenante

Théoriquement, Rebecca Johnston se passerait de présentation. Membre du programme national depuis 15 ans et triple médaillée d’or olympique, elle s’est établie depuis longtemps comme un pilier de l’équipe canadienne.

Or, comme elle a évolué dans la même équipe que les Hailey Wickenheiser et Caroline Ouellette, puis aux côtés de Marie-Philip Poulin, Ann-Renée Desbiens et Sarah Nurse, le public québécois ne trépigne pas nécessairement d’impatience à l’idée de la retrouver.

Il le devrait pourtant. À 33 ans, Johnston est la vice-doyenne du groupe – seule la défenseure Jocelyne Larocque est plus âgée. Elle est aussi au sommet de son art. Elle est l’actuelle meilleure pointeuse de la tournée de l’Association des joueuses professionnelles (PWHPA, en anglais), devant Poulin. En préparation au match de lundi soir, elle s’entraînait justement dans le trio de sa capitaine en compagnie de Brianne Jenner.

Bref, la native de Sudbury, en Ontario, a tout pour être l’une des grandes vedettes de l’évènement. Et son enthousiasme est manifeste, alors qu’elle sera de la formation canadienne pour la première fois en près d’un an. Elle a d’abord mis sa carrière sur pause après les Jeux de Pékin afin de soigner une blessure au dos. Et l’automne dernier, les Flames de Calgary l’ont embauchée au sein de leur département de développement des joueurs.

Je suis vraiment fébrile, ça fait longtemps que je n’ai pas enfilé ce chandail-là.

Rebecca Johnston

Même si elle a affronté les Américaines des dizaines de fois, chacun des chocs contre ces rivales représente encore un « honneur » pour elle. « Les joueuses sont tellement bonnes, les matchs, tellement rapides… On ne s’en lasse jamais. »

Engagée dans le cycle olympique qui culminera aux Jeux de Milan et Cortina d’Ampezzo en 2026, et même si elle est encore au sommet de sa forme et qu’elle voudrait jouer « encore plusieurs années », elle sait bien qu’« il y aura une fin, évidemment ». Elle est bien consciente que l’essentiel de sa carrière est derrière elle.

« Je ne peux pas jouer pour toujours, alors je dois chérir chacun de ces moments, dit-elle. Je ne sais pas quand mon dernier match aura lieu. Je dois donc savourer chaque moment avec ces filles, avec cette équipe. »

Claire Thompson : l’étoile montante

Avec 18 joueuses sur 24 qui étaient de la formation médaillée d’or à Pékin, l’équipe canadienne attend les Américaines de pied ferme. Et quand on constate que les plus jeunes athlètes du groupe ont 24 ans, la notion de nouveaux visages est donc toute relative.

Même si elle n’est plus une recrue, Claire Thompson suscite néanmoins la fascination. À tout juste 25 ans, elle demeure l’un des bébés de l’équipe. Elle n’en est pas moins déjà une incontournable. Meilleure pointeuse chez les défenseures à Pékin et membre de l’équipe d’étoiles du tournoi, cette étoile montante attaque sa troisième saison au sein de l’équipe sénior avec confiance.

Elle explique cet aplomb par l’environnement favorable créé par « un groupe unique », au sein duquel « la différence d’âge ou l’ancienneté ne comptent pas ».

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Claire Thompson (42) lors d’un match contre la Suisse aux Jeux olympiques de Pékin, en 2022

« Chaque joueuse a de l’espace pour contribuer, toutes les opinions sont entendues », salue la Torontoise.

Thompson souligne également à quel point ses coéquipières et la direction sont compréhensives avec elle sur le plan de la logistique. Car oui, en plus de prendre part à des matchs internationaux et de participer à la tournée de la PWHPA, cette diplômée en biologie de l’Université Princeton poursuit ses études en médecine à l’Université de New York (NYU).

« Juste aujourd’hui, j’ai déjà raté trois cours ! », a-t-elle dit en riant, vendredi après-midi. Au terme d’une longue journée d’entraînement et d’activités promotionnelles à Montréal, quelques heures d’études l’attendaient à l’hôtel.

« Ma vie est vraiment très occupée, car tous les aspects de ma vie sont très exigeants, poursuit-elle. Mais j’ai le meilleur groupe de soutien sur la glace et à l’extérieur. Mes camarades de classe sont toujours prêts à m’expliquer des trucs que j’aurais ratés. Je me sens très privilégiée. »

Clair DeGeorge : la verte recrue

Clair DeGeorge l’avoue le plus franchement du monde : ça lui a pris un moment avant de cesser d’être ébahie de se retrouver sur la même glace qu’Hilary Knight, Kendall Coyne-Schofield et Amanda Kessel.

Il y a quelques mois à peine, l’Américaine de 23 ans patinait encore dans la NCAA. Elle avait certes pris part à quelques matchs de la Série de la rivalité il y a trois ans. Cette fois, elle fait toutefois partie intégrante de la cure de rajeunissement du programme sénior en vue des Jeux de 2026.

« C’est un honneur de me retrouver sur la même glace que ces filles-là, raconte cette native de l’Alaska. Ce sont de grandes leaders. Elles font tout pour que nous devenions des membres à part entière de l’équipe. Tout est plus facile comme ça. »

PHOTO FOURNIE PAR USA HOCKEY

Clair DeGeorge (7) pendant l’un des premiers matchs de la Série de la rivalité

Cette abondance de recrues crée toutefois une forte compétition interne, encore que tout le monde veuille avant tout « le bien de l’équipe », prend-elle soin de préciser.

La présente série lui permet en outre de goûter à cette fameuse rivalité qu’elle suit depuis toute petite. « En grandissant, autant les Canadiennes que les Américaines, cette rivalité-là est en nous, dit-elle. On sait que ce sera une bataille jusqu’à la fin. Et quand on rencontre les joueuses les plus expérimentées, on comprend rapidement à quel point elles ont ça à cœur. On réalise que c’est bien plus grand que nous. »

DeGeorge parle certes de ses coéquipières de renom, mais elle ne peut s’empêcher d’être impressionnée par ses adversaires. Elle mentionne sans surprise le nom de Marie-Philip Poulin.

La Québécoise, de fait, évolue dans la même équipe qu’elle dans la tournée de la PWHPA.

Évidemment, « dans les matchs internationaux, on se dit bonjour et c’est tout », souligne DeGeorge, presque gênée.

Préfère-t-elle jouer avec Poulin ou contre elle ?

« C’est une bonne question ! », rétorque la jeune joueuse en s’esclaffant. Mais sans vraiment se mouiller non plus. On a tout de même une petite idée de la réponse.