(Québec) Insatisfait des réponses fournies par les dirigeants du hockey junior concernant les allégations d’initiations violentes perpétrées au cours des dernières décennies, le gouvernement Legault accepte la demande de l’opposition de les convoquer en commission parlementaire. « On a besoin de plus d’explications », a tranché le premier ministre François Legault. La ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, affirme qu’il est temps de faire la lumière sur ce milieu qui a des pratiques toxiques.

En entrevue au 98,5 FM mercredi, le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Gilles Courteau, a réitéré qu’il n’avait jamais été mis au courant d’actes barbares comme ceux rapportés par des témoins qui se sont adressés à la Cour supérieure de l’Ontario. D’anciens joueurs ont décrit des actes qui font état de bâtons insérés dans l’anus, de mutilation génitale et de victimes humiliées en étant aspergées d’urine ou d’excréments.

Au micro de Paul Arcand, M. Courteau a reconnu qu’il avait été mis au fait d’une situation survenue par le passé où des joueurs demandaient aux recrues de mettre un biscuit dans leur anus et de courir nu. « Si des joueurs ont malheureusement subi ce genre de comportements, je les invite à les dénoncer et ils auront notre support à 100 % pour les différentes démarches qu’ils auront à prendre », a-t-il dit.

En entrevue avec La Presse, mardi, le commissaire avait affirmé que « c’est tolérance zéro chez nous. On a un code d’éthique depuis 2019, et les joueurs doivent le signer et le lire chaque année. Ils savent qu’ils sont susceptibles de sanctions quand il y a des manquements. On a aussi été les premiers à mettre en place un programme d’aide aux joueurs. »

Un climat toxique, dit Charest 

La ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, est insatisfaite des réponses fournies par Gilles Courteau et les autres responsables du hockey junior. Elle affirme qu’il existe un climat toxique dans le monde du hockey et qu’elle a des questions à poser.

« Les explications [qui ont été données] ne me rassurent pas. […] [M. Courteau] dit qu’il est au courant de certaines choses qui à mon sens sont des situations dégradantes. De dire que les jeunes doivent se promener tout nu avec des biscuits [dans l’anus], pour moi, c’est déjà un signe qu’il faut agir », a dit Mme Charest.

La ministre verrait aussi du bon œil que davantage de femmes s’impliquent au sein des ligues de hockey junior pour changer définitivement certaines pratiques.

« Ça amènerait un regard différent [et] on aurait probablement plus de filles qui joueraient au hockey. Vous voyez ces histoires-là, par rapport à la bagarre [notamment], il n’y en a pas dans les ligues de filles. Je pense que ça amènerait un renouveau, une façon de penser différente. Je suis très favorable à ce qu’il y ait plus de filles », a-t-elle dit.

Mardi, Vincent Marissal de Québec solidaire (QS) a demandé à la commission parlementaire de la culture d’accepter un mandat d’initiative pour que les responsables de la LHJMQ, de la Ligue canadienne de hockey (LCH) et de Hockey Québec expliquent les mesures mises en place pour protéger les jeunes hockeyeurs face à de potentiels abus.

Puisque les députés de la Coalition avenir Québec (CAQ) sont majoritaires sur la commission et que le premier ministre veut entendre les dirigeants de la ligue, tout indique que le mandat sera étudié.

« On va avoir une commission parlementaire. Je pense que c’est important. J’étais content de voir M. Courteau commencer à accepter enfin des entrevues. Mais là on s’attend à de l’action du côté [de la Ligue]. […] On a besoin de plus d’explications », a dit mercredi le premier ministre François Legault.