Pas besoin d’une coûteuse étude de marché pour le savoir : les chandails de Chris Wideman sont assez peu nombreux dans les gradins du Centre Bell. En fait, en avons-nous même déjà aperçu un ?

Des partisans, Wideman en a toutefois plusieurs. Ils sont assis autour de lui dans le vestiaire.

Sur la glace, l’Américain de 33 ans – c’était son anniversaire samedi – n’a pas la saison de ses rêves. Il a été laissé de côté pour 15 des 41 rencontres de son équipe. En novembre, il n’a joué que deux fois. Il n’a toujours pas marqué et a été limité à quatre mentions d’aide. Son temps de glace, inférieur à 15 minutes par rencontre, est le plus faible parmi les neuf arrières qui ont porté le bleu-blanc-rouge jusqu’ici.

Or, « derrière la scène », son impact est énorme, assure Joel Edmundson. « Il est celui qui apporte de la vie dans le vestiaire. Tu as besoin d’un gars comme lui dans toutes les équipes », a ajouté le numéro 44. À plus forte raison dans des séquences pénibles comme celle que vient de traverser le Tricolore.

« On rit avec lui et même de lui, a poursuivi Edmundson, tout sourire. Il ne craint pas de rire de lui-même. Quand ça va moins bien, il apporte du positif, il nous aide à nous concentrer. Ça fait longtemps qu’il joue chez les professionnels, et ça paraît. »

Il dit toujours qu’il n’y a pas de mauvaise journée dans cette ligue. C’est son état d’esprit.

Joel Edmundson

Il faut croire que Wideman est cohérent, car il avait essentiellement tenu le même discours quelques minutes plus tôt.

« Tout le monde a son histoire, sa carrière, a-t-il dit aux journalistes après l’entraînement matinal du Canadien. Les choses que j’ai vécues, ça a ajouté à mon expérience. Je prendrais six ou sept défaites de suite dans la LNH avant bien d’autres choses. »

« Les gens sont passionnés »

Le parcours du défenseur, rappelons-le, n’a pas été une longue ligne droite, au contraire. Après des débuts prometteurs chez les Sénateurs d’Ottawa au milieu des années 2010, il a été contraint à un long détour par la Ligue américaine et même par la KHL avant de s’entendre avec le Tricolore au cours de l’été 2021.

Plus d’une fois, il a raconté à quel point son passage en Russie avait été éprouvant. Alors le marché montréalais et l’intransigeance de ses partisans, il ne s’en formalise pas du tout. Il y voit plutôt une « responsabilité additionnelle » dont ses coéquipiers et lui doivent être conscients.

« Ça met un peu plus de pression, mais ça fait partie de la business, croit-il. Tu ne veux pas jouer pour une équipe qui s’en balance. »

A-t-il déjà fait partie d’organisations du genre ? « Oh oui ! lance-t-il en riant. Mais pas dans la LNH. »

« C’est cool de se savoir aussi suivi, reprend-il. Est-ce que c’est parfois fou ? Bien sûr. Mais les gens sont passionnés, et nous aussi. »

Quand les partisans sons frustrés de notre jeu, nous le sommes aussi.

Chris Wideman

Sur le plan personnel, Wideman aborde sa situation avec philosophie. Même s’il concède qu’il préférerait connaître une meilleure saison « statistiquement », il ne s’en fait pas avec l’utilisation qu’en fait son entraîneur. Celui-ci, d’ailleurs, a salué les « bonnes minutes » que lui donne son défenseur ces jours-ci.

« Tu veux évidemment disputer chaque match, mais au stade où j’en suis dans ma carrière, et vu [la situation] où l’équipe se trouve, je sais que je ne serai pas dans la formation chaque soir, souligne Wideman. Quand j’ai la chance de jouer, je dois travailler le plus fort possible pour avoir une autre chance. Et je dois le refaire encore après. »

Souvent condamné aux gradins, il se dit à l’aise avec l’idée de « contribuer différemment ». « Je veux aider les gars à garder le cap, à rester positifs. Je pense que je réussis à le faire assez bien. »