(Halifax) Luc Tardif a regardé de loin Hockey Canada tituber au fil d’une année 2022 minée par les scandales.

Après avoir rencontré son nouveau conseil d’administration - un groupe diversifié qui reflète mieux la composition du pays - le président de la fédération internationale de hockey sur glace croit que l’avenir est prometteur pour cette organisation gravement endommagée.

S’exprimant avant les deux derniers matchs au Championnat mondial de hockey junior, jeudi, Tardif a déclaré qu’il avait rencontré en personne le président du conseil d’administration, Hugh Fraser, et les huit administrateurs élus le mois dernier.

Il en est ressorti optimiste.

« Les personnes qui ont été nommées sont parfaitement capables de redresser la situation », a déclaré Tardif, un Québécois, lors d’une conférence de presse au Centre Scotiabank. « Nous n’avons pas à jeter le bébé (dehors) avec l’eau du bain. Il y a encore quelque chose de bon pour le hockey sur glace, mais il faut corriger.

« Je suis confiant face au nouveau conseil d’administration et au nouveau président, et nous devons leur donner une chance. »

Le précédent conseil d’administration a démissionné en octobre - le président et chef de la direction Scott Smith a quitté le même jour - à la suite de la gestion bâclée par la fédération des agressions sexuelles présumées et des millions de dollars versés en catimini aux victimes grâce à son Fonds national d’équité (FNE), qui était peu connu.

Hockey Canada a vu son financement interrompu par le gouvernement fédéral, tandis qu’un certain nombre de commanditaires ont retiré leurs dollars depuis mai, lorsqu’il a été révélé qu’une femme a allégué avoir été agressée sexuellement par huit joueurs - dont des membres de l’équipe mondiale junior de 2018 - à la suite d’un gala de la fondation à London, en Ontario, il y a quatre ans et demi.

Hockey Canada et la femme ont discrètement réglé à l’amiable une poursuite de 3,55 millions de dollars.

L’organisation a ensuite annoncé que des membres de l’équipe masculine du Championnat mondial junior de 2003 - la dernière fois que Halifax a accueilli l’évènement - faisaient l’objet d’une enquête pour agression sexuelle collective.

Aucune de ces allégations n’a été prouvée devant les tribunaux.

Lors d’une série de réunions désastreuses du Comité du patrimoine sur la Colline du Parlement, les dirigeants de Hockey Canada ont été mis sur la sellette par des députés, ce qui a mené à la démission du conseil d’administration et au départ de Smith.

Cela s’est produit avant la publication d’un examen indépendant de la gouvernance qui a formulé un certain nombre de recommandations liées au leadership, à la transparence et à la façon dont le FNÉ - alimenté par les frais d’inscription et utilisé pour payer les responsabilités non assurées, y compris les réclamations pour agression et abus sexuels - et deux autres fonds devraient être gérés.

Hockey Canada a également élaboré un « plan d’action » pour s’attaquer à la culture toxique du sport.

« La position de la FIHG sur ce qui s’est passé dans ce pays est claire », a déclaré Tardif, qui attend les résultats de plusieurs enquêtes, notamment de la police de London. « Nous suivons cela de près. »

Tardif a ajouté que le fait de déplacer le Championnat mondial junior de 2023 - en raison de la guerre en Ukraine - à Halifax et Moncton, au Nouveau-Brunswick, au lieu des plus grands marchés canadiens qui ont accueilli l’évènement avec tiédeur ces dernières années, était la bonne décision.

« Il y a un esprit », a déclaré Tardif. « On a vu que les deux communautés étaient un peu plus impliquées dans ce tournoi. On sent le tournoi partout, de Moncton à Halifax.

« C’était le meilleur remède pour le hockey canadien et le hockey international après cette année difficile. »

Dean McIntosh, vice-président des évènements et des propriétés de Hockey Canada, a déclaré que l’organisation n’était pas fixée sur l’aspect financier de ces championnats du monde juniors en raison du nombre élevé de commanditaires qui ont quitté le navire.

« Nous nous sommes vraiment concentrés sur la question de savoir comment offrir un excellent produit aux Canadiens, a-t-il dit. « Cela a été un défi en ce qui concerne nos commanditaires.

« Nous pensons que nous avons fait des progrès au cours des derniers mois. »

Tardif était du même avis.

« Il y a des dégâts, mais maintenant nous devons essayer de voir comment nous pouvons travailler », a-t-il dit.

« Nous devons leur donner une chance de changer. »

LNH et Jeux olympiques

Dans un autre ordre d’idées, Tardif souhaite qu’une décision sur la participation de la LNH aux Jeux olympiques de 2026 soit prise d’ici le printemps 2024.

« Ça nous donne deux ans pour bien nous préparer (à) cette compétition », a-t-il dit. « Je suis optimiste, mais tout le monde doit faire un effort pour être là.

« Vous devez avoir les mêmes règles que les autres athlètes. Nous ne sommes pas une agence de voyages. Nous organisons une composition. »

La LNH s’est retirée des Jeux de 2022 à Pékin en raison des préoccupations liées à la COVID-19 et n’a pas participé au plus grand rassemblement sportif au monde depuis 2014 à Sotchi, en Russie.

« Si nous discutions directement avec les joueurs - les joueurs veulent y aller - nous trouverions un moyen », a déclaré Tardif. « Mais c’est plus compliqué que ça. »

Par ailleurs, Tardif a fait savoir que la FIHG n’est pas entichée à l’idée de voir une nouvelle version de la Coupe du monde être présentée en février, à cause des répercussions sur les ligues de hockey en Europe et de la proximité avec le Championnat du monde de hockey masculin, en mai.

La LNH espérait relancer la Coupe du monde en 2024, mais l’évènement n’aura pas lieu avant l’année suivante - au plus tôt - à cause de la guerre en Ukraine du bannissement de la Russie des compétitions internationales.