(Washington) David Savard a certainement constitué une des belles histoires du début de saison du Canadien. En prenant Kaiden Guhle sous son aile, en sacrifiant son corps pour bloquer des tirs, il se dégageait l’impression que c’était lui qui tenait cette très jeune unité défensive à bout de bras. Unité qui en arrache d’ailleurs drôlement depuis que Savard s’est blessé.

« C’est une bonne personne. On a d’abord besoin de bonnes personnes et on peut ensuite penser au hockey », avait dit de lui le gardien Jake Allen après le premier match de la saison, au cours duquel Savard avait bloqué neuf tirs.

Pour Savard, le vestiaire du Canadien en est simplement un autre où sa personnalité est appréciée. À Columbus, il avait notamment agi comme grand frère pour Pierre-Luc Dubois.

PHOTO JAY LAPRETE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

David Savard a marqué un but lors de son dernier passage à Columbus avec le Canadien.

À Tampa, malgré un séjour de quelques mois, il avait suffisamment gagné l’estime de ses coéquipiers pour être le troisième joueur du Lightning à porter la Coupe Stanley lors du triomphe de 2021, après Steven Stamkos et Victor Hedman.

Les mères des joueurs du Tricolore ont été invitées à assister au dernier segment du voyage des Fêtes de l’équipe, à Washington et à Nashville.

Pendant que le Canadien se faisait poivrer par les Capitals, c’était donc l’occasion de rencontrer Céline Lamy, la mère de Savard, une des personnes lui ayant inculqué les valeurs de la vie. Une dame discrète, qui prévient d’entrée de jeu qu’elle n’est « pas habituée de donner des entrevues ! ».

« David a passé de très belles années à Columbus, raconte-t-elle à deux journalistes de Montréal. Même à Tampa, j’étais super contente pour lui, parce que le rêve de tous les joueurs, c’est la Coupe Stanley. Il a eu la chance de la gagner et plusieurs joueurs vont jouer 10, 15 ans sans la gagner. Et ensuite, il se fait offrir un contrat avec le Canadien. Tous les p’tits Québécois qui jouent au hockey rêvent de jouer pour le Canadien. »

Elle était ravie parce que son fils était maintenant un homme. Savard avait 30 ans quand il s’est entendu pour quatre saisons avec le Canadien à l’été 2021. Il avait alors quelque 600 matchs derrière la cravate, il avait vécu des triomphes, des échecs, il avait joué sous deux entraîneurs aux styles diamétralement opposés en John Tortorella et Jon Cooper.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

David Savard prend la pose avec un amateur de hockey, lors de la collecte de sang annuelle du Canadien, en octobre dernier.

Bref, Savard avait du vécu, ce qui ne peut pas nuire pour un Québécois qui évolue à la maison.

« Comme maman, je lui ai dit : David, je suis contente que t’aies 30 ans. Je lui ai dit : on a peur de vous, les médias. C’est une vie un peu cruelle. Un jour, t’es un héros. Après, des fois… », laisse-t-elle tomber.

« C’était ça que je trouvais difficile, je me demandais comment ça allait être. Mais il a 10 ans d’expérience, il a la maturité pour gérer ça, pour savoir qu’il faut en prendre et en laisser. »

Pour les autres

Céline Lamy a fait carrière dans la fonction publique. « Ministère de la Famille, Retraite Québec, Secrétariat à la condition féminine, énumère-t-elle. Donc, la situation des femmes, des personnes pauvres, j’ai toujours eu ça à cœur. »

Tout au long de l’entretien, elle répétera souvent le mot « bienveillance ». Une valeur qui semble cardinale pour elle.

« Mes parents, les parents de Gervais, son père, on avait les mêmes valeurs. On fait du mieux qu’on peut. On n’est pas à l’abri des erreurs. Mais si t’as fait de ton mieux, que t’es bienveillant envers les autres, c’est primordial. Et dans une équipe, quand chacun prend soin des autres, t’es plus fort comme équipe. »

Des valeurs qui semblent assez bien coller à la peau du colosse barbu et qui peuvent expliquer pourquoi, sans être un prétendant au trophée Norris, il a tant marqué les équipes où il est passé.

Au hockey comme dans la vie

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @CANADIENSMTL

Le groupe des mères de joueurs en voyage à Washington. Au premier rang, à gauche, Amanda Suzuki et Kelly Caufield, juste à côté.

Les numéros 14 et 22 sont indissociables chez le Canadien depuis plusieurs mois. Nick Suzuki et Cole Caufield ont en effet joué tous les matchs de la saison, sauf un, au sein du même trio. Dans la loge des mères au Capital One Arena, il était donc amusant de voir les dames portant ces gilets assises ensemble, côte à côte. En fait, tout a commencé avec les fils. Quand Nick Suzuki a réservé un vol pour sa mère, Amanda, il a acheté un billet avec un départ de Detroit, là d’où Kelly Caufield partait également. « Nick m’a appelée, il m’a demandé mon siège, et Cole a ensuite acheté le billet de Kelly et il lui a pris un siège à côté du mien, raconte Amanda Suzuki. C’était la première fois que je la rencontrais et c’était comme si je la connaissais déjà ! Elle avait plein de belles choses à dire sur Nick et moi, sur Cole. » Kelly Caufield était elle aussi reconnaissante de l’initiative, qui venait visiblement de Suzuki. « Nick a fait tout le travail, et Cole a suivi. Assure-toi de bien le raconter ! », lance-t-elle avec un sourire espiègle. Quelques minutes après la boutade de Kelly Caufield, Nick Suzuki y allait de sa manœuvre habituelle du côté droit de la zone offensive, en avantage numérique, avant de servir une passe parfaite à Cole Caufield qui n’a eu qu’à tirer dans un filet désert pour le premier but du Tricolore. Comme quoi tout est dans tout.