(Nashville) Martin St-Louis ne le dira certainement jamais comme ça. Mais les défaites de son équipe, il peut sans doute vivre avec. Tout est dans le « processus », répète-t-il constamment.

Ce qu’il n’endure pas, toutefois, c’est de voir ses hommes offrir une victoire en cadeau à l’adversaire. Comme ils l’ont fait trois fois au cours de la seule dernière semaine.

Il serait sans doute exagéré de parler de « punition » pour décrire le traitement qu’il a réservé à ses joueurs à leur retour au travail pour le début de la nouvelle année. Mais ce qu’on a vu sur la patinoire d’un anonyme centre sportif de Nashville, lundi après-midi, était à des années-lumière de l’ambiance bon enfant qui règne généralement aux entraînements du Tricolore.

Pour tout dire, ça ne riait pas beaucoup, voire pas du tout. Des exercices à haute intensité. Des batailles à un contre un en quantité. Du travail en zone restreinte. Des exercices dictés d’un ton catégorique, parfois sec, par St-Louis lui-même ou par Adam Nicholas, le spécialiste des habiletés.

Il faut jouer avec un peu plus de papier sablé. Aujourd’hui, c’est une journée de travail, pas une punition.

Martin St-Louis

St-Louis a parlé de la notion d’« imputabilité ». Celle qu’il souhaite voir ses joueurs démontrer les uns envers les autres. Afin d’éviter que ne s’active « l’effet domino » auquel il a assisté si souvent dans un passé récent ; une erreur, une bataille perdue, qui déclenche une succession d’évènements qui se conclut par un but.

« On est trop faciles à affronter, a-t-il résumé. On ne gagne pas assez de batailles. »

PHOTO NICK WASS, ASSOCIATED PRESS

Jake Allen assiste au lancer de casquettes sur la patinoire après le troisième but d’Alex Ovechkin, des Capitals de Washington, le 31 décembre dernier.

La plus récente défaite, humiliante, de 9-2 subie à Washington le 31 décembre illustre parfaitement cette assertion. Sur le septième but des Capitals, celui de Marcus Johansson, on aurait dit que le CH évoluait en désavantage numérique tellement les locaux avaient le champ libre. Il y avait pourtant bel et bien cinq patineurs de chaque côté. Les faits saillants de la rencontre montrent invariablement un défenseur montréalais soit mal positionné, soit carrément débordé.

Ce que l’œil a vu, les chiffres le confirment. Au cours des trois derniers matchs, le Canadien s’est fait dominer 20 à 5 au chapitre des buts, dont 13 à 2 à cinq contre cinq. À forces égales, il a obtenu à peine 40,5 % des tirs sur le filet et 32 % des buts attendus, selon Natural Stat Trick. C’est certainement ce que St-Louis avait en tête en parlant d’une équipe « facile à affronter ».

Correctifs

Interrogé sur les correctifs concrets que pourrait apporter immédiatement son équipe, l’entraîneur a été catégorique. Le problème « n’est même pas du côté du système de jeu ». « C’est gagner des batailles, travailler plus fort. Moi, je commence avec ça. »

« Tu peux avoir tout le plan, tous les systèmes que tu veux, a-t-il poursuivi. Mais si un gars ne fait pas sa job, le pourcentage de succès chute drastiquement. Et ça déclenche l’effet domino. »

Quoi qu’en dise leur patron, les joueurs, eux, ont ciblé certaines failles dans leurs pratiques.

Le gardien Samuel Montembeault a insisté sur l’importance d’une « meilleure communication en zone défensive ».

« Que les gars se parlent et sachent qui couvre qui, a-t-il détaillé, pour ne pas qu’on se ramasse avec quelqu’un tout seul derrière nous. »

Le Québécois n’a pas ciblé une séquence en particulier. Mais en l’entendant s’exprimer ainsi, on se rappelle instinctivement le tout premier but du match de samedi dernier. Après un revirement, Evgeny Kuznetsov et Erik Gustafsson (numéro 56, sur la photo) s’échangent la rondelle au milieu de cinq chandails blancs, sans que personne ne les importune vraiment.

IMAGE TIRÉE DU SITE DE LA LNH

Erik Gustafsson (56) a marqué le premier but du match.

On pensera aussi au quatrième but des Caps, alors qu’une confusion entre Cole Caufield, Joel Edmundson et Jordan Harris a laissé complètement libre Alexander Ovechkin, marqueur le plus dangereux de l’histoire de la LNH.

IMAGE TIRÉE DU SITE DE LA LNH

Alexander Ovechkin (en haut de l’écran) s’apprête à donner les devants 4-1 à son équipe.

« Il faut tuer les jeux plus rapidement » le long des bandes, a confirmé Nick Suzuki. « On doit être plus rapides sur les rondelles dans les coins, afficher un tempo plus élevé en défense. On travaille là-dessus. »

Ces améliorations, croit-il, auront pour effet de redonner du lustre à l’attaque, elle aussi loin d’être reluisante. Les 20 buts accordés au cours des trois derniers matchs marquent tellement l’imaginaire qu’on en oublie presque que le Canadien peine à marquer deux buts par match.

Notre jeu de transition a perdu des plumes. En tuant des jeux dans notre zone, on pourra renverser la vapeur et lancer la contre-attaque de façon nette.

Nick Suzuki

Cela étant, Suzuki n’a pas vu d’un mauvais œil l’entraînement éreintant auquel ses coéquipiers et lui venaient de se livrer. « Après une journée de congé, il fallait revenir et suer un bon coup. On doit transposer cette intensité dans le match de mardi » contre les Predators de Nashville.

Il y a, en effet, beaucoup à se faire pardonner. Les Fêtes tirent à leur fin, et avec elles la distribution des cadeaux, espère-t-on chez le Canadien.

Savard, possible renfort

David Savard a pris part à l’entraînement complet des siens, sans aucune contrainte, ce qui laisse croire qu’il pourrait revenir au jeu dès mardi soir. On saura en matinée s’il sera inséré dans la formation. Lundi, il patinait à la droite de Jordan Harris, tandis que Chris Wideman, droitier comme Savard, agissait comme réserviste. Le Québécois a raté les 13 derniers matchs de son club, qui a affiché une fiche de 3-8-2 en son absence.