(Doha) De son propre aveu, Charles Fullerton n’a jamais été un grand joueur de hockey. « J’ai cessé de jouer dans le hockey mineur à 14 ans », me raconte-t-il. Aujourd’hui, cet expatrié canadien est pourtant le meilleur compteur de la Ligue internationale de hockey du Qatar.

Quoi ? Du hockey à Doha ?

Oui. La ligue a commencé modestement, en 2003, sur une surface de jeu inadéquate. « Une glace sans bande, en forme de cercle. » La construction d’une patinoire aux dimensions réglementaires, dans la cour de restauration d’un centre commercial où coulent des répliques des canaux de Venise, a amélioré les conditions de jeu. À son apogée, la ligue comptait plus de 100 joueurs, répartis en 8 équipes, dans 2 divisions. Or, cette saison, pour plein de raisons, il ne reste que quatre clubs. La ligue est en pause forcée jusqu’à la fin de la Coupe du monde ; sa seule glace est requise pour des spectacles de patinage artistique.

La qualité du hockey s’est détériorée. Avant, j’étais un joueur de deuxième trio. Maintenant, je suis le meilleur compteur.

Charles Fullerton, expatrié canadien et meilleur compteur de la Ligue nationale de hockey du Qatar

« On a autant des gars qui savent à peine patiner que deux anciens joueurs de l’équipe nationale de la Hongrie. Il y a des pilotes d’avion, aussi. Parfois, les pilotes sont là. D’autres fois, non. Ça dépend de l’horaire de leurs vols. »

– Et les Qataris ?

– Il n’y en a pas beaucoup. Je pense qu’il n’en reste que six. L’année dernière, leur équipe nationale [les Oryx] a gagné le championnat de notre ligue. Mais depuis, leur programme s’émiette. Plusieurs joueurs se sont inscrits à l’université ou se sont trouvé un travail, et ça semblait difficile à concilier avec le hockey. »

Les Oryx ont déjà tenté leur chance sur la scène internationale. C’était avant la pandémie. Les Qataris ont affronté d’autres équipes nationales de la région, en plus de participer aux Jeux asiatiques d’hiver de 2017, où ils ont perdu 6-2 contre le Koweït, 7-2 contre le Kirghizistan et 14-2 contre les Philippines. Ça refroidit les ardeurs.

La croissance du hockey ici est freinée par plusieurs obstacles. D’abord, il n’y a que deux glaces dans tout le pays. Trouver de l’équipement est également un défi.

Aucun magasin ne vend des gants, des bâtons ou des patins. Quoi faire si une pièce d’équipement est brisée ?

« On demande à un pilote d’avion de nous rapporter ce qu’il peut trouver là où il va. Il y a aussi des gars de l’armée américaine qui peuvent se faire livrer du matériel. »

L’aiguisage des patins ?

« Il y a une machine à l’aréna. Quatre ou cinq gars en possèdent aussi une chez eux. »

Et qu’en est-il de la bière d’après-match ?

« Nous ne sommes pas censés en prendre [rires] ! Il y a un vestiaire dans le centre commercial. Avant, on se changeait là. On fermait la porte, et tant que la bière était transportée dans le sac de hockey, il n’y avait pas de problème. Mais depuis la COVID, le vestiaire est fermé… »