C’est Ben Chiarot, dans le vestiaire des Red Wings en matinée, qui expliquait à quel point le départ imminent de Carey Price avait laissé un énorme vide dans la formation du Canadien il y a un an à peine.

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Ce que Chiarot n’a pas dit, c’est que personne n’allait se mettre à oublier Price aussi rapidement.

Personne ? On exagère, sans doute, parce qu’un Price à 100 % de ses moyens, ce serait quand même pas pire, et aussi parce qu’il y a encore des partisans (pas ceux qui rêvent à Connor Bedard) qui aimeraient bien le revoir sous le masque. N’en reste pas moins que son absence n’est pas aussi désastreuse qu’on aurait pu le croire, ce qui, en soi, est assez renversant.

Autre preuve : cette victoire de 3-2 du Canadien, récoltée en tirs de barrage en ce froid mardi soir à Detroit.

Les Wings auraient sans doute dû gagner, eux qui ont lancé un total de 43 fois sur le filet montréalais, dont 16 fois dans la seule première période. Mais Jake Allen a imité la poupée des Sultans : il a fait non, non, non, non et non.

« Jake a réussi des gros arrêts, c’est en plein ce dont on avait besoin pour gagner, a expliqué David Savard en fin de soirée. Avec le jeu en désavantage numérique, c’est ça qui nous a permis de gagner le match. »

Jake nous a gardés dans le coup.

David Savard

Ce n’est pas la première fois qu’un gardien du CH rayonne de cette façon cette saison, et ce dénouement est à peu près aussi déroutant qu’un passage d’Hubert Lenoir au gala de l’ADISQ. Il faut se rappeler ici que l’été dernier, les nombreux DG du Canadien en province militaient presque tous pour une transaction impliquant Allen, afin d’ajouter des boules dans le proverbial boulier de la reconstruction.

Mais de toute évidence, Jake Allen n’a pas reçu le mémo du boulier, pas plus que son comparse Samuel Montembeault, lui aussi excellent en ce début de saison étonnant.

« Ç’a été un bon match, s’est limité à dire le vétéran Allen, pas trop intéressé à parler de lui-même. Ça n’a pas été facile parce que les Red Wings ont une très bonne équipe. Mais on a trouvé une façon de passer à travers et de l’emporter au final. »

Ce bout-là, d’ailleurs, résume assez bien la présente saison du Canadien : le club n’est pas toujours parfait, loin de là, mais il trouve une façon.

Cette fois, ce fut Allen, ce fut le jeu en désavantage numérique – les Wings ont fini le match avec une fiche de 0 en 7 en avantage numérique –, et ce fut le capitaine, Nick Suzuki, qui a réussi le but de la victoire lors des tirs de barrage.

Ce fut aussi Mike Hoffman, auteur des deux premiers buts de sa bande, qui a parfois le don de se manifester, comme ça, quand on s’y attend le moins.

« C’est toujours bien de pouvoir contribuer aux succès de l’équipe, a dit l’attaquant. C’est bien certain qu’on faisait face à beaucoup d’adversité ce soir, peut-être un peu plus que certains autres soirs… »

Mais ils ont trouvé un moyen. Encore.

Ce n’est sans doute pas la recette idéale afin de pouvoir viser les sommets un jour ou l’autre, mais dans tous les cas, en ce moment, ça fonctionne. Et ça fonctionne de la plus étonnante des façons : avec deux gardiens réservistes, qui ne se comportent plus comme des seconds.

Dans le détail

Dadonov de retour

Evgenii Dadonov aura passé les derniers jours avec des hauts et des bas : retrait de la formation, victime d’un mystérieux virus, victime d’une mystérieuse blessure, et enfin, un retour au jeu, mardi soir à Detroit. Pour lui, il s’agissait donc d’un premier match depuis celui du 27 octobre à Buffalo, après avoir raté les quatre matchs précédents. Au final, le vétéran attaquant de 33 ans aura eu une petite soirée somme toute assez tranquille, avec aucun point et aucun tir au but. Plus tôt dans la journée, il n’a pas voulu répondre quand on lui a demandé s’il avait exigé une transaction. « C’est hors de mon contrôle », avait-il offert comme seule réponse.

Savard pas de bonne humeur

David Savard a été puni en fin de deuxième période, pour avoir fait trébucher. Une décision qui n’a pas plu au vétéran défenseur, de toute évidence. Ainsi, Savard est sorti du banc des pénalités en enguirlandant au passage l’arbitre Michael Markovic. Puis, au son de la dernière sirène de la période, il a de nouveau eu une discussion animée avec ce même Markovic, qui lui a ensuite imposé une lourde pénalité de mauvaise conduite, pour les 10 premières minutes de la troisième période. Pas idéal… « Je ne vais pas vous dire ce que je lui ai dit, a noté le défenseur. C’est juste que je n’étais pas vraiment d’accord avec certaines des décisions des arbitres… »

Slafkovsky suspendu ?

Josh Anderson est sous le coup d’une suspension de deux matchs à la suite d’une mise en échec par-derrière, et Juraj Slafkovsky pourrait bien subir le même sort. Le jeune joueur a frappé Matt Luff en fin de troisième période par-derrière. Il a écopé d’une pénalité de cinq minutes pour ce coup illégal, et il devrait lui aussi recevoir sous peu un appel de la LNH à ce sujet. Martin St-Louis a déclaré qu’il ne savait pas du tout si ce geste allait ou non valoir une suspension. « Ça fait partie de son apprentissage », s’est-il limité à dire au sujet du geste du jeune attaquant.

Ils ont dit

PHOTO RICK OSENTOSKI, USA TODAY SPORTS

Jake Allen et Mike Hoffman

Il faut lever notre chapeau aux gars qui ont eu à écouler toutes ces pénalités lors de la rencontre. Ç’a été un match difficile, mais les gars ont tenu le coup.

Jake Allen

Une telle victoire comme ça, je trouve que ça démontre beaucoup de caractère. Et Jake Allen a été incroyable pour nous, comme il l’a été depuis le début de la saison.

Mike Hoffman

Personne n’est venu me voir pour me dire pourquoi j’ai écopé de cette punition de 10 minutes… Ce fut un peu de frustration de ma part, parce que je n’étais pas en accord avec les arbitres.

David Savard

Je trouve qu’on n’obtient pas beaucoup d’avantages numériques… Mais avez-vous vu la punition [mineure] à David Savard ? C’est un gars qui joue de manière honnête, qui ne tente pas des coups déloyaux. Alors je comprends un peu sa réaction…

Martin St-Louis

Propos recueillis par Richard Labbé, La Presse

En hausse : Mike hoffman

Il y a de ces soirs où Mike Hoffman a l’air d’un marqueur de premier plan. Mardi soir fut l’un de ces soirs.

En baisse : Jonathan Drouin

Ça devient de plus en plus compliqué de justifier sa présence dans la formation. Sa gaffe à la ligne bleue a mené à une échappée des Wings et, ultimement, à un tir de pénalité.

Le chiffre du match : 43

C’est le nombre de tirs des Red Wings dans la défaite.