(Winnipeg, Manitoba) Il s’en dit beaucoup sur l’importance du bon jeu défensif, de la lecture du jeu, de l’intensité et de plein de qualités requises des joueurs de la Ligue nationale.

Mais l’essence du hockey demeure de marquer plus de buts que l’adversaire. Le match de jeudi opposera deux joueurs assez doués dans l’art de la mettre dedans, pour paraphraser le dernier entraîneur à avoir amené la Coupe Stanley à Montréal.

Il s’agit de Cole Caufield, chez le Canadien, et de Kyle Connor, chez les Jets. Deux ailiers qui ont beaucoup en commun : ils sont Américains, ils ont été repêchés au premier tour et ils ont connu une brève, mais fructueuse carrière universitaire. On peut ajouter qu’ils n’auraient pas fait long feu comme joueurs de ligne offensive au football, même si Connor mesure tout de même 6 pi 1 po.

Depuis deux étés, ils partagent autre chose : la patinoire pendant leurs séances d’entraînement. Ils font en effet partie d’une poignée de surdoués qui s’entraînent en banlieue de Detroit, dans les installations du programme national de développement des États-Unis.

Auteur de 7 buts en 10 matchs, Caufield partage le 7e rang de la LNH cette saison (avant les matchs de mercredi). Depuis le 9 février, jour de l’embauche de Martin St-Louis comme entraîneur-chef du Canadien, Caufield est 5e dans la LNH avec 29 réussites en 47 matchs.

Avec un petit but en neuf matchs, Connor n’a pas exactement eu l’air d’un surdoué en octobre. Mais depuis qu’il est permanent dans la LNH, soit octobre 2017, il totalise 177 buts.

PHOTO JOHN WOODS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kyle Connor (81), des Jets de Winnipeg, déjoue Carey Price (31) lors d’un match en mars 2021.

Seulement cinq joueurs le devancent, probablement les cinq suspects que vous attendez là : Alexander Ovechkin, Auston Matthews, Leon Draisaitl, Connor McDavid et David Pastrnak.

Rapport du dépisteur

Pourquoi, donc, ne pas demander à chacun des francs-tireurs de parler de l’autre ? En commençant par la question pas malaisante du tout : qui possède le meilleur tir entre les deux ?

« Oh, je ne le sais pas !, lance Connor, amusé. C’est différent. Il prend un peu plus son élan, tandis que je crois dégainer plus rapidement. »

Un avis corroboré par Caufield.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Cole Caufield

Peu importe où Kyle reçoit la passe, le tir part immédiatement. Il peut placer la rondelle, peu importe la situation.

Cole Caufield

« Qu’elle soit près de ses pieds ou qu’il soit à bout de bras, il peut viser, explique le numéro 22 du CH. Il a aussi de la puissance, mais la rapidité à laquelle il dégaine est folle. Je sais que tout le monde dit ça, mais c’est vrai. Si le gardien réussit l’arrêt, il ne sait pas où est la rondelle, donc Kyle crée toujours une deuxième chance. »

Une compilation des 47 buts enfilés par Connor la saison dernière permet de constater ce dont Caufield parle. Dans plusieurs cas, la dégaine est instantanée.

Voyez les 47 buts de Kyle Connor la saison dernière

Une autre habileté qui ressort sur quelques buts, c’est une capacité de frapper des rondelles qui semblent bondissantes. Caufield confirme que c’est un art sur lequel lui et Connor travaillent l’été.

« Il faut attraper la rondelle en l’air avec notre bâton pour la faire tomber et tirer. Parfois, on doit rabattre une rondelle et tirer dès qu’elle est sur la glace. Il est très bon pour simplement frapper la rondelle dès qu’elle tombe. Elle ne sera pas toujours couchée parfaitement sur la patinoire, donc plus je peux contrôler mon tir sur des rondelles qui ne sont pas droites, meilleur je serai. Il le fait avec constance. »

En revanche, l’élan que se donne Caufield est pratiquement une signature qui revient pour plusieurs de ses 23 buts marqués la saison dernière. Et pour tout dire, cet élan ajoute au spectacle.

Voyez les 23 buts de Cole Caufield la saison dernière

Appréciation de Connor : « Il a plusieurs façons de dégainer. Il peut le faire en réceptionnant la passe sur son revers. Il peut tirer sur réception, il peut tirer en poussant. Il a plusieurs options. »

PHOTO JOHN WOODS, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kyle Connor

Tu n’as pas beaucoup de temps pour tirer, les défenseurs sont bons et ils arrivent vite dans ta face. Tu dois pouvoir tirer en une milliseconde, peu importe comment la rondelle arrive, et [Cole] trouve une façon de le faire la plupart du temps.

Kyle Connor

« Il a tout un tir, il est très talentueux, ajoute Connor. Il devient exactement ce qu’on attendait de lui. Il connaît un bon départ, donc on voit que c’était une question de temps. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Cole Caufield

L’avis du gardien

Ça adonne bien, car nos deux comparses s’exercent souvent en compagnie d’un certain Connor Hellebuyck, qui pourrait défendre le filet des Jets jeudi. Le gardien vient du Michigan et s’entraîne donc avec Cole Caufield et Kyle Connor. Même qu’ils sont souvent les tireurs « invités » aux entraînements spécifiques à la position de gardien que fait Hellebuyck.

Cole est très précis, et il y met beaucoup de puissance.

Connor Hellebuyck

« Je ne dirais pas qu’il a le tir le plus puissant de la ligue, mais quand tu ajoutes la précision, c’est parmi les meilleurs. Il a un bon équilibre », estime Hellebuyck.

Kyle a une dégaine plus rapide et il est plus précis.

Connor Hellebuyck

« Il est aussi très trompeur, ajoute le gardien des Jets. Son tir part vite, et il est quand même capable d’être précis. »

Ces séances avec Hellebuyck sont souvent les deuxièmes de la journée pour Caufield et Connor. Hellebuyck travaille à arrêter les tirs de haute qualité, car il veut s’améliorer « sur les jeux les plus difficiles ».

« On se demande pourquoi un gardien veut affronter de tels tirs, des tirs de près avec de hauts pourcentages de réussite !, admet Caufield. Mais il est compétitif, il est toujours en train de nous narguer, donc ça donne encore plus le goût de marquer. »

Caufield trouve toutefois son compte en affrontant un des meilleurs de la LNH.

« C’est bien de pouvoir l’affronter souvent, ça aide à comprendre ses tendances. Il n’est pas comme les autres gardiens, il est très agressif et va tenter des choses pour déstabiliser le tireur. Plus tu le connais, plus ça aide. »

Au volume de tirs qu’obtient Caufield cette saison, on saura assez rapidement, jeudi soir, si ces séances estivales lui auront servi.