Le président des Penguins de Pittsburgh, le fort coloré Brian Burke, vient de vilipender les organisations qui auraient dans l’idée de tanker, c’est-à-dire couler au classement, pour reconstruire.

« Est-ce une manière efficace de reconstruire ? Oui, absolument, si manquez totalement d’intégrité et de caractère, parce que vous vous attaquez à l’essence même du sport, a-t-il déclaré cette semaine au confrère Greg Wyshynski, d’ESPN.

Burke en a profité pour lancer une pointe à son ancienne équipe, les Maple Leafs de Toronto. « Tout le monde se frottait les mains comme des enfants à Noël lors de la loterie du repêchage, se rappelle-t-il. Ne sommes-nous pas plutôt humiliés ? N’est-ce pas le moment le plus humiliant de l’année pour un club ? J’étais mortifié… »

On peut saluer ici la noblesse de Burke, mais il importe de faire une distinction importante entre tanker et reconstruire.

Demander à un entraîneur ou à des joueurs de perdre volontairement des matchs pour hausser ses chances de remporter la loterie défierait l’honnêteté et l’éthique. Et il serait extrêmement étonnant que ça ne se soit déjà produit au sein d’une équipe de sport professionnel majeur.

Par contre, amasser les choix au repêchage et les espoirs pendant plusieurs saisons au début d’un nouveau cycle, quand vos effectifs actuels ne vous permettent même pas d’espérer une place en séries à court et moyen terme demeure de la gestion intelligente.

En juin 1999 d’ailleurs, après une saison misérable, qui avait conféré aux Canucks de Vancouver le 26e et avant-dernier rang de la LNH, Burke avait échangé aux Blackhawks de Chicago l’un de ses meilleurs défenseurs, Bryan McCabe, alors âgé de 24 ans, pour obtenir leur quatrième choix au total, et ainsi, avec deux choix dans le top cinq, se donner les moyens de repêcher les jumeaux Daniel et Henrik Sedin.

La saison suivante, en mars 2000, il allait échanger l’une de ses stars, Alexander Mogilny pour deux jeunes joueurs, Denis Pederson et Brendan Morrison, et n’allait pas retenir son grand leader Mark Messier, devenu joueur autonome.

Quelques semaines plus tôt, trois vétérans, Bill Muckalt, Dave Scatchard et Kevin Weekes étaient échangés pour le gardien Félix Potvin et des choix de deuxième et troisième ronde.

Burke n’avait pas la volonté de couler volontairement au classement, mais plutôt manœuvrée habilement à la fin d’un cycle avec un club vieillissant.

De ses dix premiers compteurs en 1999, n’en restait plus que deux, Markus Naslund et Mattias Ohlund, deux ans plus tard.

Les Canucks de Vancouver ont participé aux séries éliminatoires dix fois lors en douze ans entre 2001 et 2013. Ils ont atteint la finale en 2011. Même s’il a été le moteur de cette relance, il n’a jamais pu en profiter, puisqu’il a été congédié en 2004.

Les Coyotes de l’Arizona et les Blackhawks de Chicago ont une méthode un peu plus agressive. Ils ont arraché le cœur de leur noyau pour accumuler les choix et les espoirs.

Ils savent qu’ils n’auraient aucune chance de rivaliser éventuellement avec les meilleures équipes de la LNH en cherchant des solutions à court terme, surtout en cette ère de plafond salarial.

La mine déconfite de l’entraîneur André Tourigny, après la défaite nette de ses Coyotes au centre Bell, la semaine dernière, en disait long.

Les Blackhawks de Chicago, même en ayant échangé plusieurs éléments importants de leur équipe au cours de la morte-saison, surprennent en ce début de saison avec une fiche de 4-3.

De toute façon, les règles de la loterie ne permettent plus aux cancres de remporter le gros lot facilement. Depuis 2013, tous les clubs exclus des séries ont la chance de remporter le premier choix au total. Entre 1995 et 2012, le gagnant de la loterie ne pouvait avancer de plus de quatre rangs.

En 2000, par exemple, le dernier club au classement détenait 25 % de chances de gagner la loterie, contre 18 % aujourd’hui, mais comme les autres formations classées entre le 6e et le 15e rang n’avaient pas espoir de mettre la main sur le premier choix même en remportant la loterie (quatre rangs maximum), l’équipe de dernière place avait encore plus de probabilités de repêcher premier.

Tant mieux si le hasard permet d’obtenir un haut choix. Les Crosby, McDavid, Matthews et MacKinnon ne poussent pas aux arbres, après tout.

Le Canadien est en reconstruction. Jeff Gorton et Kent Hughes ne l’ont pas caché. Ben Chiarot et Tyler Toffoli ont été échangés pour des espoirs et des choix. On a fait de la place aux jeunes en défense au lieu d’acquérir des vétérans. On implore la patience et on acceptera une ou deux autres saisons difficiles. Mais on ne veut pas couler volontairement au classement. Voilà une reconstruction saine et honorable.

Des changements de trios profitables

Le trio composé des vétérans Christian Dvorak, Brendan Gallagher et Evgeni Dadonov a enfin été démantelé par Martin St-Louis, mardi soir à Buffalo. Ces trois joueurs ne manquaient pas d’intelligence ni d’expérience, mais le manque de vitesse des trois réunis paralysait ce trio. Les trois avaient un point au total depuis le début de la saison, un but de Gallagher.

L’entraîneur du Canadien a muté Dadonov au sein du quatrième trio et placé un attaquant rapide, dynamique et robuste, Josh Anderson, avec Dvorak et Gallagher. Les résultats n’ont pas tardé. Ils ont constitué le trio le plus menaçant offensivement avec deux des trois buts de l’équipe, ceux de Gallagher et Anderson. Dvorak a aussi obtenu son premier point de la saison.

Le pauvre Dadonov, accueilli des Golden Knights de Vegas afin de se débarrasser du salaire de Shea Weber, rappelle de plus en plus Alexander Semin et Ales Hemsky à leur courte expérience à Montréal. De belles carrières offensives, mais au bout du rouleau dans la trentaine. Dadonov a encore été blanchi. Il est le seul attaquant du CH à avoir disputé huit matchs sans obtenir le moindre point. Il a joué 11 : 55 mardi, le plus faible total de l’équipe. Écopera-t-il au retour de Joel Armia et Juraj Slafkovsky ? La décision semble logique.

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