Brady Tkachuk doit déjà implorer le calme à Ottawa. Après seulement deux défaites.

Les Sénateurs n’ont pourtant pas été démolis. Ils ont perdu 4-1 contre les Sabres, avec deux buts dans un filet désert lors de la dernière minute, et 3-2 aux mains des Maple Leafs de Toronto.

Mais l’appel à la patience de Tkachuk illustre bien le décuplement des attentes dans la capitale nationale depuis les acquisitions de cet été et leur très bonne fin de saison dernière.

Les Sénateurs ont désormais un très bon deuxième trio avec l’arrivée de Claude Giroux et Alex DeBrincat. Jake Sanderson, 20 ans, amène plus de profondeur en défense. Mais on ne devient pas un club dominant du jour au lendemain.

Ce club a raté les séries par 27 points et terminé au 26e rang du classement général. Seuls Chicago, New Jersey, Philadelphie, Seattle, Arizona et Montréal ont fait pire.

Ottawa sera sans doute supérieur cet hiver, et devrait lutter pour une place en séries éliminatoires, peut-être même y accéder. Mais il faut apprendre à marcher avant de courir. Cette équipe a raté les séries lors des cinq saisons précédentes et terminé 26e ou pire lors de quatre de ces cinq années.

L’attaque demeure leur force, avec l’émergence de Tkachuk, Stützle, Norris et Batherson. Giroux amène de l’expérience et du talent, mais à 34 ans, bientôt 35, il n’est plus l’attaquant dominant de jadis.

Shane Pinto permet à l’équipe de compter sur un solide troisième centre, mais, flanqué de Mathieu Joseph et Tyler Motte, au mieux un joueur de 20 points par saison, les Sénateurs peuvent-ils vraiment rivaliser avec les meilleurs troisièmes trios de la Ligue ? Le quatrième trio, composé des rugueux Mark Kastelic, Parker Kelly et Auston Watson ne représentent aucune menace offensive.

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Shane Pinto

La défense est évidemment supérieure à celle de la saison précédente. Malgré ses 20 ans, Sanderson, cinquième choix au total en 2020, joue déjà 20 minutes par match. Erik Brannstrom semble enfin éclore. Artem Zub a surpris la totalité des observateurs à la droite de Thomas Chabot l’an dernier. Malgré sa robustesse et ses belles qualités défensives, est-il pour autant un défenseur de première paire d’une équipe dominante ? Travis Hamonic appartient-il encore à un top quatre ?

À 29 ans, le gardien Anton Forsberg semble enfin s’être établi dans la LNH, après avoir été ballotté entre la Ligue américaine depuis 2014 dans l’organisation des Blue Jackets, des Blackhawks et des Hurricanes. Et il a été solide lors des deux premiers matchs de la saison. Mais il ne devrait pas aspirer à l’élite de la LNH cet hiver. Cam Talbot, 35 ans, a changé d’équipe quatre fois depuis 2019. Il est déjà sur la liste des blessés.

L’exercice actuel ne vise pas à diminuer les Sénateurs, dont l’avenir demeure prometteur. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, comme dirait la bonne vieille expression québécoise.

D’ailleurs parmi les cinq premières équipes au classement général l’an dernier, aucune n’avait raté les séries lors des deux saisons précédentes. Et au sein du top dix, seuls les Flames et les Rangers ont raté les séries un an plus tôt, mais y avaient participé en 2020.

Il n’y a donc aucune raison de déchirer sa chemise après deux défaites serrées pour ouvrir la saison. La leçon s’applique aussi à la direction.

Pierre Dorion a cédé son septième choix au total et son premier choix de la deuxième ronde (39e au total) en 2022 pour Alex DeBrincat (en plus d’un choix de troisième ronde en 2024). Rien à redire, DeBrincat a seulement 24 ans et vient de marquer 41 buts.

Mais il ne faudra pas céder à la tentation de sacrifier d’autres choix de première ronde ou de bons espoirs pour du renfort à court terme si les choses ne se déroulent pas comme on l’espère cet hiver.

Les équipes en reconstruction trop pressées de gagner sont souvent celles qui tournent en rond. Jusqu’ici, le plan des Sénateurs fonctionne bien. Il ne faudrait pas gâcher ce beau travail de relance.

La blessure de Matt Murray, une bénédiction ?

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Matt Murray

Il faut vraiment mal gérer le plafond salarial pour en arriver là. Ainsi donc, la blessure au gardien numéro un, Matt Murray, pourrait constituer une bénédiction, écrit Michael Traikos, du National Post. Elle permettra de voir ce que le jeune auxiliaire, Ilya Samsonov, a dans le ventre, et permet aussi aux Leafs de rappeler le jeune attaquant Nick Robertson des mineures. Il avait été renvoyé dans la Ligue américaine malgré un brillant camp d’entraînement en raison des contraintes salariales des Leafs.

La blessure subie par Murray, absent pour au moins quatre semaines, ramène aussi les doutes quant à la pertinence de son acquisition. L’ancien gardien des Penguins et des Sénateurs, payé en moyenne 6,2 millions par saison pour cette année et la suivante, passe autant de temps à l’infirmerie que sur la glace depuis le début de sa carrière. Il n’a jamais disputé plus de 38 matchs lors des trois saisons précédentes et brisé la marque des ,900 de taux d’arrêts une seule fois depuis 2019.

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